MAOULOUD PRESIDENTIEL A TOMBOUCTOU - Kadhafi en vedette : Wade derrière la scène

Célébration de la naissance du Prophète : Kadhafi zappe Wade à Tombouctou

Envoyé spéciaL à Tombouctou : A Dakar, lors de la fête de l’Indépendance, les deux compères avaient animé les débats. Une semaine après, à Tombouctou, les choses ont changé et le président sénégalais a vu sa côte tomber plus bas que celle d’un activiste politique-religieux américain. Kadhafi, unique superstar de la manifestation, a ravalé Me Wade au rang de simple spectateur d’une cérémonie plus politique que religieuse.

Le Président Abdoulaye Wade a dû ressentir le même degré de frustration qu’il a fait éprouver à ses homologues Omar Bongo du Gabon, Dennis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, Joao B. Vieyra de Guinée-Bissau et Pedro Pires de la République du Cap-Vert, lors de la célébration de la fête de l’Indépendance, le 4 avril dernier. Avant-hier nuit, lors de la commémoration de la naissance du Prophète Mohamed (Psl), à Tombouctou, au Mali, il s’est retrouvé à son tour relégué au second rang des invités, margi-nalisé au bénéfice unique du Guide de la révolution libyenne, Mouamar El Kadhafi. Là, contrairement à Dakar, Me Wade a été privé de parole et n’a même pas eu l’honneur d’être présenté au public qui avait fait le déplacement au Stade municipal de Tombouctou. Il s’est fait, à l’occasion, ravir la vedette par le leader des musulmans noirs des Etats-Unis, le ‘Révérend’ Louis Farrakhan, chef de The Nation of Islam. Ce dernier, au moins, a reçu des ovations du public, quand il s’est levé à l’appel de son nom.

C’est d’ailleurs toute la délégation officielle sénégalaise qui a été marginalisée de la même manière. Il était frappant, pour les observateurs sénégalais, de voir le célèbre marabout de la confrérie mouride, Serigne Modou Kara, réduit à Tombouctou à la dimension d’un simple «talibé». Ni lui, ni des personnages aussi importants au Sénégal, que le président de l’Agence nationale de l’Oci (Anoci) Karim Wade, et son directeur-général Abdoulaye Baldé, n’ont eu droit à un siège et ont dû s’asseoir à même le sol poussiéreux du stade municipal. Ils étaient noyés dans la masse des anonymes. Au même titres que les innombrables petits chefs religieux dont la délégation présidentielle était composée.

Le chef de l’Etat avait fait le voyage de Tombouctou, à l’invitation de son homologue Amadou Toumani Touré (Att), que Kadhafi avait convaincu de réunir dans cette localité chargée d’histoire pour l’Islam aussi bien que pour le rayonnement de l’Afrique, de nombreux dirigeants de la sous-région. A côté de Me Wade, il y avait le Président Mamadou Tanja du Niger, le chef de l’Etat mauritanien Ely Ould Mohamed Vall, et l’ancien dirigeant nigérian le général en retraite, Mohamadou Abdoul Salami.

Il s’agissait, selon les paroles du Guide libyen, de commémorer, au nom de toutes les populations des pays du Sahel et du Sahara, la naissance du Prophète dans une ville dont le rayonnement, dès le XXIIe siècle, était déjà grand. Tombouctou, déclarée «capitale de l’Islam en 2006», a abrité une université dont la renommée était, à l’époque, aussi grande, sinon plus, que celle de la Sorbonne, à Paris.

Au moment où la religion musulmane fait l’objet d’attaques de plusieurs formes de la part de ses ennemis, le rendez-vous de Tombouctou é-tait, pour Mouammar El Kadhafi, une manière de rappeler que la religion musulmane, aussi tolérante et ouverte qu’elle soit, n’allait pas accepter de se laisser fouler aux pieds, parce qu’elle était un facteur de rassemblement et de développement des peuples. Illustrant par l’exemple des caricatures faites en Europe du Prophète, le dirigeant libyen déclarera que les musulmans vénèrent les Prophètes Jésus et Moïse au même titre que le Sceau des prophètes, et ne se permettraient pas de leur manquer de respect. Que des chrétiens donc, en viennent à manquer de respect à Mohamed (Psl), revient à manquer également de respect à ceux qu’ils vénèrent.