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Obama face à la "crise humanitaire" des mineurs clandestins au Texas

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Obama face à la "crise humanitaire" des mineurs clandestins au Texas

Jugée trop laxiste par les républicains, la politique d’immigration du président américain est accusée d’être à l’origine de l’afflux massif de mineurs à la frontière Sud des États-Unis. De leur côté, les ONG dénoncent l’incurie des pouvoirs publics.

 

La vague migratoire est telle qu’aux États-Unis, on parle désormais d’une "crise" humanitaire. Depuis octobre 2013, quelque 57 000 mineurs venus d’Amérique centrale ont tenté de se rendre clandestinement sur le sol américain par le Mexique. L'immense majorité d'entre eux viennent du Guatemala, du Honduras et du Salvador, où la violence et la pauvreté les poussent à tenter seuls l’aventure (voir encadré en bas de page). Et le chiffre semble augmenter de jour en jour. "Leur nombre a plus que doublé par rapport à l'année précédente", a constaté, mercredi 9 juillet, Gil Kerlikowske, directeur de l'agence fédérale américaine des douanes et des frontières (US Customs and Border Protection).

 

Comment expliquer pareil afflux ? "En Amérique centrale, [ces mineurs] ont l’impression qu’ils peuvent être accueillis et qu’ils peuvent obtenir un statut, parce qu’il y a un programme qui a été initié par l’administration Obama, il y a deux ans, pour des mineurs déjà aux États-Unis, explique à RFI James Cohen, professeur au département du monde anglophone à l’université Paris-III. Mais ceux qui arrivent maintenant, non accompagnés, ne peuvent pas bénéficier de ce programme. Donc, il y a de fausses rumeurs qui circulent en Amérique centrale, et il y a apparemment des réseaux qui en profitent, en prenant de l’argent aux familles, pour assurer soi-disant l’arrivée de ces enfants."

 

Les républicains pointent le laxisme d’Obama

 

Aussi, depuis jours, les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, font-ils porter à Barack Obama la responsabilité de cette arrivée massive de clandestins mineurs. "Apparemment, on ne se passe le mot qu'une fois appréhendé par les agents à la frontière, grâce au laxisme de cette administration, on ne sera jamais expulsé", a accusé ainsi le représentant républicain Bob Goodlatte.

 

De fait, la loi américaine stipule qu’avant d’être soumis à une procédure d’expulsion, toute personne venant d’un pays non-frontalier des États-Unis doit être pris en charge par les services fédéraux de la Santé. Face à la saturation actuelle des centres de détention et des tribunaux, le gouverneur républicain du Texas, Rick Perry, estime que "la bonne décision" serait d'expulser "immédiatement" ces enfants : "Leur permettre de rester ne fera qu'encourager le prochain groupe à entreprendre ce très dangereux voyage".

 

De leur côté, plusieurs ONG ont déposé, mercredi, une plainte en nom collectif contre les États-Unis à qui elles reprochent de ne pas fournir d'avocats aux mineurs clandestins menacés d’expulsion. "Chaque année, le gouvernement initie des procédures contre des milliers d'enfants [...]. Beaucoup ont fui la violence et les persécutions dans leur pays d'origine", écrit le groupe dans un communiqué. Avant de poursuivre : "L'administration Obama a même qualifié un afflux d'enfants qui traversent la frontière par le sud du pays 'de problème humanitaire'. Pourtant, des milliers d'enfants qui doivent se présenter devant les tribunaux chaque année le font sans avocat. Cette plainte veut remédier à cette pratique inacceptable."

 

Obama réclame 3,7 milliards de dollars

 

Pressé de toutes parts, le président américain s’est rendu mercredi à Dallas, au Texas, où il a exhorté les parents d'Amérique centrale à s'abstenir d'envoyer leurs enfants illégalement aux États-Unis. "Les parents doivent savoir que c'est un périple extrêmement dangereux et qu'il est très peu probable que leurs enfants soient autorisés à rester", a-t-il indiqué.

 

Pour la presse locale, cet avertissement émis depuis la métropole texane reste toutefois insuffisant. “En se rendant à Dallas plutôt que sur les rives du Rio Grande mercredi, Obama a manqué l’occasion de centrer l’attention de l’opinion publique sur cette crise, déplore 'The Dallas Morning News'. À la manière d’un chef d’État qui vient constater sur place les dégâts provoqués par le passage d’un ouragan, le président aurait pu alerter la nation toute entière sur ce problème. C’est ainsi que les dirigeants font montre de leur leadership."

 

Argument politique

 

Un déplacement sur les lieux aurait eu d’autant plus de répercussions que Barack Obama réclame des moyens supplémentaires pour l’accueil des sans-papiers. Mercredi, après s’être adressé aux parents de clandestins potentiels, le locataire de la Maison Blanche a exhorté les membres du Congrès récalcitrants à approuver rapidement une enveloppe d'urgence de 3,7 milliards de dollars destinée à augmenter les capacités d'arrestation, à accélérer les expulsions d'adultes et à renforcer les services aux réfugiés mineurs non accompagnés. Le Congrès "s'intéresse-t-il plus à la politique politicienne ou à la résolution de problèmes ? Si sa préférence va à la politique, alors le problème ne pourra pas être résolu", a prévenu le président, passablement agacé par l’inflexibilité des parlementaires républicains en matière d’immigration.

 

Crise humanitaire, l’afflux des mineurs à la frontière Sud des États-Unis est surtout devenu un argument politique dans le débat très sensible de la réforme de l’immigration. Cheval de bataille du président, ce projet de loi vise à mettre en place un système de régulation pour les 12 millions de sans-papiers vivant dans le pays. À la fin juin, les républicains ont indiqué qu’ils ne voteraient pas ce texte avant la fin de l’année 2014. Depuis, Barack Obama a laissé entendre qu’il contournerait le Congrès en légiférant par décret.

 

"Un autre moyen de démontrer son leadership est d’être capable de travailler avec l’opposition, écrit "The Dallas Morning News". Obama assure que les républicains ne lui laissent guère le choix. Ces derniers répondent que le président ne veut faire appliquer que les lois qui lui tiennent à cœur. Ainsi en va-t-il aux États-Unis, chaque camp essaie de gagner des points mais, pendant ce temps, les vrais solutions aux problèmes finissent par se perdre."

 

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Les enfants du Honduras, victimes de plus en plus jeunes des cartels

 

La grande majorité des mineurs clandestins ayant afflué depuis octobre 2013 à la frontière Sud des États-Unis viennent du Guatemala, du Salvador et du Honduras, trois pays en proie à l’ultra-violence des cartels, qui tentent de recruter des enfants de plus en plus jeunes.

 

Selon le "New York Times", c’est au Honduras que les mineurs sont le plus exposés à la fureur des gangs. "Trente-deux d’entre eux y ont été assassinés en juin, portant le nombre d’enfants tués à 409 depuis le mois de janvier", détaille le quotidien, citant une ONG hondurienne.

 

L’augmentation de meurtres commis sur les mineurs semble exponentielle. En 2012, le nombre de victimes âgés de 10 à 14 ans avait atteint la barre des 80, contre 41 quatre ans auparavant. L’an passé, 1 013 jeunes de moins de 23 ans ont été tués dans un pays comptant 8 millions d’habitants.



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