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Politique

ABDOU FALL, 2e VICE PRESIDENT A L’ASSEMBLEE NATIONALE : « Il faut rationaliser le champ partisan »

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ABDOU FALL, 2e VICE PRESIDENT A L’ASSEMBLEE NATIONALE : « Il faut rationaliser le champ partisan »

Abdou Fall, 2e Vice-président à l’Assemblée nationale et membre du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) chargé d’assister le Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade dans son projet de réorganisation de sa formation politique, est d’avis que l’heure est venue au Sénégal d’une recomposition du champ politique. Il pense « que nous devons de plus en plus nous orienter vers la formation de grands pôles politique, pour rationaliser le champ partisan ». Dans cette interview, il revient sur les Ape, la crise au sein du groupe libéral, les assises nationales réclamées par l’opposition et sur d’autres questions d’actualité. 

On cherche à reconstruire le Parti démocratique sénégalais (Pds) en un grand parti présidentiel au moment où il est écartelé entre plusieurs tendances dont la plus marquante est celle du maire de Thiès, Idrissa Seck. Envisage-t-on son retour et quelle place dans la refondation ?

Le parti « Rewmi » (le mouvement de Idrissa Seck Ndlr) avait exprimé sa décision, à la suite de l’audience que le Secrétaire général national du Pds avait accordée à sa délégation pour discuter des conditions des retrouvailles, de donner mandat à son leader Idrissa Seck pour engager le dialogue dans ce sens. Me Wade avait marqué son accord de principe, tout en précisant que ce dialogue devait se faire au niveau du comité directeur du Pds. Je pense que dans le contexte de reconstruction, toutes les forces susceptibles d’apporter leur contribution sont à priori les bienvenues. Surtout celles, qui du point de vue doctrinale, appartiennent à la même famille politique que nous. C’est le cas notamment de Rewmi et de Warwi de Modou Diagne Fada, des membres des mouvements de soutien parmi lesquels ceux de la Génération du concret qui peuvent jouer un grand rôle dans le grand parti présidentiel en gestation. Je suis pour ma part un partisan résolu de l’ouverture et du dialogue qui est valable avec eux tout comme avec les autres composantes de la majorité présidentielle, notamment les membres de la Cap 21, de l’Urd et du Parti de la Réforme. Etant entendu qu’il ne peut y avoir d’exclusive encore moins d’exclusion à ce niveau.

Ce dialogue au sein de la famille comme avec les alliés devrait-il déboucher sur la formation d’un grand parti présidentiel ?

Au Pds, nous avons un chef. Il nous revient d’exploiter ce leadership fort pour jeter les bases d’une nouvelle force politique majoritaire capable à elle seule de garantir la pérennité de notre régime. Le président Wade est le seul aujourd’hui à pouvoir fédérer, et les forces centrifuges qui se retrouvent au sein du Pds, et la coalition présidentielle hégémonique qui gouverne le Sénégal.

La formation d’un grand parti présidentiel ne vise-t-il par ailleurs à rationaliser le champ politique caractérisé actuellement par de nombreux partis politiques ?

Je suis d’avis que nous devons de plus en plus nous orienter vers la formation de grands pôles politiques. Je pense à postoriori que le président Senghor n’avait pas tout à fait tort à l’époque de proposer un multipartisme encadré. La formule des courants de pensée n’était peut-être pas heureuse en ce moment, mais aujourd’hui, je crois que le moment est venu pour que l’on s’oriente vers un regroupement des familles politiques afin de rationaliser davantage le jeu partisan.

Par ailleurs votre pratique de la gouvernance semble induire une inversion des valeurs. Partagez-vous un tel jugement ?

Bien entendu non, je ne partage pas une telle appréciation qui est sans fondement. Le Pds comme tout parti politique est un corps social. Il est le produit de sa propre histoire. Il a connu, il ne faut jamais l’oublier, un parcours de combattant de 26 ans. Il a mené des combats dans un environnement particulièrement féroce. On n’en sort pas intact. C’est donc un parti qui a développé de fortes capacités de résistance et qui est arrivé au pouvoir dans le cadre d’une coalition. Il doit gérer maintenant sa propre mutation de parti de combat et de résistance en parti de gouvernement et de développement. Tout cela dans un environnement où il est en alliance avec d’autres forces et où également il absorbe d’autres forces. Dans un tel contexte où plusieurs forces s’agrègent autour d’un noyau, ceci est de nature à exacerber les contradictions internes.

