
Etre la fille de Ouza et sa digne héritière, le
challenge est de taille. Mais c’est le défi qu’a relevé Adji Kane Diallo dite
« Adiouza », de l’avis des mélomanes et de la quasi-totalité des
professionnels de la musique. Et pourtant, rien ne prédisposait cette liane qui
se dit très timide à son jeune âge, au métier de la musique, voire à monter un
jour sur scène. Seulement, outre l’influence environnementale, l’aide de Cheikh
Lô (qui est pianiste, choriste et chanteur) y est pour quelque chose. Car,
c’est lui qui a guidé ses premiers pas dans la musique. Mieux, sa passion et sa
bonne maîtrise de la chose font d’elle une artiste qui impose sa loi à l’ordre
établi des « stars féminines » de la musique sénégalaise.
Vous projetez de mettre sur
le marché au mois de Juin prochain un nouvel album ? Où en
êtes-vous ?
Tout d’abord, je vous
remercie de m’avoir donné l’occasion d’en parler. En effet, on attend le bon
moment pour sortir intégralement cet album. Mais pour l’instant, nos fans
pourront juste se contenter du deuxième single de l’album que nous présenterons
comme un tube d’été.
Quels seront les thèmes
abordés dans cet album ?
Entres autres thèmes, il y
aura l’amour qui occupe une part importante de notre vie, mais également des
faits de société. Nos coutumes et traditions elles aussi, ne seront pas en
reste. Bref, un mélange de thèmes et de rythmes pour le bonheur de notre
public.
Adiouza est consciente
d’avoir chamboulé l’ordre établi des « stars féminines »de la chanson
sénégalaise. Comment vivez-vous cela ?
Je viens juste apporter ma
pierre à l’édifice. Je rends grâce à Dieu que les Sénégalais aient bien aimé
mon style musical. Ce qui m’intéresse le plus, ce n’est pas une affaire de
première ou de seconde place, mais plutôt emmener les gens à percevoir ma
musique, et que j’arrive à faire passer des messages qui entrent dans la
construction de notre société.
Quels sont vos rapports
avec ces femmes leaders de la musique sénégalaise ?
De très bons rapports en
fait. Je ménage bien mes rapports avec elles. Je ne vais pas me mettre à vous
citer des noms, mais je peux vous garantir que nous entretenons des rapports
très courtois.
Si vous deviez faire un duo
avec l’une d’entre elles, vous choisirez qui ?
Ah ! C’est très
difficile. En fait, ce n’est pas dans mes projets pour l’instant, toutefois, il
n’est pas exclu d’en faire avec certaines si nous le sentons ou si jamais
l’opportunité se présente.
Etiez-vous préparée à votre
succès actuel ?
Non pas du tout ! Au
départ, quand je faisais de la musique, l’idée était d’exister au Sénégal
d’abord, avant d’envisager une carrière internationale. Je ne m’imaginais pas
dans ces habits, pour ne pas reprendre le mot succès, car je trouve que le
chemin est encore long.
Que ressentez-vous de cet
état de fait ?
D’abord, c’est un grand
plaisir que les Sénégalais m’aient adoptée, tout comme mon style musical et ma
personne. Je rends encore grâce à Dieu.
Vous passez allègrement
d’un style musical à un autre, mais vous devez bien avoir une préférence ?
A mon avis, je suis plus à
l’aise quand je chante sur une musique posée, dépouillée et je suis également
plus à l’aise sur les balades que sur les musiques rythmées. C’est juste une question de feeling et de style.
Vos fans s’empressent de
préciser que vous êtes une vraie professionnelle de la musique et que vous avez
même des diplômes ! Parlez-nous de votre cursus scolaire et de vos
diplômes.
Oui, j’ai des masters en
Ethnomusicologie. Cela m’a permis d’avoir une ouverture musicale et une bonne
oreille. C’est cela, d’ailleurs, qui explique tous ces mélanges de styles, de
rythmes et de pas. Je ne voudrais pas m’enfermer dans ce carcan comme certains
artistes qui, à force de se laisser chalouper, ne se retrouvent plus que dans
le « Mbalax ».
Vous ne vivez pas au
Sénégal ! Pourquoi ?
En 2004, je suis allée à
Paris pour des études en Ethnomusicologie. Après mes études, j’ai fait des
stages là-bas. Et je travaille actuellement en tant que conseillère pour une
association dont le siège est à Seine et Marne dans le 94ème (Fnafa, Fédération
nationale des associations franco-africaines). Je m’y plais bien, mais pour
autant, je ne tourne pas le dos à mon pays qui m’a tout donné, puisque je viens
régulièrement pour des spectacles. Ecoutez… Je vis entre deux pays. Je viens au
Sénégal quand il y a besoin et en France aussi.
Vous êtes née dans un
univers musical, était-ce une évidence que vous alliez faire carrière dans la
musique ?
