Les
dégâts de la tempête Sarkozy sont encore visibles… Et voilà qu’arrive l’ouragan
Obama. Les fiers Africains n’en reviennent pas de stupeur. Comment est-ce
possible, un nègre comme nous… ? L’émotion étreint les cœurs.
Avec
le cousin d’Amérique, on s’attendait benoitement à une tirade du
genre :
« Afrique
des fiers guerriers, dans les savanes ancestrales
Je ne t’ai jamais connu mais mon sang est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandus… »
En
lieu et place, Obama nous a dit de cesser de gémir, pleurer sur notre sort.
Exactement comme dans le film Dallas lorsque le gentil
Bobby dont c’était le tour de diriger l’entreprise familiale vint se
plaindre, auprès du Patriarche, des agissements de l’infâme JR: Daddy,
que ne dis-tu à mon frère d’arrêter de m’embêter et que c’est toi qui m’a donné
le pouvoir de gérer les affaires Ewing ? »
Tonnerre
du Vieux : - si c’est moi qui t’ai donné le pouvoir, tu n’as rien du tout …Le
pouvoir ne se donne pas, il se prend ! »
Obama
n’a pas dit autre chose en soutenant que l’avenir de l’Afrique appartient aux
Africains, à sa jeunesse et qu’il est vain de « pointer du doigt et de rejeter la responsabilité de ces
problèmes sur d’autres ».
Les
Juifs ont subi l’Holocauste dans leur chair mais refusent d’en exhiber les
séquelles, choisissant de prendre leur revanche sur l’histoire et s’illustrer
dans les sciences et la finance internationale. Semblablement, les Japonais
décidèrent de faire fi d’ Hiroshima, de Nagasaki, de la pauvreté de leur
sous-sol pour se hisser au niveau où ils sont se trouvent aujourd’hui.
L’émotion
serait-elle nègre ?
Pourquoi
tenir coûte que coûte à entretenir des rancœurs sur des événements dont tous
les acteurs sont loin d’avoir été sereinement identifiés ? L’Europe n’en a
cure de nos états d’âme ; pas plus qu’elle ne s’est souciée du
réajustement des pensions dues à nos anciens combattants, des redevances aux
familles des victimes du Camp de Thiaroye.
Qu’on
se le tienne pour dit : Un « Nuremberg » de l’esclavage n’aura
jamais lieu.
Et
je ne vois dans ce remue-ménage qu’une forme de chantage d’intellectuels pour
inoculer une mauvaise conscience réparatrice aux Européens, tout en absolvant,
par le silence, l’esclavagisme arabe non moins atroce.
Jamais
la traite négrière ne m’a été contée par grand père ou grand-mère;
Je l’ai découverte tout seul dans les livres, conférences et discours en langue
étrangère.
L’émotion
serait-elle définitivement sénégalaise ?
De
la même manière que l’artiste plasticien (peintre, sculpteur) ébauche son sujet
avant d’en affiner les détails, sociologues, ethnologues saisissent le trait
marquant d’un peuple ou d’une race avec des mots. Vu sous cet angle, il est
permis d’affirmer que le sénégalais oublie vite et n’a pas la rancune tenace.
Tant que le prix du riz n’atteint pas des cimes inaccessibles, que le gaz ne
fuit pas, tout va bien. N’importe quel autre désagrément lui passera à la gorge
après quelques éructations.
Non,
le Sénégalais n’est pas rancunier. Il admire la force tout en la détestant.
Vous en voulez la preuve ? Après avoir administré un coup de pied rageur
au fils de Sa Majesté briguant le suffrage municipal, le bon sénégalais a vite
oublié. Ses amours, ses haines ne tiennent parfois qu’à une soirée de gala, à
des enveloppes aux chefs de quartiers et muezzins. Allah recommande le
pardon !
Wadeton
sera à nouveau sifflé, hué à l’occasion du show hippique dont il était l’un des
parrains mais sitôt que le fils à papa démontra ses talents équestres à
Louga où le cheval constit un symbole, le peuple se leva, comme un seul homme,
pour l’applaudir, le cœur battant. Faut-il conclure que nous, sénégalais,
sommes vaniteux, versatiles, velléitaires ? Oh, non, juste pratiques. Les
temps sont si durs…D’ailleurs, l’on ne meurt plus pour des idées. C’est fini
depuis Mai 68. Domi Sénégal qui avait quelque peu renâclé quand Wadeton
fut nommé Ministre du Monte en l’air, des Asphalte et Béton et de la Tontine
internationale, s’est vite attendri des joues resplendissantes du nouveau-né.
Il est si mignon avec sa cuillère d’argent au poignet.
Personnellement,
je ne serai pas surpris d’apprendre que le futur groupe de presse princier aura
été financé par des bonus, des amis étrangers et qu’il a rallié à sa noble
croisade les plus remarquables de ses mauvais sujets d’antan. Il aura suffi au
rejeton de s’inspirer du remaquillage télévisuel de papa par celui là même qui
l’avait férocement défiguré. Comme quoi, tout ce que répète le petit maure…
« Doomi Naar, janggaani wul… »
Amadou Gueye Ngom
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