Moi qui ai la chance d’être à la fois un homme d’appareil et de terrain, je ne m’en émeus pas outre mesure. Je considère que l’on s’en tire même à très bon compte par rapport à ce que nous aurions pu connaître si nous ne disposons pas de l’autorité et du leadership du président Wade. C’est là un atout majeur pour notre parti.

Tendon d’Achille aussi car le Pds est le seul parti politique au Sénégal où les fonctions sont dévolues par le Secrétaire général national exactement comme un Premier ministre qui nomme ses ministres et autres directeurs.

Le Pds a ses règles, méthodes et procédures codifiées dans nos statuts et notre règlement intérieur. Les pouvoirs au sein du parti s’équilibrent entre le Secrétaire général national et les organes de bases. Autant le Secrétaire général national dispose du pouvoir de nomination au sein des organes exécutifs, autant ce sont les secteurs, sous sections, les sections et les fédérations qui décident des choix au niveau des structures de base..

Personne ne peut contester la décision du Secrétaire général cependant. Cela ne pose-t-il problème dans un parti qui se veut démocratique ?

Une démocratie se gère (rires). Me Wade a, il est vrai, un statut de père fondateur avec qui les militants entretiennent des rapports qui sont à la fois d’ordre affectif et politique. Et au-delà de notre parti, il représente un symbole qui lui confère un statut de guide et d’arbitre.

Le jour où l’arbitre s’en irait, le parti est à veau l’eau ? Que faites-vous pour inverser une telle logique ? Dans la foulée où en sont les travaux du comité de réforme du parti dont vous êtes membre ?

En ce qui concerne les réformes du parti, il faut dire que c’est le Secrétaire général national en personne qui en assure la gestion. Notre rôle est de l’assister dans ce projet de réorganisation et de restructuration que j’avais appelé refondation et que d’autres appellent autrement. Les appellations importent peu. Ce qui importe pour moi, c’est la construction d’un parti présidentiel unifié, capable à lui seul de nous garantir une majorité électorale stable et durable. Ce qui est sûr et certain c’est que le président Wade qui est dans les circonstances historiques actuelles, le seul à être investi d’une autorité suffisamment forte pour engager ces réformes. Maintenant, il le fera naturellement avec les acteurs qui accepteront de s’associer à ce projet. Pour ma part, j’attends qu’il en définisse les termes de références, le cahier de charge. Je trouve cependant que c’est là, un chantier passionnant dont il sera difficile de faire l’économie pour notre parti. Il est vrai que cela n’est pas simple avec un leader charismatique qui créé un parti, accède au pouvoir et désire jeter les bases d’un renouveau. Je pense qu’Abdou Diouf n’a jamais pu contrôler l’appareil du Parti socialiste (Ps). Depuis le départ du père fondateur, Léopold Sédar Senghor, personne n’ a hérité du Ps en tant que tel. Ils avaient entrepris de créer une force politique nouvelle sur les bases de l’ancien parti avec les projets de rénovation, d’ouverture, de refondation etc. A l’arrivée : on sait ce qu’il en est advenu. Comment renouveler le leadership sans casser l’organisation ? Question de fond. Il faut savoir gérer les mutations politiques avec lucidité, maturité et savoir-faire. C’est en tout cas là un challenge passionnant.

L’actualité c’est aussi la question des Ape. Pourquoi tant d’agitation de la part des Sénégalais sur la question des Ape ?

La valeur d’un leader politique se mesure dans sa capacité à formuler des réponses précises sur les grandes questions qui agitent son pays et son époque. Le président Wade n’a jamais été pris à défaut dans ce domaine. Qu’il s’agisse du Nepad, l’unité africaine, de la solidarité numérique, de la facture pétrolière, de la fracture agricole, la lutte contre l’avancée du désert…

Sur toutes ces grandes questions dont la solution conditionne le développement de notre continent et de nos pays, le président Wade est porteur de projets clairs, documentés, cohérents qui le positionnent comme un acteur politique majeur de son temps. C’est toujours dans cette perspective qu’il faut situer les prises de positions fortes qui sont les siennes et qu’il partage avec d’autres leaders politiques du continent, sur la question des Ape.

