Exclusif! Maty 3 Pommes: "J'ai pardonné mais je n'oublie pas"
Depuis la Belgique où elle séjourne, Maty 3 Pommes a accepté de s'entretenir avec Leral. La célèbre présentatrice de "Show to Chaud" revient sur sa relation avec la 2STV, avant d'évoquer l'épisode d'Atlanta. La petite Maty, toujours égale à elle-même, n'a pas varié dans ses propos. Elle a certes pardonné ses "détracteurs" mais elle n'oublie pas. Entretien.
Parlez-nous un peu de votre actualité?
Mon actualité c'est qu'en fait je suis sur une nouvelle émission,
une téléréalité avec Badou Meunn Lépp, un artiste que tout le monde
connait au Sénégal. Ce ne sera pas un téléfilm mais une vraie
téléréalité comme on en fait aux Etats-Unis, jamais faite au
Sénégal. Il est temps que les gens sachent qu'hormis la notoriété, nous
sommes des êtres humains comme tout le monde. Dans notre vie, tout n'est
pas toujours rose. Que les gens se rendent compte qu'entre rumeurs et
réalité il y'a parfois un fossé.
Cela fait longtemps que l'on ne vous voit pas au-devant de la scène médiatique. Pourquoi ce silence?
Ma vie a changé, je me suis mariée et j'habite plus au Sénégal,
c'est aussi simple que ça. J'ai changé de pays, le temps de s'adapter,
se stabiliser et s'intégrer ce sont des choses à prendre en compte. Je
me suis mariée sur le plan religieux au courant de l'année 2009 et j'ai
demandé à faire d'abord le festival d'Atlanta avant de faire mon mariage
civil. Après ma conférence de presse on m'a suggéré d'arrêter
d'intervenir dans la presse et de m'occuper de mon mariage car le reste
n'est que futilité d'autant plus que mon avocat pourra continuer le
travail et après je pourrais toujours revenir si je le voulais. Je
pensais que les démarches administratives allaient durer 3 mois c'est ce
qu'on m'avait dit, c'était beaucoup plus long car mon mari est
d'origine française donc l'ambassade de France doit d'abord donner son
accord avant de se retourner vers les autorités Belges. Après le mariage
on vous donne une carte de 5 mois pour pouvoir travailler mais on ne
sait pas voyager avec. D'ailleurs une fois le patron de la 2stv est venu
à Bruxelles en compagnie de son épouse, on devait tourner une émission
à Paris mais je ne pouvais pas et je lui ai montré la carte. J'ai eu le
titre de séjour au mois d'Octobre 2010, Février j'étais à Dakar pour
enregistrer « show tout chaud » avec Gaston Mbengue et Gouy Gui. J'ai
enregistré « show tout chaud » à Bruxelles suite aux événements du 23
juin, un plateau entre l'APR et le PDS. J'ai ensuite pris une partie de
mon salaire pour aller à Milan et tourner « show tout chaud » avec
Mamadou Lamine Maiga, j'ai payé le caméraman, billet d'avion jusqu'au
billet de train et taxi mais l'émission n'a pas été diffusée pour des
problèmes techniques ce que je comprends parfaitement car il faut
toujours diffuser des images de qualité. Aujourd'hui les choses ont
changé j'ai décidé de travailler avec une équipe Belge c'est très cher
mais il le faut absolument.
Qu'est-ce que vous faites à l'étranger exactement?
Quelle question! (Rires)
Je suis ici parce que suis mariée je vis ma vie de femme c'est tout.
Rester au Sénégal et voir son mari une fois ou deux dans l'année ne doit
pas être facile, en tout cas c'est impensable avec un Européen. Rires.
Il parait que vous avez des problèmes avec votre ancien patron El hadj Ndiaye. C'est pourquoi vous avez quitté la boite.
J'ai quitté 2stv et je n'ai pas échangé de mots avec le PDG de la
2STV c'est quelqu'un que je respecte et qui me respecte aussi, j'ai fait
part de ma décision à son épouse. Je vous l'ai dit je suis restée en
bons termes avec elle, il y'a quelques semaines je discutais avec une de
leurs filles sur internet pour tout vous dire.
Est-ce la fin d'une collaboration avec la 2Stv?