Pas du tout, car ce n’était
pas évident et puis toutes les conditions n’étaient pas réunies pour une fille
très studieuse et très timide que j’étais. J’étais également très réservée, ce
qui faisait donc que personne ne pouvait imaginer que je monte un jour sur
scène. C’est mon frère Cheikh Lô qui m’a vraiment influencée et m’a poussée à
faire de la musique.
Que pensez-vous de la
musique sénégalaise ?
La musique sénégalaise est
très vague. Vous parlez du « Mbalax » ou de la musique sénégalaise en
général ? Si vous parlez du Mbalax, il est à un stade de surexploitation.
On a intérêt à prendre des directions musicales originales qui pourront servir
à la génération future, sinon on est mal barré. Le Mbalax arrivera à un chemin
de non retour où le public voudra un changement. Concernant la musique
sénégalaise, elle est très riche, diversifiée et ne demande qu’à être
exploitée.
Quels sont vos musiciens
préférés ? Au Sénégal, et ailleurs ?
J’aime tous les chanteurs
qui me font pleurer…, en musique.
Pratiquez-vous un
sport ?
Oui, la danse.
Que pensez-vous de l’impact
de la lutte sur la jeunesse sénégalaise ?
Pour moi, la lutte a
atteint aujourd’hui un point culminant, tous les jeunes s’y intéressent, les
enfants imitent leur idole. Sur le plan des cachets, de la mobilisation, du
sponsoring, tout ce que tu veux… Mais si on regarde bien et si on analyse bien,
moins de 15 lutteurs touchent près de 10 millions de francs Cfa. Donc, tout le
reste galère. A mon avis, nous devons aider les autres qui n’arrivent pas à
s’en sortir, à avoir un métier ou même à faire des formations en Nouvelles
Technologies car comme le dit Yékini, « tout le monde ne pourra pas
devenir champion ». Dans la vie, il ne faut pas forcer les choses, ce
n’est pas parce qu’on veut, qu’on peut.
Avez-vous un lutteur
préféré ?
J’aime bien les lutteurs
qui sont partis de rien, et qui ont réussi à se faire un nom…, ça prouve qu’ils
ont bien travaillé. Cependant, je préfère ne pas vous dire le nom de mon
lutteur préféré.
En dehors de la musique vos
passions, vos occupations, vos loisirs ?
La danse, mais j’aime bien
faire un peu de gymnastique de temps en temps.
Avez-vous quelqu’un dans
votre vie ? Pensez-vous à fonder une famille ? Si oui, comment
comptez-vous concilier vie de famille et travail ?
Cela va de soi que je pense
à fonder une famille, mais concernant ma vie privée, je vous demande gentiment
de me dispenser de cette question.
Justement, on aimerait
connaître le profil requis pour être sur la trajectoire d’Adiouza ?
Mon homme doit être structuré,
généreux, romantique et très pieux. Quiconque peut réunir ces qualités, est sur
ma trajectoire.
Que pensez-vous de la
carrière de votre père dans son ensemble ?
Mon père en tant qu’artiste
est un musicien que j’admire beaucoup pour sa constance, ses idées et pour son
orientation musicale. Il brave les tabous avec un relativisme impressionnant
qu’on ne trouve pas forcément chez les autres..
Est-il très présent dans
votre vie en général ou plutôt dans votre art et votre carrière ?
Oui, il est un confident.
Il me donne souvent des conseils et je l’écoute beaucoup.
Pour être plus précis, lui
demandez-vous son avis surtout dans votre vie privée ? Dans votre carrière
seulement ? Ou les deux ?
Non pas du tout ! Lui,
il fait bien la part des choses.
Le fait d’être sa fille
vous a-t-il ouvert certaines portes ? Si oui, lesquelles ?
Oui, le meilleur exemple
étant le simple fait que les Sénégalais m’identifient à travers son personnage
et ça me réussit bien. C’est une marque de fabrique ou si vous préférez un label,
n’est-ce-pas ?
Vous a aussi fermé,
peut-être d’autres portes, du fait de ses prises de position radicales par
exemple ?
M’a fermé d’autre
portes…M’identifie à mon père… J’ai beau expliquer qu’on est différent, mais
les gens croient que c’est mon père qui me canalise. C’est bien, je suis ses
conseils, mais parfois, j’en fais à ma tête. Et j’ai un autre combat dans la
vie, c’est celui d’aider mon prochain.
Comment est Adiouza au
repos, hors scène et au studio ? Repos-Repos-Repos ou alors vous en
profitez pour vous évader et vous adonner à autre chose ?
Oui, des fois j’ai envie
d’aller dans des endroits où on ne me reconnaîtra pas, pour pouvoir me lâcher. Mais hélas…
La plupart de vos
congénères à l’échelle nationale ou internationale font leur vie avec quelqu’un
du métier, qu’en est-il de vous ?
