Au plan administratif, difficile de trouver quelqu'un qui maîtrise les rouages de l'Etat mieux qu’Ousmane Tanor Dieng. Sur le plan politique, par contre, le parcours a été moins élogieux. Déficit de charisme, échecs aux présidentielles, départs répétitifs et surtout un parti en pleine crise.
Ousmane Tanor Dieng n’est plus. Le secrétaire général du Parti socialiste, par ailleurs Président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) depuis 2016, a connu un parcours ‘’élogieux’’, rythmé quelquefois de ‘’soubresauts’’ sur le plan politique.
Ousmane Tanor Dieng où OTD, est né le 2 janvier 1947 à Nguégniène, localité située à Mbour, dans la Petite Côte. Ce commis de l’Administration sénégalaise a, depuis 1976, occupé plusieurs postes de responsabilité sur le plan national et international.
Diplômé en droit, sorti de l'Ecole nationale d'administration (Ena, ex-Enam) en 1976, il a été successivement conseiller, chargé des affaires internationales au ministère des Affaires étrangères (1976-1978), conseiller diplomatique auprès du président Léopold Sédar Senghor (1978-1981), puis auprès du président Abdou Diouf (1981-1988). C’est 1993 qu’il est nommé ministre d’État, ministre des Services et des Affaires présidentielles. C'était le temps du tout-puissant Tanor, considéré comme le Jean Colin à la peau noire.
Au plan politique, Ousmane Tanor Dieng siège au Bureau politique du Parti socialiste depuis 1988, avant de devenir secrétaire général de la Coordination départementale de Mbour, de l'Union des coordinations de Mbour et de l'Union régionale de Thiès.
C’est en mars 1996 qu’il hérite du Secrétariat général du Parti socialiste, après le fameux ‘’congrès sans débat’’. Il devient, en même temps, le secrétariat national aux relations internationales.
Cette ascension fulgurante du jeune Tanor a poussé Djibo Ka à quitter le navire socialiste la même année. Pour le défunt leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), il était hors de question de perdre le premier poste de secrétariat du Parti socialiste au profit du protégé d’Abdou Diouf. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Moustapha Niasse, un autre cacique du Ps, va quitter, à son tour, en 1999, pour protester contre l'hégémonie de Tanor Dieng.
Après le départ d’Abdou Diouf du pouvoir, Il devient le patron des socialistes. Son leadership étant contesté, beaucoup de ténors, à l'image d'Abdoulaye Makhtar Diop, de Robert Sagna, entre autres, ont quitté la maison Ps.
Mais malgré cette grande saignée, Tanor Dieng a su redonner un nouveau souffle au Ps. C’est ainsi qu’il s’est présenté à la Présidentielle, à deux reprises, face à Abdoulaye Wade. En 2007 d'abord, où il arrive 3e avec 13,56 % des suffrages. Puis en 2012, avec une régression à 11,30 %. Ce qui fait dire à beaucoup de Sénégalais qu'il n'est pas présidentiable, du fait de son manque de charisme.
Le patron de la formation politique des verts décide alors de soutenir Macky Sall au second tour. Ce sera alors le début de son compagnonnage avec l’actuel président de la République au sein de la coalition Bby.
Ce compagnonnage sera d'ailleurs à l'origine d'une crise au sein de son parti. L'Apr, la formation politique de Macky Sall, a voulu arracher la mairie de Dakar des mains du socialiste Khalifa Sall. Ce dernier crée un mouvement et organise la résistance.
Dans un premier temps, il bénéficie du soutien de la direction du Ps qui finit par le lâcher. Cette division interne a d’ailleurs entraîné le saccage de la Maison du parti, lors du Bp du 5 mars 2016.
Les verts connaissent depuis lors deux tendances : ‘’Le Ps des valeurs’’ dirigé par l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et la direction du parti au commande d’Ousmane Tanor Dieng.
Doté d'un calme olympien, OTD n'use jamais de gros mots, quelles que soient les circonstances. Il est également crédité d'une bonne analyse de la situation politique.
Cependant, beaucoup d'observateurs pensent que Khalifa Sall, ancien maire de Dakar actuellement en prison, a été sacrifié par Ousmane Tanor Dieng au profit de son compagnonnage avec Macky Sall. C'est pour cette raison d'ailleurs que l'enfant de Nguégniène est considéré comme le ''plafond de vert'' du parti. Il lui est reproché d'avoir fait son temps et de refuser l'émergence d'un nouveau patron du Ps.
Pour le récompenser de sa ‘’loyauté’’, Macky Sall créé le Haut conseil des collectivités territoriales et porte Tanor Dieng à sa tête, en octobre 2016. Le parti conserve également ses deux portefeuilles ministériels au sein du gouvernement.
Avec la disparition d’Ousmane Tanor Dieng ce 15 juillet 2019 en France, une page de l'histoire du Ps se ferme. Reste à savoir ce que deviendra le legs de Senghor et surtout qui va hériter des rênes du parti.
6 Commentaires
Faye
En Juillet, 2019 (15:16 PM)Treuis
En Juillet, 2019 (15:33 PM)Inalilhahi wa inaliRajahone!
Paul
En Juillet, 2019 (15:48 PM)Kar
En Juillet, 2019 (16:19 PM)Participer à la Discussion