Oui j'ai arrêté à la 2stv depuis quelques mois. J'ai discuté avec
l'épouse du PDG qui est, je pense, son bras droit. Tout s'est très bien
passé, lors de mon dernier séjour à Dakar, c'est-à- dire au mois de Mars
passé on devait se voir, prendre un verre ensemble. Je ne suis plus à
la 2stv mais je remercierais toujours El Hadj Ndiaye et son épouse. Car
avec le problème du Festival d'Atlanta des gens ont tout fait pour nous
brouiller, ils ont même subi des pressions. C'est pourquoi dès mon
retour au Sénégal en 2011,j'ai eu certes des propositions des autres
télévisions mais je suis restée à la 2STV.Je me rappelle le jour de mon
départ pour Dakar, de l'aéroport de Bruxelles, dans l'avion, des
sénégalais me disaient qu'il faut que j'aille à la télévision de
Youssou Ndour , n'empêche j'ai décidé à l'époque de rester à la
2STV.C'est ce même dévouement, cette fidélité que je vais offrir à la
nouvelle télévision où je vais aller.
Alors dans ce cas qu'est-ce que vous préconisez?
Qu'il y'ait d'autres chaines est une excellente chose mais il y'a
des pièges à éviter c'est à dire il faut faire en sorte qu'on ne
retrouve pas les émissions partout. Penser à faire des émissions de
jeux, innover, faire confiance aux producteurs extérieurs. Une chaine de
télévision qui évolue et se développe ne peut pas produire toutes les
émissions de la chaine, c'est lourd. Je me demande avec le nombre de
télévisions qui existe au Sénégal pourquoi il n'y a pas d'agence qui va
s'occuper de rechercher des sponsors pour les producteurs extérieurs,
cela peut être très intéressant pour tout le monde y compris les
télévisions bien sûr. En tout cas il faut que les choses bougent.
Est-ce que vous êtes heureuse là ou vous êtes présentement?
Vivre en Europe, les premières années sont très dures et tous les
immigrés le savent et l'ont vécu. Venir de temps en temps en Europe et y
vivre c'est différent. Il faut tout faire toute seule alors qu'à Dakar
je pouvais être en tournage toute la journée quand je rentre la maison
est impeccable bien nettoyée, on a fait à manger. J'ai toujours une
femme de ménage ou une sœur une cousine pour m'aider ce qui est
impensable ici en Europe hormis les titres et services. Le froid ne
facilite pas les choses, le racisme aussi. J'habite en pleine campagne,
dans ma rue il n'y a qu'un noir c'est un prêtre. La plupart des immigrés
sont dans les villes comme Bruxelles car les transports en communs sont
plus accessibles surtout avec le travail ce qui est normal. Alors quand
je vais à la banque, dans les shops et autres je vis le racisme, un
racisme sournois comme si je n’avais pas le droit d'habiter dans un tel
endroit. D'un autre côté, ce pays m'a donné ma chance quand des
sénégalais comme moi ont voulu me détruire ben ! Je me suis reconstruite
ici. En plus je travaille dans une société très cosmopolite où j'ai
côtoyé Afghane, rwandaise, marocaine, Belge et Français, des
responsables très respectueux et humains. En définitive c'est normal
d'être dépaysée les premières années mais je commence à m'intégrer petit
à petit.
On a appris que vous avez divorcé avec votre mari, est-ce vraiment le cas?
