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Najat Vallaud- Belkacem, la nouvelle Rama Yade ?

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Najat Vallaud- Belkacem, la nouvelle Rama Yade ?

Alors que Manuel Valls perd 12 points dans les sondages, Najat Vallaud-Belkacem devient la ministre la plus populaire du gouvernement. Mais sa chute pourrait être aussi brutale que son ascension a été fulgurante. L'analyse de Thomas Guénolé.

 

Alors que Manuel Valls dévisse de 12 points dans les sondages, Najat Vallaud-Belkacem est la ministre la plus populaire du gouvernement. Comment expliquez-vous ce succès inattendu?

Thomas Guénolé: Ce changement de classement tient beaucoup plus à une chute de Manuel Valls qu'à une hausse de la cote de Najat Vallaud-Belkacem. Donc, plutôt que de succès inattendu pour elle, il faudrait parler de coup dur pour lui: un coup dur qui était prévisible, au même titre que les revers de fortune en Bourse d'une bulle spéculative.

Ce sondage reflète-t-il réellement son poids politique ou s'agit-il d'un effet d'optique médiatique?

Tout dépend de ce qu'on entend par «poids politique». S'il s'agit de la notoriété, de la popularité et de l'exposition médiatique, le poids politique de Najat Vallaud-Belkacem est réel, parce qu'elle cumule trois choses. Primo, elle incarne aux yeux de l'opinion publique une «minorité visible», pour reprendre la terminologie américaine, qui réussit sa carrière: c'est une popularité du type de celle de Yannick Noah. Deuzio, elle est porte-parole du gouvernement, l'un des postes les plus exposés tous médias confondus: à cela s'ajoute qu'elle est objectivement télégénique. Tertio, elle incarne une ligne politique très porteuse dans l'opinion publique: l'activisme politique contre la ségrégation faite aux femmes. À ce titre, son projet de loi sur l'égalité hommes-femmes, qui reprend la logique américaine d'affirmative action avec un panel très complet de réformes, est un des textes importants du quinquennat de François Hollande. Dans l'appareil du PS stricto sensu, en revanche, le poids politique de Najat Vallaud-Belkacem est inexistant, puisqu'elle n'est ni lieutenante du chef de file d'un grand courant, ni elle-même à la tête d'un tel grand courant.

A son arrivée au gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait été comparée à Rama Yade en raison de son parcours, de sa jeunesse et de ses origines. La comparaison s'arrête-t-elle là où ont-elles des points communs politiques?

Najat Vallaud-Belkacem et Rama Yade ont effectivement de nombreux points communs, à tel point que c'en est même frappant. Toutes deux sont des femmes trentenaires. Toutes deux sont des Françaises nées dans d'anciennes colonies: l'une au Maroc, l'autre au Sénégal. Toutes deux ont épousé un énarque de la même génération qu'elles. Toutes deux ont réussi à intégrer Sciences Po, à une époque où l'entrée était dix fois plus sélective qu'aujourd'hui, et alors que leur milieu d'origine ne les y prédisposait pas. De fait, toutes deux ont réussi d'abord au mérite. Toutes deux doivent néanmoins une partie de leur ascension à la volonté d'une grande figure de leur parti de mettre en avant des «minorités visibles»: Nicolas Sarkozy pour l'une, Ségolène Royal pour l'autre. Toutes deux ont une implantation locale très fragile: l'une francilienne, l'autre lyonnaise. Toutes deux ont remarquablement intégré les codes de la communication en contexte de médias de masse à flux continu ; toutes deux sont très télégéniques. Toutes deux sont détestées dans des proportions ahurissantes par nombre de cadres de leur propre parti, principalement parce qu'elles ont réussi plus vite et plus brillamment. Il y a cependant de grandes différences entre leurs profils ministériels. Rama Yade, sous Nicolas Sarkozy, a avant tout incarné un message politique: l'intransigeance sur les droits de l'Homme. Najat Vallaud-Belkacem, elle, va être en mesure de mettre en avant un bilan de réformes sur l'égalité hommes-femmes. Rama Yade assumait une singularité, une dissonance, dans l'attelage gouvernemental de la droite. Najat Vallaud-Belkacem, elle, joue au contraire un rôle de visage du gouvernement en tant que porte-parole.

Rama Yade avait également connu une forte popularité qui ne s'est jamais traduite sur le plan électoral. La carrière de Najat Vallaud-Belkacem risque-t-elle également d'être sacrifiée sur l'autel médiatique?

Oui. Aujourd'hui, sa trajectoire nationale est protégée par François Hollande. Demain, si la gauche perd les élections générales de 2017, Najat Vallaud-Belkacem n'aura plus ce soutien de poids pour poursuivre cette trajectoire. Or, dans cette hypothèse, elle peut compter sur les jeux d'appareil pour l'empêcher, elle, tout particulièrement elle, de rester parmi les têtes d'affiche. Car c'est une loi déprimante mais très fiable de la vie politique: quiconque a réussi plus vite et plus brillamment subit, à la moindre faille attaquable, un violent retour de manivelle de la part de tous les cadres du parti qui jalousent sa réussite.

Comment Najat Vallaud-Belkacem peut-elle transformer sa popularité en influence politique réelle?

A court terme, cela dépend de son bilan de réformes pour lutter contre la ségrégation faite aux femmes: tout succès sur ce front accroîtra son poids politique potentiel. Au reste, il faut souligner que les survivances de l'âge d'or du think-tank Terra Nova, au temps de feu Olivier Ferrand, sont aujourd'hui dans son cabinet ministériel: on y trouve notamment Romain Prudent, ancien secrétaire général de Terra Nova. Najat Vallaud-Belkacem a donc a priori une équipe capable de produire des réformes consistantes sur le fond.

A moyen terme, cela dépend de son point de chute sur le terrain en cas de défaite de la gauche aux élections générales de 2017: à cet égard, il sera crucial pour elle ne pas oublier de s'assurer un mandat, par exemple régional ou sénatorial, dans l'hypothèse où la gauche perdrait. Si elle ne s'en soucie pas, alors, toujours si la gauche perd 2017, elle pourra vite compter sur le retour en force des jeux d'appareil pour l'empêcher de retrouver des débouchés de carrière politique.

Enfin, à long terme, dans tous les cas, sans doute devrait-elle se préparer pour la primaire socialiste de l'après-Hollande. En termes générationnels, c'est à cette occasion qu'elle peut prendre date pour l'avenir. Après tout, du point de vue féministe qu'elle-même défend, la France attend toujours sa première présidente de la République.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Nadjadte

    En Février, 2014 (12:28 PM)
    savez vous que cette femme s'appelle en réalité: claudine dupont,

    on dirait qu'elle a honte de son nom français??????????????????????????????
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  2. Auteur

    Auvergnat

    En Février, 2014 (15:13 PM)
    Rama a pactisé avec une clique de racistes qui faisaient des blagues sur les "auvergnats", réclamaient des tests ADN pour le regroupement familial, (pain au chocolat/Ramadan)
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