Une question essentielle à se poser. Les accords de Cotonou signés en 2000 ont été précédés par ceux de Yaoundé et de Lomé, étalés sur plus d’une dizaine de programmes qui n’ont jamais donné les résultats attendus en termes de développement de notre continent dans le cadre de notre partenariat avec l’Europe. Cette seule raison ne devrait-elle pas justifier que nous ayons le courage, tous ensemble, Européens et Africains d’accepter de nous mettre autour d’une table pour enfin tirer les leçons de nos échecs et tracer les lignes de forces d’une démarche novatrice basée sur le dialogue, le consensus, l’équilibre des avantages entre les différentes parties en négociation. Qui ose refuser aux Africains le droit de réclamer que nos experts confrontent leurs projets sous l’œil vigilant des dirigeants politiques ? Pourquoi devrons-nous accepter que l’Europe déjà forte nous impose de dialoguer unie avec nous en nous privant, nous les plus faibles, du droit de réclamer que l’on nous accorde la possibilité de répondre d’une seule voix dans le cadre de l’Union africaine à leurs propositions et sollicitations ? Jusque-là, ce sont les Européens qui élaborent leurs propres politiques et qui invitent les Africains à les accepter. Le président Wade ne dit pas autre chose. Il réclame un dialogue entre les experts autour des Apd en alternative aux Ape. Il réclame le respect du parallélisme des formes entre l’Europe unie et l’Afrique unie.

C’est aussi le lieu de signaler qu’un partanariat stratégique bien compris entre l’Europe et l’Afrique dans un contexte d’émergence d’autres pôles alternatifs de développement commande, l’adoption de nouvelles règles fondées sur la solidarité, la co-responsabilité. L’Europe et les Etats-Unis qui représentent 24 % de la population mondiale contrôlent entre leurs mains 76 % de la richesse mondiale. Ce déséquilibre carastéristiques des inégalités entre nations riches et nations pauvres ne peut être rompu dans une perspective de redressement salutaire pour nos nations que dans le cadre d’un partenariat de type nouveau qui met en avant le souci de promouvoir le développement intégral et durable de notre continent. L’Europe doit engager par conséquent un dialogue franc avec l’Afrique de façon globale. Cette question des Ape doit constituer l’occasion d’une prise de conscience des dirigeants de nos deux continents unis par l’histoire, de l’extrême urgence de faire face aux problèmes d’inégalités et aux crises identitaires qui constituent de puissants facteurs de tension et de crise à l’intérieur des nations et entre les nations.

Qu’en est-il de la crise qui a agité l’Assemblée nationale avec le départ réclamé de son président ? Cette question est derrière nous. La page est tournée. Il s’est agi d’une crise politique au sein de notre groupe parlementaire qui a trouvé une solution politique dans nos rangs.

En quoi le président de la République était-il fondé à demander au président de l’Assemblée nationale de démissionner ?

Cette demande n’a jamais émané du président de la République. Encore une fois, c’est le Secrétaire général national du Pds, chef du groupe politique majoritaire à l’Assemblée nationale qui est intervenu auprès d’un responsable de son parti, membre de ce groupe pour aider à dépasser une situation conflictuelle qui était de nature à vicier le fonctionnement de l’institution parlementaire. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les démarches d’arbitrage du Secrétaire général qui ont débouché en fin de compte sur le dénouement connu de tous.

Avec le concours cependant du Khalife général des mourides !

Vous savez c’est un atout pour le Sénégal de compter dans nos rangs des guides spirituels à l’autorité reconnue de tous et qui, dans des circonstances déterminées, peuvent intervenir auprès des acteurs politiques et sociaux pour faciliter des médiations en matière de prévention ou de gestion de conflits. Dans le cas d’espèce, c’est l’intervention du président Wade qui a été sollicitée en vue de dénouer une crise qui opposait des membres de sa famille politique. Il est heureux qu’il ait accepté cette demande en invitant les parties en conflit au sein du groupe majoritaire à dépasser cette crise tout en renforçant l’autorité du groupe parlementaire sur l’ensemble de ses membres.

L’intervention du Khalife ne profite-t-il pas plus à votre régime qu’il ne profite au peuple ?

