Il compte boucler, cette année, sa trilogie « Ngeum » (la croyance, en langue wolof), « Fiit » (l’audace) et « Diom » (grandeur, honneur). Trois albums qui chantent, selon le rappeur Duggy Tee, les valeurs essentielles à tout développement dans la vie. Dans cet entretien, l’artiste revient sur ses projets, l’aventure avec le Positive Black Soul et donne son avis sur le monde hip hop…
Où en êtes-vous avec votre prochain album solo ?
Actuellement, je suis en train de travailler sur mon prochain album solo intitulé « Diom » (grandeur, honneur, en wolof). Cet album sera le troisième volet de la trilogie « Ngeum » (la croyance, en langue wolof), « Fiit » (l’audace) et « Diom » (grandeur, honneur). Les albums « Ngeum » et « Fiit » étaient successivement sortis en 2005 et 2011 et il ne restait que « Diom », mais nous comptons le terminer d’ici deux mois. Le choix de ces termes wolof s’explique dans cette trilogie par le fait qu’ils constituent tous des valeurs essentielles à tout développement dans la vie. Ils font d’ailleurs tout individu. Si on veut réussir dans tout, que ce soit spirituellement, socialement et professionnelle, je crois qu’il faut toujours savoir s’armer de ces trois choses. Pour tout ce que tu dois faire, il faut tout d’abord le « Ngeum » (la croyance), sinon ça ne sert à absolument rien de le faire. Suivront le « Fiit » ; avec le « Fiit », nous avons l’audace d’aller jusqu'au bout, nous osons le faire. Et le « Diom », c’est avoir de la grandeur, le faire avec beaucoup d’honneur. L’album « Diom » sera composé d’une dizaine de morceaux, peut-être un peu plus, mais on est parti sur dix morceaux. Pour le moment, j’en suis à quelques chansons. J’avais eu à faire beaucoup de chansons pour cet album, mais j’ai dû tout reprendre parce que je suis un éternel insatisfait. Vous savez, je suis trop pointilleux, mais c’est dans le but de vouloir juste bien faire afin de répondre aux attendes de mes fans.
En 2014, vous avez lancé un festival à la Sicap. A quand la prochaine édition ?
On travaille actuellement sur une nouvelle édition du Festival de la Sicap « Capsival ». Nous voulions même l’organiser au mois d’avril, les 02 et 03. Mais, pour le moment, on est resté sans réponse. Nous n’avons pas encore de partenaires. Des dossiers ont même été déposés au niveau des institutions étatiques mais il n’y a eu aucune suite à ces requêtes. Pour cette seconde édition, nous prévoyons de faire quelque chose de plus grand. On veut dérouler le festival sur deux jours et deux sites différents. Il nous faut donc un budget. Car, pour la première édition du 21 juin 2014, nombreux étaient les musiciens qui se sont produits bénévolement sur scène. Cette fois-ci, je veux vraiment qu’ils soient tous payés par respect professionnel.
Comment est venue l’idée d’organiser ce festival de la Sicap ?
Le festival « Capsival » vient d’un projet qui s’appelle « Capsitude » qui est la contraction de « Capsi » et attitude, c'est-à-dire une mouvance sociale. Je suis parti du constat que dans les Sicap, il n’y a plus comme avant cette propreté, cette sécurité, la jovialité, la paix tant convoitée, louée et chantée. Aujourd'hui, les gens ont même peur d’être agressés. A longueur de journée, les jeunes sont au coin des rues et passent tout leur temps à fumer et à se saouler avec de l’alcool frelaté. Ils se détruisent parce qu’ils ont une faiblesse. L’oisiveté, l’inactivité les ont fait sombrés dans ces vices. Pour moi, il fallait donc les aider à sortir de cette situation. Et j’ai pris la décision de parler à certains de ces jeunes et de leur proposer de créer des équipes de sécurité et de nettoyage. C’est de là qu’est partie « Capsitude ». La nuit, pendant que les gens dorment, il y aura une équipe qui est là pour gérer la sécurité. Et nous nous chargerons de les payer. J’ai même demandé dans les maisons qui ont même accepté de payer chaque mois 1.000 FCfa. Cet argent ira dans la caisse des jeunes qui vont créer une mutuelle. Rien que Liberté VI, c’est 10.000 logements. Au total, ils gagneront avec ce projet 10 millions FCfa par mois. Au moins, ça leur donne une impression d’être et de servir à quelque chose. Ils auront une occupation et seront payés même si c’est 50.000 FCfa par mois. Ce sera de même pour l’équipe de nettoyage. Ils se chargeront, pendant la nuit, de balayer et de faire, en même temps, le recyclage des ordures et de les revendre. Le projet va concerner toutes les Sicap.
