Combien de temps Jésus est-il resté auprès de ses disciples ? Les Actes des Apôtres nous renseignent que 40 jours après Pâques, Jésus dit à ses disciples qui l’interrogeaient sur la poursuite de sa Mission sur terre : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint, qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la Terre. A ces mots, sous leurs regards, il s’éleva et une nuée le cacha à leur vue. Et comme ils étaient là, les yeux fixés au ciel pendant qu’Il s’élevait, voici que deux hommes vêtus de blanc se trouvèrent aux côtés des disciples. Ils leur dirent : "Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. L’Ascension de Jésus est inspirée par celle du Prophète d’Élie, le seul et unique prophète de l’Ancien Testament qui n’est pas mort.
La signification de l’Ascension que la communauté catholique célèbre demain, est évidente pour ceux qui croient en l’Écriture. « Monter aux Cieux », c’est entrer dans la Gloire de Dieu, c’est exprimer visiblement tout ce qui est réalisé par la Résurrection. Jésus n’abandonne pas les hommes. Il annonce à ses disciples la venue de l’Esprit Saint (Pentecôte) et leur promet d’être avec eux jusqu’à la fin des temps pour annoncer au monde entier la Bonne Nouvelle du Salut. Ainsi, l’Ascension n’est pas un événement privé entre Jésus et les disciples. Elle préfigure notre vie dans l’Eternité. Elle prépare la venue de l’Esprit Saint qui permettra au message de Pâques de se propager au-delà du cercle restreint des disciples du Christ.
Nécessité et parfois illusion, l’ascension (sociale) est toujours un(re)commencement. Sans cesse, on doit se battre dans la vie, montrer à quel point elle est malléable pour ceux qui veulent la pétrir, et refuser d’être des poncifs romantiques. Dans une société « homogène », l’ascension sociale est une fierté et bien toujours bien acceptée. Le fils d’un employé des postes qui devient cadre supérieur, la fille d’un instituteur qui devient professeur des universités. D’une génération à l’autre, cela signifie des changements dans la façon de vivre, dans le train de vie, dans les revenus…
Notre temps voit-il l’ascension de cet œil ? Comme seul viatique, les jeunes n’entendent qu’un « débrouille-toi » cynique et/ou impuissant ou un « çà ira » aussi affectueux que vain. On pousse la jeunesse vers une « ascension », qu’elle réussisse, comme on pousse un chiot dans la rivière pour qu’il sache nager. Face à une ivresse d’époque, aucune limite, aucun interdit, aucun garde-fou.
C’est ainsi que pour certains, l’ascension doit se voir. Coûte que coûte. La transhumance géographique est le premier acte qu’ils posent. Ils découvrent alors La ville, jusque là, pour eux, un un espace délimité, contrôlé, sécurisé, infranchissable. Si l’on ne perçoit pas automatiquement tout à fait dans les langes de leur nouveau statut, ce qu’ils seront au juste, on voit déjà ce qu’ils ne sont pas.
Nulle humilité dans ces personnages, d’un cynisme effrayant et d’une rare hypocrisie. Pour eux, rien de plus important que leur place parce qu’il faut bien assurer la « rentabilité » d’un investissement (le compagnonnage) aux fins de pouvoir s’en donner à cœur joie avec la République, ses fastes, ses ors et ses deniers. Boulimiques, fanfarons et démagogues, n’ayant aucun sens de l’Etat, incapables de se réserver pour les batailles décisives, comme la lutte contre la pauvreté par exemple. Mais se réserver pour les batailles décisives, n’est-ce pas la marque des grands hommes ? Nulle idéologie, nul principe, nulle parole n’est supérieure à leur besoin de subvenir à leur infatigable soif de pouvoir, tels des vampires de la République, en drainant privilèges et fonctions. Cette « aristocratie » ou « oligarchie » se définie par le regard des autres, par la vision que le peuple en a, tout est une affaire d’images, symptôme général dont souffre d’ailleurs notre société.
Leur expression publique est folklorique et ils réagissent toujours dans un bégaiement, car souvent à court d’argument, cherchent le rapport de force.
En quelques années, on ne nous aura rien épargné : les voitures aux vitres tintées, précédées de gyrophares, les téléphones portables aux numéros masqués, les garde-corps en veux-tu en voilà, et les couacs d’une gestion de l’Etat où l’on croise les épouvantails de la représentation démocratique. Ils ont en commun certaines parades, telles que les nombreuses gesticulations, les bras levés au ciel plutôt que croisés ou repliés, histoire de se grandir. Ils se déplacent en bombant le torse, les jambes écartés pour faire « grave » et poussent de fréquents coups de gueule, qui sont, dans leur entendement, des démonstrations de puissance, histoire de conforter leur « autorité ». Ce sont les seuls à ne pas se rendre compte qu’il est inconvenant d’exiger de la majorité des Sénégalais compressions de dépenses, et de faire, dans le même temps, étalage de luxe. Indécent de se déplacer avec un tel déploiement de forces, sans susciter des interrogations sur cette forme puérile d’autoritarisme, la marque d’une immaturité politique.
Chez les hommes comme chez les femmes, encore aujourd’hui, leur indigence vestimentaire est simplement affligeante, parce qu’ils subissent littéralement leur costume. Huit ans après, leur dilemme (cornélien) est de se demander quel nœud de cravate convient le mieux à un col semi-italien ou s’il est de bon ton de porter des derbys avec un costume, s’ils ne ressemblent pas à des automates dans des boubous trop empesés. La plupart d’entre eux semble plutôt considérer que dès lors qu’ils revêtent les indispensables costume-cravate et paire de chaussures noires dont le cuir bêle encore comme le mannequin exposé dans la vitrine du magasin, tout va bien. Peu importe si leurs mauvais choix dans les tailles, les coupes et les combinaisons de couleurs font de leur tenue un accoutrement des plus ploucs et si ce que certains portent aux pieds sont des horreurs. Quand aux femmes, elles apparaissent tellement fardées et habillées souvent d’une manière inopportune, qu’elles ressemblent souvent à des arbres décorés pour Noël ! Il n’est point ici question d’attaque au physique mais d’étiquette éthique et d’esthétique sociale. Et le peuple, gâvé de ces scènes folkloriques, continue à regarder ces images, comme un « loisir » obligatoire. Entourés d’une Cour de paltoquets et d’intellectuels courtisans ils sont devenus mégalomanes au point de n’avoir aucunement l’intention « d’offrir » à personne, l’opportunité de devenir, es qualité un rival, encore moins, un successeur. Surtout, « s’il n’a pas de diplôme ». Qui peut imaginer Léopold Sédar Senghor ou Abdou Diouf se prêter à un tel langage ?
En regardant cette (tragique) pétaudière, et las des imprécations des gardiens de « l’église » républicaine, les Sénégalais, qui jusque- là étaient considérés comme des veaux, dessillés par les éclaboussures de cette classe « ascendante » se bougent. De toutes façons, il vient toujours un moment où les veaux sortent de leur silence : c’est quand ils approchent de l’abattoir. Am déét ? (n’est-ce pas ?)
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