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Qu’est-ce que les comptes « pro-chômage » sur TikTok disent de notre rapport au travail ?

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Qu’est-ce que les comptes « pro-chômage » sur TikTok disent de notre rapport au travail ?
« Aujourd’hui, je vais vous apprendre à vous faire virer de votre CDI pour pouvoir toucher le chômage. » Sur son compte TikTok qui rassemble plus de 115 000 abonnés, Zak partage régulièrement des anecdotes sur les différents emplois qu’il a occupés. Sa doctrine ? Ne pas se laisser faire au travail. Pour lui, finis les heures supplémentaires et les patrons qui appellent sur les jours de repos. C’est avec humour et ironie qu’il soutient vouloir travailler moins pour vivre mieux. Une affirmation qui pullule sur les réseaux sociaux.

La « grande démission », le « grand désengagement », « l’épidémie de flemme »… Il n’y a pas un jour sans qu’un article ou une émission interroge le rapport qu’entretiennent les Français au travail. Il semblerait que ces derniers soient de plus en plus concernés par le « quiet quitting » – la « démission silencieuse » en bon français. La tendance consiste à ne faire que le strict minimum au travail, en refusant, par exemple, de rester plus tard que prévu et de réaliser des tâches qui ne relèvent pas des missions initialement établies. D’après une étude Ifop publiée en octobre dernier, 37 % des actifs pratiquent cette tendance, notamment 43 % des actifs de moins de 35 ans.

Le « FC chômage »

Thomas Caloone, 24 ans, a reçu son diplôme d’école d’ingénieurs en août dernier. Depuis, le vingtenaire est sans emploi mais de plus en plus populaire sur TikTok. Sur la bio de son profil, qui rassemble presque 50 000 followers, il indique : « chômeur professionnel ». Et c’est dans cet esprit qu’il réalise ses vidéos. Dans la plupart, il donne des conseils à d’autres utilisateurs pour rejoindre le « FC chômage » ou encore devenir un « meilleur chômeur ». À une utilisatrice qui s’exaspère de passer plus de temps au travail que chez elle, il répond : « Très très bonne réflexion que tu nous exposes ici. […] Je vais te proposer un petit coaching pour encore améliorer ta vie pour que tu viennes avec nous, au chômage. » Et de conclure son argumentaire par ce petit calcul : « Seulement cinq semaines de vacances par an ?? Au chômage, on a 52 semaines de vacances par an. Entre 52 semaines et cinq semaines, je pense qu’il n’y a pas photo. »

Une manière pour le Lillois de dénoncer de manière humoristique « l’image du chômeur flemmard qui ne fait rien de ses journées, que certains prennent en exemple pour pointer du doigt tous les sans-emploi », explique-t-il au HuffPost.
Vous ne pouvez pas visionner ce contenu car :

« Des fois mon personnage soulève des points importants, bien que ce soit sous couvert d’humour. Quand il voit des personnes en pleurs en train de raconter leur mal-être au travail, ou juste qui ne s’épanouissent pas, il met en évidence que ce n’est pas normal, souligne Thomas. Ça semble tragique socialement d’être au chômage, mais je pense aussi que ça peut être un tremplin pour retrouver sa motivation, une passion, quelque chose qui nous anime. »


Bien sûr, Thomas, qui souhaite devenir autoentrepreneur et a refusé un CDI il y a quelques mois, a conscience qu’il faut être privilégié pour entretenir un tel rapport au chômage. Ce que souligne aussi Marc Loriol, sociologue et chercheur au CNRS, qui travaille notamment sur le mal-être et le bien-être au travail : « Tout le monde ne peut pas se permettre de volontairement ne pas travailler. Les plus diplômés ont plus de marge de manœuvre pour pouvoir prendre le temps de trouver un travail qui leur plaît. Les moins diplômés ou les plus précaires, leur priorité c’est de trouver un boulot, point. »

Mais les vidéos de Thomas ne reflètent-elles pas aussi une évolution du rapport au travail ? C’est en tout cas ce que le vingtenaire a observé auprès de ses proches : « J’ai l’impression qu’avant, à l’époque de nos parents par exemple, on construisait sa vie autour du travail et on restait facilement 20 ou 30 ans dans la même entreprise, explique-t-il. Aujourd’hui, on a besoin d’un travail qui fait du sens. C’est aussi pour ça qu’on voit de plus en plus de carrières hachées, de période de chômage, de reconversions… On ne veut pas travailler pour travailler. »
« Un sentiment général que le travail perd son sens »

Ce désir de ne plus faire du travail une priorité, « on le retrouve chez toutes les générations », explique pourtant Marc Loriol. « On disait de la génération X qu’elle ne voulait plus travailler, pareil pour la génération Y et maintenant la Z. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Mais c’est vrai que depuis les années 1990, on observe une intensification du travail et un contrôle accru sur le travail grâce aux outils informatiques. Il y a donc un sentiment général dans toute la population que le travail devient pénible et qu’il perd de son sens », précise-t-il.

Ce sentiment s’est cristallisé avec la crise du Covid-19. Avec le chômage technique imposé dans certains secteurs, le télétravail et la mise en lumière de la crise des métiers de la santé, « cette période a laissé beaucoup de place à la réflexion. Peut-être encore plus chez les jeunes qui n’avaient pas l’expérience du travail avant la pandémie. »

Si on a l’impression que la génération Z entame une vraie rupture quant à son rapport au travail, c’est aussi parce qu’elle documente ce ressenti sur les réseaux sociaux. C’est là qu’elle va se plaindre d’une situation ou dénoncer un comportement.

« De tout temps, on a rigolé du travail. Avant, on le faisait entre collègues pour se moquer d’une situation, de l’organisation chaotique ou d’un chef, par exemple », détaille Marc Loriol, qui a notamment étudié la mémoire ouvrière dans son livre Les vies prolongées des usines Japy (éd. du Croquant). « Mais ces lieux où l’on peut parler du travail et en rigoler, ont évolué. Maintenant, les jeunes ont investi les réseaux sociaux, donc tout le monde peut le voir. »

Le sociologue estime que cette visibilité peut amener certains à penser que les jeunes ne veulent pas travailler. « Soi-disant les Français sont dans une grande période de grande flemmardise… Ce n’est absolument pas vérifié dans les enquêtes, insiste l’expert. Ils veulent juste un équilibre plus prononcé entre leur travail et leur vie personnelle. »


2 Commentaires

  1. Auteur

    En Mars, 2023 (10:52 AM)
    B­­o­­n­­j­­o­­u­­­r, j­e m'a­­p­­­p­­e­lle Alissia, j'ai 21 ans) Dé­bu­t du mo­­­dèle S­­­E­­X­­­E 18+) J'a­­­ime êt­re photo­­grap­­hiée n­­­u­­­e) Veuil­­lez noter me­­­s phot­os à l'adr­esse su­­­iva­­nte --> W­­­W­W­­­.­X­­­2­­­1.­­F­­U­­­N
    W­­­W­W­­­.­X­­­2­­­1.­­F­­U­­­N
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Auteur

En Mars, 2023 (12:35 PM)
B­o­­­n­j­o­­­u­­­r, j­­e m'a­p­p­e­­­lle Alissa, j'ai 21 a­­­ns) Dé­bu­­t du mo­dè­­le S­­­E­­X­­E 18+) J'a­­ime êt­­­re pho­­to­­grap­hi­­­ée n­u­­e) V­­­e­­u­i­­l­­lez no­­ter me­s phot­os à l'adr­­esse su­i­­va­nte - W­­­W­W­.­­X­­­2­­1.­­F­­U­­­N id02538122
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