Vous avez célébré en 2015, les 25 ans du Positive Black Soul. Où en êtes-vous pour la suite de l’aventure avec Didier Awadi ?
On avait sorti un album de six titres en guise de come-back et on avait tourné un peu. En ce moment, nous sommes en train de penser à faire un album plus abouti où même on revisitera quelque classique du Positive Black Soul. On veut se donner le temps et le moyen de bien le faire et ne pas le faire juste pour le faire et qu’il n’y ait pas de suivi. Après la sortie de cet album, nous envisageons également d’arpenter les routes du Sénégal. Nous avons aussi des propositions à l’extérieur, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Nous sommes en train de mettre tout le calendrier en place.
Pensez-vous que le rap nourrit son homme ?
Avant, le rap nourrissait beaucoup mieux son homme. Aujourd'hui, il y en a ceux que le rap nourrit et d’autres que cette musique ne nourrit pas. Aussi, il faut voir c’est quoi les ambitions de ceux qui sont dans les arts. On voit de plus en plus d’artistes, de jeunes, surtout de cette nouvelle génération qui ne font de la musique que pour avoir le buzz, être sur Facebook, Youtube, etc. Mais pour ceux qui veulent vivre de leur musique, il faut qu’ils organisent, qu’ils soient professionnels. Car nous sommes dans un pays où l’industrie musicale est agonisante. On n’a pas de réseaux de distribution fiable, on n’a pas d’événements récurrents. Il n’y a pas, au Sénégal, de mouvement dans le monde de la musique. Et tous ceux qui arrivent à en vivre sont ceux qui voyagent, qui font des tournées à l’extérieur, qui sont beaucoup plus connus et reconnus à l’extérieur que dans leur propre pays. Aussi, il faut reconnaître que les artistes ne perçoivent pas régulièrement leurs droits d’auteur. D’aucuns ne perçoivent même pas. Je me demande comment les artistes peuvent investir et payer des taxes s’ils ne sont pas soutenus. Tous les musiciens ne sont pas nuls et ne sont pas non plus des génies. Ils font des choses et bougent. Tout le monde ne raconte pas des insanités. Beaucoup aussi disent des vérités qui dérangent. Dès fois, il y a ce qui sont surtout dans le mouvement hip hop et qui ne sont pas là que pour taper sur la table mais proposent des solutions et investissent dans le social. Il faut appuyer les artistes pour qu’ils aient leur cadre d’expression, pour qu’ils puissent s’exprimer, entreprendre et faire travailler des gens. Par exemple, je rêve un jour d’avoir mon propre institut des arts où des élèves viendront prendre des cours en littérature, en sculpture, en peinture. En un moment, le Sénégal était la troisième puissance mondiale du hip hop. Après les Etats-Unis, l’Europe, c’était les Sénégalais et voilà aujourd’hui, on a dormi sur nos lauriers. Me concernant, je peux dire que le rap me nourrit mais je suis obligé de diversifier, d’être dans des affaires, d’investir et de travailler avec d’autres partenaires et faire le tout dans la légalité. Il y a des rappeurs qui sont dans l’immobilier, les boutiques de distribution, les locations de voiture, l’agriculture, etc.
Une mutuelle de santé des acteurs culturels vient d’être lancée. Quelle appréciation faites-vous de cette initiative du ministère de la Culture ?
