Pourquoi Jean-Paul Dias et son fils, Barthélémy, ne sont pas poursuivis pour les mêmes motifs, alors qu'ils ont tenu, presque mot pour mot, les mêmes propos à l'endroit du chef de l'Etat et du pouvoir judiciaire ? Contre Jean-Paul Dias, il est retenu les préventions d'offense au chef de l'Etat, de menaces de mort et d'injures publiques. Mais, autant on peut comprendre que les menaces ne puissent concerner seulement un père qui se dresse en bouclier contre Me Wade et la justice sur les traces de son fils, autant on ne suit pas en revanche quand les chefs de diffusion de fausses nouvelles et d'outrage à magistrat sont réservés au seul Barthélémy. Alors qu'ils auraient pu l'être, également, contre Dias-père qui s'est offert un brin d'honneur dans la ‘reprise’ des termes d'‘assassin’, de ‘prévarication’ et de ‘voleur’ prononcés par le fils.
Pourquoi la chancellerie n'a pas appliqué cette sorte de maxime ‘tel père tel fils, mêmes incriminations’ à laquelle plus d'un pouvaient logiquement s'attendre ? En fait, les lignes de qualification dans ce traitement différencié des ‘rôles’ ou ‘torts’ respectifs des Dias tracent en même temps les contours de la conception même que Wade se fait de ses rapports avec les Dias. Tous les trois mots ‘incendiaires’ énoncés plus haut sont, dans l'absolu, passibles des qualifications aussi bien d'‘offense’ que de ‘fausses nouvelles’, voire d'‘outrage’. Mais, en s'estimant offensé uniquement par Dias-père, Me Wade tient, semble-t-il, à prendre une certaine distance ‘snobante’ à l'endroit du fils à qui il voudrait faire comprendre qu'il ne saurait boxer dans la même catégorie que lui, comme s'il voulait le renvoyer à ses homologues de classe des ‘jeunesses libérales’. Avec la modalité de distribution ‘offense au père et fausses nouvelles au fils’, la chancellerie infère une sorte de parallélisme catégoriel d'âge qui voudrait que Me Wade règle plutôt ses comptes personnels avec le père plus qu'avec le niveau abaissant du fils Dias, tout en ne se désintéressant pas, loin s'en faut, du ‘garnement politique’, Barthélémy qu'il a plutôt préféré réserver à d'autres niveaux juridico-institutionnels de ‘règlement et de redressement’. Alors refont surface des mots pratiquement de la même veine d'un Me Wade réagissant à une rude charge de son tout nouveau ex-bretteur, Me El Hadji Diouf, à qui il faisait savoir qu'étant jeune, ‘il était plus bouillant’ que le remuant avocat.
Cette posture permet à Me Wade de dégager toute responsabilité quant au sort très mal barré d'un jeune qui avait tout l'avenir devant lui. En se défaussant sur la prévention moins personnalisante, mais autrement plus grave, de diffusion de fausse nouvelles, ce versant ‘étatique de la diffamation’ (entre personnes), l'espace présidentiel semble anticiper pour dire, advenu le moment et magnanimité en bandoulière, qu'il n'avait pas affaire à Me Wade qui ne l'a pas poursuivi, mais au procureur de la République à qui Me Wade n'aurait en vérité fait que ‘refiler le bébé Dias’. Pour faire d'une pierre deux.
comptes : permettre à cette manche prolongée du marteau de l'Exécutif de taper pour lui-même (outrage à magistrat oblige), tout en redressant du coup le torts d'une autre offense, déclinée cette fois en ‘diffusion de fausses nouvelles’.
Reste à savoir si Barthélémy Dias, en troisième opposant à devoir répondre de ce délit politique sous le magistère Wade, aura la même fortune qu'Amath Dansokho et Ibrahima Sène.
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