Vous n'avez rien appris, vous prêchez le faux pour savoir. Non je rigole (Rires).Si
c'est une rumeur alors j'ai envie de rire, je vois qu'actuellement
beaucoup de personnes au Sénégal se plaignent à cause des rumeurs, de
certaines choses qui peuvent détruire une vie. Je vais vous raconter une
anecdote: j'ai découvert des choses extrêmement graves, terribles sur
des personnes que je connais et avec des preuves s'il vous plait j'ai
été tellement choquée et dégoutée que je dormais et me réveillais avec
l'image de ces gens-là .Pourquoi parce qu’ils sont connus comme étant
des personnes qui savent tout sur tout le monde, critiquent tout le
temps les autres. Comment peut-on critiquer les autres alors qu'on fait
pire ? Depuis ce jour-là "dama tayi si nit yi". Je rigolais avec un
confrère en lui disant qu'on mette à la "Une" quelque chose
d'extrêmement grave sur moi ça ne m'empêchera pas de vaquer à mes
occupations et d'être happy. Qui n'a pas de défauts? Qui n'a pas fait
d'erreurs dans sa vie, petite, soit elle? Je me lève tous les jours à 4h
du matin pour aller travailler, je sors de chez il est 5h passé pour
marcher pendant 45 minutes jusqu'à la gare, prendre 2 à 3 trains,
revenir chez moi à 20h du soir, franchement si un compatriote a le cœur
et le culot de colporter des ragots sur moi tant pis. Je suis qu'une
jeune femme qui se bat et travaille dur pour ne pas passer pour une
black entretenue par son mari blanc, j'ai ma fierté et ma dignité, des
rêves à réaliser et objectifs à atteindre je n'ai plus le temps des
"yafi wakhone manila".
Vous dites aussi que vous n'avez plus rien à prouver. Pourquoi une telle affirmation?
Quand on commence dans le milieu des médias comme partout
d'ailleurs on cherche à s'imposer, prouver à ses employeurs qu'on est
compétent .Je me suis bien battue ainsi que les reporters de ma
génération je pense à Birahim Touré, Ibrahima Benjamin Diagne, Oumar
Gningue etc...Il y'a des moments que j'oublierais jamais de ma vie:
quand l'étudiant Balla Gaye a été tué, la peur, les bastonnades, les
courses poursuites j'ai vécu, partagé cette journée mémorable avec les
étudiants. Lors d'une mission en Mauritanie avec les élections
présidentielles sous haute tension je me souviens avoir été coincée dans
une maison avec des opposants, maison encerclée par la GIGN, les
grenades lacrymogènes qu'on nous balançait, l'assaut qu'on a subit plus
tard, des personnes ensanglantées sous mes yeux et le chef de
l'opération qui m'insultait car j'étais la seule journaliste à
l'intérieur tous les autres correspondants des rédactions
internationales étaient dehors. C'était la première fois que je n'ai pas
osé répliquer face à des insultes car là il s'agissait de ma sécurité
physique et surtout la solidarité de toute la rédaction de Walfadjiri
quand les proches de l'ancien président ont voulu m'expulser du pays, je
n'oublierais pas également le soutien de Reporter Sans Frontières
Mauritanie c'était en 2004 si mes souvenirs sont bons. Donc je sais que
je me suis bien battue, aujourd'hui je cherche juste à persévérer,
découvrir d'autres horizons, innover pour ne pas décevoir les personnes
qui croient en moi et enfin continuer à apprendre car la vie est une
école.
Sentez-vous vraiment la pression de la nouvelle génération qui fait aussi un travail remarquable sur le petit écran?
Une pression ? Je pense que beaucoup de personnes si elles sont de
bonne foi, diront que j'ai toujours soutenu de jeunes reporters ou
animateurs fille comme garçon. J'aime bien les rassurer car j'ai été
dans cette situation. Je sais qu'il m'est arrivé d'appeler des organes
de presse pour "placer" des jeunes qui m'ont sollicitée. Ce qui m'a
beaucoup aidé dans ce milieu c'est que je crois énormément en moi. Quand
j'étais au Sénégal, je suivais beaucoup certains confrères et je
n'hésitais pas à les appeler pour les féliciter du fond du cœur mais une
fois sur le plateau de "Show tout chaud" j'oublie tout ce qui est
autour de moi, je redeviens "Maty 3pommes" et je fais mon "job".
Vous avez été mêlé à une affaire d'escroquerie de visa. Comment vous avez vécu cette affaire?
J'ai l'impression qu'avec les épreuves de la vie je deviens de
plus en plus mature, j'apprends beaucoup sur l'être humain, sur moi.
J'ai été tellement naïve qu'aujourd'hui des personnes continuent à
vouloir en abuser. Cela me fait rire et je joue avec. Il m'arrive même
de jouer la
naïve parfaite pour voir jusqu'où la personne est capable d'aller.
Donc l'épisode d'Atlanta était un mal nécessaire .Une page s'est
tournée, une autre s'ouvre. J'ai pardonné mais je n'oublie pas.