C’est une bonne chose. Mais il faut que cette mutuelle soit bien structurée et que l’on sache qui est artiste et qui ne l’est pas. Parce qu’au Sénégal, quand on lance un projet ou on prend ces genres de décision pour tel ou tel corps de travail, on voit des gens qui viennent en profiter alors qu’ils ne sont pas concernés. Il paraît même qu’au niveau du Bsda, il y avait des retraités qui venaient se faire payer des droits d’auteur alors qu’ils n’étaient pas artistes. C’est pourquoi il faut qu’il y ait une bonne gestion de cette mutuelle, qu’elle fasse des résultats et qu’elle soit pérenne. Toutefois, les artistes doivent aussi s’organiser pour ne peut pas compter que sur cette mutuelle. C’est vrai que c’est un plus mais il faut savoir économiser, investir. La mutuelle est quelque chose d’administratif mais à titre personnel, il faut être prévoyant. Je pense également qu’il faut davantage professionnaliser le métier et tout mettre en œuvre pour que cela fonctionne et qu’il soit une machine qui génère de l’argent et qui sera réinvesti dans l’éducation, l’environnement, le social.
13 Commentaires
Anonyme
En Mars, 2016 (04:50 AM)Maturité
En Mars, 2016 (08:59 AM)Anonyme
En Mars, 2016 (14:19 PM)j'aimerais savoir sur quoi on se base waye ?
ou c'est comme à la lutte des rois autoprocclamés lol
Lebaolbaol Tigui
En Mars, 2016 (21:39 PM)Lebaolbaol Tigui
En Mars, 2016 (21:46 PM)Soigneur De Fous
En Mars, 2016 (08:44 AM)Anonyme
En Mars, 2016 (11:36 AM)Anonyme
En Mars, 2016 (15:23 PM)Anonyme
En Mars, 2016 (16:49 PM)Ngaka
En Mars, 2016 (16:50 PM)Ouest-foirois
En Mars, 2016 (20:45 PM)Pour ma part, j'appréhendais la fin de la campagne pour le référendum connaissant les politiciens sénégalais et leurs astuces.
Seulement, ces mêmes politiciens oublient que les électeurs ont aussi une arme redoutable face à leurs tricheries de politiciens qui nous prennent pour plus bêtes que nous ne sommes.
Pour ma part, étant apolitique et travaillant dans le privé (donc sans aucune forme de corruption politique), la paix et la satisfaction de nos besoins primaires (eau et électricité, car pour le reste il suffit de casquer : tél., santé, transport, routes, éducation…) me guident pour mes choix électoraux. Juste pour dire que ne bénéficiant d’aucune part de gâteau comme sûrement plein d’agents du privé trop occupés à gagner leurs vies à la sueur de leurs fronts et à être de bons chefs de famille sans histoire, nous nous devons d’être aussi durs dans l’appréciation du niveau de vie au Sénégal par rapport aux efforts que nous fournissons pour nous en sortir et pour pouvoir prétendre à un minimum de confort dans ce 21ème siècle.
Le président SALL devrait revoir sa copie quant à son mode de nomination des ministres et du cumul de mandats pour certains qui ne pensent plus qu’à s’amuser et à le neutraliser une fois confirmés, au lieu d’intensifier les efforts commencés. La politique politicienne ne prospère plus et puis, au Sénégal, tout se sait. Les ‘grands électeurs’ perçoivent la rigueur et l’honnêteté des ‘délégués du président’ qui, malheureusement, est souvent obligé de monter au créneau pour rattraper ‘leurs virages’ et ratés.
L’indifférence-légèreté de la prise en compte des inconvénients (préparation repas, ablution et purification et problèmes de couples, pourrissement aliments, hygiène, minimum de loisirs, fuite des domestiques…) de ces pénuries sur notre vie quotidienne nous conforte de notre insignifiance aux yeux des politiciens. Il n’y a que le ‘bétail électoral’ et leur environnement immédiat qui les intéressent. Ils font l’erreur d’oublier ces ‘électeurs instruits et motivés ’ (de plus en plus nombreux) tranquilles dans leurs coins, mais redoutables (en comptabilisant leur ‘bétail’ à eux) analystes le jour J et à l’instant T.
Qui trompe qui ?
Les échéances ne sont jamais bien loin. Conseil : concentration, proximité, sincérité, honnêteté, franchise, sérieux, vertus, implication et efforts-efficacité soutenus.
MA CARTE D’ELECTEUR, MA VOIX.
A vos marques…
Mbeur-doff
En Mars, 2016 (21:14 PM)Anonyme
En Mars, 2016 (11:54 AM)Participer à la Discussion