Non, cela profite plus au pays tout entier. Il y a des Etats qui ne disposent pas de ces instruments de régulation de sorte que quand des conflits y naissent cela débouche le plus souvent sur des situations très pénibles. Chez nous existe un équilibre que renforce ce mécanisme.

Vous avez décidé de participer aux élections locales que vous dites se tenir à date. Comment et avec qui ?

Les élections locales se tiendront à date. Le président de la République a été très clair là-dessus. Un comité est mis en place autour du secrétaire national chargé des Elections, le frère Omar Sarr pour préparer les investitures et de travailler sur la stratégie électorale du parti.

Les nouvelles entités régionales qui vont être créées ont-elles été prises en compte pour les futures élections locales ?

Les textes sont en préparation. Ils seront soumis au Parlement pour être votés entre janvier et février. Les textes sont en préparation au niveau du ministère de la Décentralisation. La date limite pour le dépôt des candidatures pour les élections locales est fixée pour le 18 mars prochain.

Le mode d’élection des maires pose de plus en plus problème en démocratie. Pensez-vous changer le mode d’élection de sorte à faire élire le maire au suffrage universel direct ?

Il y a là matière à réflexion évidemment. Mais il faut avouer que la question est complexe. Car si l’on verrouille en amont, on peut créer une dispersion des voix. Je pense cependant que les recommandations issues des assises nationales sur la décentralisation peuvent constituer une base de discussion en vue de l’approfondissement de la politique de décentralisation de notre pays. Je suis un militant résolu de la démocratie à la base. Il faut que le pouvoir citoyen s’exprime pleinement au niveau des collectivités locales. Le transfert de pouvoir doit s’accompagner doit s’accompagner d’un transfert conséquent des moyens de façon à ce que la citoyenneté participative puisse s’exprimer pleinement dans nos communes, et communautés rurales.

Par ailleurs que pensez vous des assises nationales que préconise l’opposition ?

C’est une demande sans objet en ce qu’elle constitue une négation de l’expression des citoyens de notre pays. La politique nous soumet à un double impératif : un impératif de légitimité que confère le suffrage universel et un impératif de performance qui s’évalue à l’aune des résultats de notre politique. Notre pays a réalisé ses huit dernières années en termes d’infrastructures et de résultats dans le domaine politique, économique, social et culturel, des niveaux de performances que seuls des pays qui ont bénéficié d’une manne pétrolière ont pu obtenir dans des délais comparables aux nôtres. C’est sur la base justement de ces performances que le peuple sénégalais dans son écrasante majorité a renouvelé sa confiance au président Wade, à son parti et à la coalition qui l’accompagne. Les résultats de ces élections ont par ailleurs été marqués par trois faits majeurs : l’hégémonie du bloc libéral sur l’espace politique national, la confirmation du rejet des partisans de l’ex-régime Ups-Ps et l’effondrement spectaculaire des partis anciennement Marxiste-Léniniste. Je pense que l’opposition devrait plutôt organiser ses propres assises pour évaluer les facteurs de ses échecs au lieu de vouloir engager le pays dans des débats sans objet. Le peuple sénégalais a radicalement fait le choix de la consolidation des acquis de l’alternance, de la poursuite des réformes initiées par le président Wade depuis 2000, de l’accélération du processus unitaire du continent. Si notre opposition arrive à se décomplexer pour accepter comme cela doit être cas dans une démocratie de référence comme la nôtre, la reconnaissance effective du fait majoritaire, je pense nous pouvons envisager avec elle, un dialogue politique sain. Dans le respect des institutions de la République sur toute question dont le président de la République souhaiterait recueillir l’avis de la classe politique tant qu’il en avait déjà exprimé en 2000 la volonté en proposant lui-même dans la constitution un statut du chef de l’opposition.

Propos recueillis par la Rédaction.

EXERGUES

1/ Au Pds, nous avons un chef. Il nous revient d’exploiter ce leadership fort pour jeter les bases d’une nouvelle force politique majoritaire capable à elle seule de garantir la pérennité de notre régime.

2/ Senghor n’avait pas tout à fait tort à l’époque de proposer un multipartisme encadré. La formule des courants de pensée n’était peut-être pas heureuse en ce moment…

3/ l’opposition devrait plutôt organiser ses propres assises pour évaluer les facteurs de ses échecs au lieu de vouloir engager le pays dans des débats sans objet



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