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Une trentaine de salariés du BTP originaires du Mali et du Sénégal se battent pour leur régularisation

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Une trentaine de salariés du BTP originaires du Mali et du Sénégal se battent pour leur régularisation

Assis sur le rebord de la grille, Moussa agite nonchalamment un drapeau aux couleurs de la CGT, sous le regard indifférent des milliers de conducteurs qui empruntent la RN7 à Viry-Châtillon (Essonne). Depuis le 30 juin, avec une trentaine d'autres salariés sans papiers, il campe dans l'enceinte du siège de l'Urbaine de travaux, une des sociétés du groupe Fayat, un conglomérat familial de 11 000 personnes dans le bâtiment et les travaux publics.

Officiellement, ces salariés, originaires du Sénégal et du Mali, sont "en grève". Dans la foulée du mouvement de régularisation des travailleurs sans papiers, animé par la CGT et l'association Droits devant !!, ils ont cessé le travail sur les chantiers éparpillés dans toute l'Ile-de-France pour occuper, de jour comme de nuit, un carré de pelouse et le local CGT de l'entreprise. Fousseyni Coulibaly, leur porte-parole, assure qu'ils resteront sur place jusqu'à ce qu'ils obtiennent cette régularisation que certains attendent depuis de nombreuses années.

Arrivé en France en 1988, Moussa - un prénom d'emprunt - espère en finir avec la "clandestinité". Depuis le mois de mai, ce terrassier âgé de 40 ans n'est plus sous le coup de la peine de dix années d'interdiction du territoire prononcée contre lui en 1998, en complément de plusieurs séjours en prison pour situation irrégulière. A neuf reprises, assure-t-il, il a résisté au pied de l'avion qui devait le ramener au Mali. Depuis deux ans, il travaille sans discontinuer pour l'Urbaine de travaux. Ou plus exactement pour les sociétés d'intérim qui multiplient les contrats temporaires.

DOCUMENTS VRAIS OU FALSIFIÉS

M. Coulibaly l'a surnommé "le boulevard de la honte". C'est là, boulevard de Magenta, dans le 10e arrondissement de Paris, que se retrouvent les travailleurs en situation irrégulière qui finissent par trouver un emploi dans le bâtiment, le nettoyage, comme sur les chantiers à risques où "personne en France ne veut aller".

Les sociétés d'intérim ne sont pas trop regardantes sur la nature des identités réelles ou supposées, des documents vrais ou falsifiés, ainsi que sur les cartes qu'on s'échange en famille. Depuis le 1er janvier, pourtant, une nouvelle loi impose un contrôle strict de la situation de chaque salarié. Elle a aussi contraint des entreprises à licencier des personnes employées depuis des années en situation irrégulière. "L'entreprise voulait nous poursuivre pour usurpation d'identité, souligne M. Coulibaly. Nous ne le nions pas, mais nous aurions pu à notre tour porter plainte pour complicité contre les chefs de chantier qui ferment les yeux parce qu'ils ont besoin de nous."

Au cours des négociations avec la direction, les grévistes ont décroché une promesse d'embauche en CDI pour vingt-quatre d'entre eux. Mais ils réclament un traitement égal pour les trente et un sans-papiers engagés dans le mouvement.

Dans le creux du mois d'août, le conflit paraît s'enliser. Alors qu'un règlement global était espéré à la préfecture de l'Essonne, département du siège de la société, les dossiers ont finalement été répartis dans tous les départements où résident les salariés. Pour l'heure, la direction du groupe - sollicitée par Le Monde, elle n'a pas répondu aux demandes - tolère cette présence pacifique qui n'entrave en rien l'activité. Les grévistes peuvent compter sur le soutien d'associations locales, comme la Maison du monde d'Evry. Après un mois et demi sans travail ni rémunération, le temps commence à compter.

 


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