La journaliste américaine Jill Carroll, retenue en otage depuis près de trois mois en Irak, a été libérée jeudi. La jeune femme est apparemment en bonne santé.
La journaliste indépendante, qui travaillait pour le 'Christian Science Monitor', avait été enlevée le 7 janvier dans le quartier d'Al-Adel, dans l'ouest de la capitale irakienne, l'un des plus dangereux, alors qu'elle allait interviewer le responsable sunnite Adnan al-Doulaimi. Elle avait été prise en otage lors d'une sanglante embuscade qui avait coûté la vie à son traducteur.
Son enlèvement avait été revendiqué par un groupe se faisant appeler 'les Brigades de la vengeance'. Ses ravisseurs exigeaient la libération de toutes les femmes détenues en Irak avant le 26 février. Ils avaient menacé de l'exécuter si leurs revendications n'étaient pas satisfaites. 'J'ai été bien traitée, mais je ne sais pas pourquoi j'ai été enlevée', a déclaré la journaliste âgée de 28 ans dans un bref entretien à la télévision de Bagdad. La jeune femme portait un foulard vert, une robe grise, et semblait bien se porter. 'Il est bien évident que je veux être avec ma famille', a-t-elle confié. 'Tout ce que je peux dire maintenant, c'est que je suis heureuse d'être libre. Je suis heureuse d'être libre !' Selon la traduction en arabe de ses propos, Jill Carroll a expliqué qu'elle avait été autorisée une fois à regarder la télévision et à lire un journal. La journaliste pouvait simplement se déplacer de sa chambre à la salle de bains. 'J'étais bien nourrie. Je pouvais prendre des douches, aller aux toilettes quand je le voulais (...) je n'ai jamais été frappée, ni même menacée.'
Le lieutenant de police Falah al-Mohammedaoui a précisé que l'otage américaine avait été libérée près d'un bureau du Parti islamique d'Irak à Amiriya, dans l'ouest de Bagdad, par un groupe inconnu. Elle a ensuite été confiée aux autorités américaines.
Aucune rançon n'a été versée, a affirmé à la presse l'ambassadeur des Etats-Unis en Irak Zalmay Khalilzad. Personne 'n'a passé d'arrangements avec qui que ce soit', a-t-il assuré en soulignant qu'il faisait référence à la mission diplomatique américaine. Selon lui, Jill Carroll a été libérée vers 13 heures locales. La direction du 'Christian Science Monitor' a également démenti tout paiement d'une rançon.
En déplacement à Berlin, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a fait part de sa satisfaction, se déclarant 'heureuse' d'apprendre sa libération.
'Elle a été libérée ce matin. Elle a parlé avec son père et va bien', a expliqué à Washington un responsable du 'Christian Science Monitor', David Cook, qui a dit avoir appris la nouvelle vers 11h15 Gmt. Le père de la jeune femme, Jim Carroll, a remercié 'tous ceux qui l'avaient soutenue et prié pour elle'.
La journaliste avait été vue pour la dernière fois sur une vidéo diffusée le 9 février. Mercredi soir, sa sœur jumelle, Katie, avait appelé à sa libération dans un communiqué lu sur la chaîne Al-Arabiya. 'Je vis un cauchemar, ne sachant si elle est blessée ou malade', disait-elle.
Dans un communiqué, Reporters sans frontières (Rsf) a fait part de son 'immense soulagement', remerciant 'ceux qui se sont mobilisés pour la jeune journaliste à travers le monde, notamment les médias arabes'.
L'organisation assure qu'elle continuera à 'tout mettre en œuvre pour assurer la libération des trois reporters irakiens Rim Zeid, Marouane Khazaal et Ali Abdullah Fayad, toujours en captivité'. Dénonçant des 'violences ciblées' qui 'mettent en péril l'existence d'une information indépendante en Irak', Rsf rappelle qu'à ce jour, 39 journalistes ont été enlevés et 86 autres tués dans le pays depuis le début du conflit.
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