Est ce que vous pensez que votre image s'est assombrie depuis lors?
Pas du tout!!! C'est pourquoi j'avais fait le site, tout dire.
Montrer à mes détracteurs que seule la vérité compte et les personnes
intelligentes et positives seront toujours de mon côté. Ils vont
participer à mon combat, pour tout vous dire le numéro de compte ne
fonctionnait pas , il y'avait des erreurs alors ma famille ,moi-même et
le journaliste Alioune Ndiaye on s'est bien battu avec nos propres
moyens. Jusqu'à présent, j'envoie de l'argent chaque mois au Sénégal
pour payer la banque et depuis quelques temps la mutuelle. Un Sénégalais
vivant à Washington et qui anime dans une radio a fait ses propres
investigations, des personnes à Atlanta à l'antenne et hors antenne ont
témoigné en confirmant qu'ils ont compris que j'étais vraiment une
victime dans cette affaire. Les Sénégalais m'ont appelé de partout dans
le monde, quand je voyage où que j'en croise dans la rue certains me
regardent genre "pauvre petite on t'a eu, tu as dû souffrir" et moi j'ai
envie de dire plus de compassion j'ai tourné la page. Vous savez le
sénégalais n'aime pas l'injustice, certains ont hâte que je revienne à
l'écran. Je reçois sur facebook, dans mes messages, des soutiens et
témoignages qui me donnent la chair de poule. Je dis alors qu'il y'a
toujours des gens bien au Sénégal malgré la perte de certaines valeurs.
Qu'est-ce que vous aimerez ajouter en guise de conclusion?
Mon dernier mot ce sera d'encourager les jeunes animateurs et
journalistes, gardez la tête sur les épaules. Il faut aussi que les
patrons de presse essaient de promouvoir la polyvalence. Dans un groupe
de presse, il faut laisser les jeunes descendre sur le terrain et faire
leurs preuves à la télévision comme à la radio. Vous savez un policier
qui campe tous les jours au même rond-point, à la longue les chauffeurs
le reconnaissent forcément s'habituent. Même chose à la télévision, si
on est régulièrement devant l'écran forcément on devient populaire car
les gens s'habituent c'est pour cela que je me suis jamais sentie "star"
mais populaire. Il faut faire attention pour pas qu'il y'ait trop de
folklore à la télévision. Autre chose pour mes compatriotes, arrêtons le
misérabilisme et soyons fiers de notre pays. Les Européens viennent
chez nous, filment la misère et vendent ces images aux chaines
Européennes. Comment se faire respecter avec ça? Il y'a la pauvreté au
Sénégal mais nous ne sommes pas des sauvages. Nous avons aussi des
personnes très riches, des intellectuels, de jeunes fonctionnaires qui
vivent beaucoup mieux que certains Belges ici. J'ai été choquée et
révoltée de voir des documentaires et reportages tournés au Sénégal. Je
suis mariée à un Européen, je sais qu'ils ne sont pas tous racistes mais
il faut qu'on se respecte pour être respecté. Le fait de vivre en
Europe a fait que je suis devenue beaucoup plus patriote qu'avant et
fière d'être sénégalaise. Ici des amis Belges m'appellent "Black Power"
il y'en a un qui souhaite d'ailleurs venir vivre au Sénégal à sa
retraite, acheter une maison. Alors soyons fiers et arrêtons de nous
apitoyer sur nous.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA
9 Commentaires
Fa
En Septembre, 2012 (10:48 AM)3pommes
En Septembre, 2012 (11:22 AM)Laminegolo
En Septembre, 2012 (11:56 AM)please let it go off from your mind!! BECAUSE LIFE IS LIKE A BIKE, AND TO KEEP YOUR BALANCE WE MUST KEEP MOVING
Pepsi
En Septembre, 2012 (12:15 PM)Voila
En Septembre, 2012 (13:59 PM)Tata
En Septembre, 2012 (14:48 PM)Nana
En Septembre, 2012 (15:50 PM)we love you
Cazzo
En Septembre, 2012 (16:25 PM)Citoyen
En Septembre, 2012 (20:07 PM)Participer à la Discussion