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LE SOLEIL (DAKAR) • Ne dites plus "Sarko l'antiafricain"

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LE SOLEIL (DAKAR) • Ne dites plus "Sarko l'antiafricain"

Dans son premier discours en tant que président élu, Nicolas Sarkozy a promis d'aider l'Afrique. Le quotidien Le Soleil de Dakar a entendu le message. Le candidat de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), Nicolas Sarkozy, sera le prochain locataire du palais de l'Elysée. Tel est le choix des Français qui l'ont élu face à Ségolène Royal, la prétendante du Parti socialiste (PS), à l'issue du second tour d'une présidentielle hexagonale très suivie sur le continent noir.

Nicolas Sarkozy "passe" président en France, mais son image ne passe pas encore dans beaucoup de parties du continent africain. En effet, son expression d'une vision paternaliste et ethnocentrique, parfois de type raciste, dans ses discours, l'éloigne de bon nombre d'Africains. D'abord, des élites noires, qui dénoncent son "nombrilisme" ; ensuite, des masses populaires africaines, qui le considèrent comme le ténor d'une France mythique, perpétuellement et héroïquement retranchée derrière ses barricades, opposant sans cesse un refus crispé au continent noir.

Nicolas Sarkozy doit refuser d'apparaître sous les dehors d'un antiafricain. La rhétorique subtile de la discrimination et de la dépréciation des autres qu'on lui colle, alors qu'il était candidat à la présidentielle, doit s'apaiser progressivement. Elu président de la République, on l'invite à faire sa "mue", en commençant par méditer profondément sur ce que le président Léopold Sédar Senghor avait appelé "une vision de ce que l'Afrique devrait être pour la France et de ce que la France pourrait faire pour l'Afrique". La reconquête de la "place de choix" que l'Hexagone est en train de perdre sur le continent noir est à ce prix.

Bon nombre d'Africains ont déjà stigmatisé la politique migratoire restrictive adoptée par la France dans les années 1990. Les Africains, subissant des files d'attente humiliantes et interminables devant les consulats, ont le sentiment d'être traités comme du "bétail". Ils ont été particulièrement heurtés par les lois Pasqua, adoptées en 1993 et jamais remises en cause depuis. Ces législations obligent les étudiants à signer un formulaire les engageant à quitter le territoire français immédiatement après l'obtention de leurs diplômes. Les récentes mesures préconisées par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, viennent encore renforcer le ressentiment.

Le nouveau président français ne doit pas ignorer l'émergence de véritables puissances africaines dans les domaines économique et diplomatique : l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Nigeria, l'Algérie, le Sénégal, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. On doit l'aider à vaincre la tentation qui consiste à faire du sous-développement de l'Afrique une question purement interne et à l'expliquer par la prétendue incapacité de celle-là à prendre en main ses propres affaires. Qu'il ne pense pas que l'Afrique a besoin de la France comme sauveur. Pas du tout ! Ce serait, pour Nicolas Sarkozy, une impardonnable faute politique.

Seulement, les Africains appellent à une relation équilibrée avec la France, mais aussi à une diversification des partenaires économiques (Chine, Etats-Unis, Japon, Canada, etc.). Vu le long compagnonnage entre Français et Noirs d'Afrique, les sacrifices qu'ils ont ensemble consentis, on ne voudrait pas, un jour, dire ceci : "Sarkozy Go Home ! Bush Welcome !" Mais on souhaiterait vivement voir se développer "une stratégie concertée, fondée sur des intérêts bien compris de la France et de notre continent". Dirigeant de la cinquième nation du monde, Nicolas Sarkozy ne peut pas ignorer que "le portrait-robot de l'Afrique dans dix ans ne sera ni français ni anglais : il sera africain".

Il l'a si bien compris qu'il a lancé, juste après son élection, un appel "fraternel" à tous les Africains pour "décider ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse". Selon lui, le temps est venu de bâtir ensemble une union méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique. Aussi s'est-il engagé à aider l'Afrique pour vaincre la maladie, la famine, la pauvreté et pour vivre en paix. Que l'on ne dise plus, sur le continent, "Sarko, l'antiafricain".

Cheikh Aliou Amath - Le Soleil

 



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