Oui, ça se comprend, car on
rencontre l’homme ou la femme de sa vie dans le milieu où on évolue.
Vous portez de jolies
petites robes dans vos apparitions ? Etes-vous très shopping,
« sagnsé » et autres ?
En général, je ne m’habille
qu’en robe parce que la robe permet à la femme de montrer sa beauté sans être
trop vulgaire. J’adore aussi les shoppings.
Où et comment faites-vous
votre shopping ?
Pendant les périodes de
soldes à Paris, j’en profite pour refaire ma garde-robe sans trop greffer mon
budget.
Y a-t-il un ou une styliste
de chez nous dont le travail vous plaît particulièrement ?
Marième Chalar me plaît
beaucoup.
Vous semblez plus robe que
pantalon, Adiouza est-elle ultra féminine ?
Oui, j’ai envie de montrer tout
le temps ma féminité. La femme est belle par définition. Moi je ne me gênerais
pas d’utiliser ma féminité et de crier très haut que je suis une femme qui
assume sa féminité.
En bonne Sénégalaise
êtes-vous « thiouraye », « mokk potch » et autres ?
Je suis une bonne
Sénégalaise.
Vous vous voyez-où dans 10
ans, dans 20 ans ?
Je préfère m’en remettre au
Bon Dieu
Votre meilleur
souvenir ?
Le jour où ma mère m’a
offert une robe de soirée hyper chic
Le plus mauvais ?
Quand un homme m’a insultée
et m’a traitée de tous les noms d’oiseaux dans la rue parce qu’il m’a appelée
en sifflant et que je n’ai pas répondu. En ce moment, je me suis rendue compte
qu’en Afrique, les hommes font tout ce qu’ils veulent aux femmes sans être
inquiétés. Comment un homme peut-il se permettre d’insulter une femme ou, a
fortiori, la frapper. Il est important qu’on prenne des mesures sur la violence
faites aux femmes.
Que pensez-vous de la
situation actuelle du pays ? De nos politiques ? Y en a-t-il un dont
le discours ou la personnalité vous séduit ?
Oui, j’en ai, je le dirai
plus tard. Vous savez… (hésitation). J’adore la politique et je me verrai bien
reconvertie politicienne après ma carrière musicale.
Si vous aviez le pouvoir de
changer quelque chose dans ce pays ce serait quoi ?
Eradiquer la faim au
Sénégal.
Vous vous investissez dans
le social, expliquez-nous les raisons de cet engagement ? Et vos
objectifs ?
Je pense que dans la vie
quand on est face à une situation, il faut agir et trouver une solution. Mon
premier souci dans la vie est d’aider les gens qui sont dans le besoin. Je ne
suis pas riche pour pouvoir aider tous les nécessiteux, mais avec ma musique,
je peux sensibiliser toutes les autorités et les personnes de bonne volonté de ce
pays pour qu’elles fassent un geste. C’est la raison pour laquelle,
l’Association sociale solidaire Sénégal dont je suis la présidente a organisé
le 9 avril dernier une soirée de gala caritative au profit des personnes
démunies. Notre objectif est d’ouvrir la première boutique sociale et solidaire
au Sénégal. L’idée est de vendre les denrées de première nécessité à des prix
très réduits. Et surtout à des populations bien ciblées. On remercie la mairie
de Ndiarème Limamoulaye qui, au passage, a mis à notre disposition une
boutique.
Propos recueillis par Papa
Cheikh SENE (Diasporamag)
21 Commentaires
Rak Tak
En Juin, 2011 (14:28 PM)Lom
En Juin, 2011 (14:30 PM)Clef D'or
En Juin, 2011 (14:38 PM)Putin
En Juin, 2011 (14:38 PM)Daxy Orleans
En Juin, 2011 (14:43 PM)1 Salo
En Juin, 2011 (14:52 PM)1 Salo
En Juin, 2011 (14:54 PM)Undefined
En Juin, 2011 (14:56 PM)Bien Dit
En Juin, 2011 (15:06 PM)cordialement
Connaisseur
En Juin, 2011 (15:14 PM)Undefined
En Juin, 2011 (16:15 PM)Thioofé
En Juin, 2011 (16:28 PM)Raisa
En Juin, 2011 (17:03 PM)Brr
En Juin, 2011 (17:33 PM)Pest
En Juin, 2011 (17:36 PM)Sheumeula
En Juin, 2011 (18:55 PM)Lili
En Juin, 2011 (19:07 PM)Indou
En Juin, 2011 (19:17 PM)Rick Hunter
En Février, 2022 (17:48 PM)Qui est fou?
Oussambénito
En Juin, 2011 (21:45 PM)Jazz
En Juin, 2011 (11:25 AM)Vilainefille
En Juillet, 2011 (12:18 PM)Participer à la Discussion