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Politique

ABDOULAYE DRAME, DEPUTE LIBERAL SUR LA SUCCESSION DE WADE « Macky et Karim veulent tous les deux être président »

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ABDOULAYE DRAME, DEPUTE LIBERAL SUR LA SUCCESSION DE WADE « Macky et Karim veulent tous les deux être président »

Les querelles de personnes qui minent le Parti démocratique sénégalais (Pds) sont-elles liées à une guerre de succession de Me Abdoulaye Wade à la magistrature suprême ? En tout cas, dans cet entretien qu’il nous a accordé, le député libéral, M. Abdoulaye Dramé déclare, sans ambages, que toute cette guéguerre née de la convocation du président de l’Anoci devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, est la résultante d’un choc d’ambitions entre Macky Sall et Karim Wade, le fils du président de la République.

À en croire le député de Thiès, les deux « protagonistes » ont tous les deux des ambitions présidentielles. Dans le même temps, ce serviteur du parti de Me Wade, dans la capitale du rail, a levé un coin du voile sur les raisons politiques qui motiveraient la détermination de ses « frères » libéraux à faire quitter le président de l’Assemblée nationale du perchoir. Toutefois, le vice-président du Comité exécutif départemental de Thiès, structure provisoire qui réunit les libéraux du Pds de cette ville, demande à Macky Sall de rendre le tablier, pour éviter tout bras de fer avec la direction du Pds. Entretien

Le matin  Vous êtes député à l’Assemblée nationale et vice-président du comité exécutif départemental de Thiès qui actuellement est la structure provisoire des libéraux de la capitale du rail même si elle est contestée par certains. Aujourd’hui, quelle est la position des libéraux de Thiès concernant l’affaire Macky Sall ?

Abdoulaye Dramé Le Comité exécutif départemental de Thiès, qui regroupe 90 % des responsables libéraux du département de Thiès, ne s’est pas encore prononcé sur la question. Voilà pourquoi je ne pourrais pas vous donner une réponse qui engage le comité exécutif départemental. Mais, je peux vous donner mon avis personnel en tant que responsable libéral.
Macky Sall, c’est le peuple qui l’a élu en tant que député. Par conséquent, on ne lui demande pas de démissionner de son poste de député. Et le président ne le lui a pas demandé, il n’en a pas les prérogatives. C’est à ce niveau qu’il faut éclairer l’opinion. Le président lui a demandé de démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale puisque c’est le président Wade qui l’a choisi comme président de l’Assemblée nationale. Il pouvait me choisir ou n’importe quel autre député du Groupe libéral et par discipline de parti, les députés voteront la proposition. Alors, puisque le président Wade a une telle prérogative, il peut demander à Macky Sall de démissionner de la présidence de l’institution. Ce que ce dernier devait faire sans créer tout ce bruit. Et c’est cela la réalité politique. Il faut savoir que le combat politique n’a pas de logique et soit on est victime soit on est acteur.

N’êtes-vous pas en train de confirmer le fait qu’au Sénégal la séparation des pouvoirs n’existe que de nom ?

Écoutez, il faut qu’on se dise la vérité ; la séparation des pouvoirs c’est dans les textes. Et ça s’arrête là. Le député qui est élu suite à une proposition de son Parti et qui appartient à un groupe parlementaire, n’a rien à voir avec la volonté populaire. C’est une dépendance politique. Il n’y a aucun député qui ose, en ces termes, défier la volonté de son Parti et cela se passe comme ça dans tous les pays du monde, aussi bien au Sénégal qu'en France et aux États unis.

Mais, dans ces pays, il arrive souvent que des députés rament à contre-courant avec leur Parti ?

Je vous dis que cela n’existe ni en France encore moins aux États unis. Exceptionnellement, en France, le socialiste Jack Lang, quand il fallait voter une loi proposée par le camp présidentiel, il a pris ses responsabilités pour avoir une position personnelle, contraire à celle de son parti. Mais ça existe au Sénégal exceptionnellement, des députés ont refusé de suivre le mot d’ordre de leur parti. Actuellement, aux Etats unis, avec la crise qui secoue les banques, Bush a demandé aux élus, avec le soutien des deux candidats, de permettre le décaissement de 700 milliards de dollars pour sauver les banques de la crise.
C’est un exemple pour montrer qu’il y a les textes d’une part et la réalité politique de l’autre. Donc, dans un groupe parlementaire, il y a ce qu’on appelle une discipline de parti. Quand on est en politique, cela n’a rien à voir avec la volonté populaire.

Mais est-ce que vous pouvez séparer la politique de l’intérêt des populations ? C'est-à-dire la volonté populaire parce qu’en principe quand on fait de la politique, ce n’est pas au détriment des populations.

Justement, c’est ce que je disais tout à l’heure. Il ne faut pas mélanger les choses. Moi, en tant que député, si on avait fait une proposition de loi contraire à ce que veulent les Sénégalais, je ne la voterais pas et je l’ai fait à plusieurs reprises. Il est même arrivé que l'on me taxe d’opposant. C’est cela le rôle du député qui n’a rien à voir avec le militant. Un militant doit respecter les règles, le règlement intérieur et la discipline de parti. Je vous ai dit que je n’ai pas de problème avec Macky Sall et pourtant quand il était numéro deux, il m’avait toujours combattu et je n’ai jamais fait de déclarations malveillantes en son endroit. Et pourtant, je pouvais bien le faire mais ce n’est pas mon problème.

Vous trouvez normal qu’à chaque fois que le Pds a des problèmes, ce sont les institutions de la République qui sont utilisées comme armes même si c’est le secrétaire général de ce parti qui est le chef de l’État ?

C’est là où je ne suis pas d’accord puisque personne n’a le droit de paralyser les institutions. Parce que l’État est sacré. L’État, ce n’est ni Abdoulaye wade encore moins personne d’autre. Le président de la République a un mandat et il ne fait que symboliser l’Etat pendant un temps bien déterminé. Alors que l’Etat demeure. Par conséquent, il doit le préserver. Présentement, c’est le Pds qui commande et chacun à sa partition à jouer dans la préservation de cet Etat.
Et c’est là où je ne suis pas d’accord avec Macky parce qu’il veut utiliser l’Assemblée nationale comme une arme, il a été choisi par président de la République comme président de l’Assemblée nationale. Quand celui-ci le lui réclame, il devait s’exécuter.

Qui a réellement transposé le combat à l’Assemblée nationale. L’origine de la brouille c’est parce que Macky a voulu faire son travail en convoquant Karim pour qu’il s’explique sur les chantiers de l’ANOCI ?

Là également, il y a amalgame. Ce n’est pas parce que Karim a été convoqué à l’Assemblée qu’il y a eu des problèmes, non. C’est la commission des Finances qui a voulu vérifier les travaux de l’ANOCI. En sa qualité de président de l’Assemblée nationale, il a écrit la lettre en commettant une erreur qu’il a lui-même reconnue par la suite. Le problème qui s’est posé, c’est qu’il était le numéro deux du parti et le bras droit du président de la République, et les textes indiquent clairement qu’il fallait d’abord prendre l’attachement du président de la République puisque l’ANOCI dépendant de la Présidence. Ce qu’il n’a pas fait en tant bras droit du président. Voilà ce qui a provoqué la colère du président et cela se comprend. Il ne faut pas faire de confusion en faisant croire aux Sénégalais que c’est parce que Karim a été convoqué à l’Assemblée nationale qu’il y a eu tous ces problèmes-là.

Donc, c’est parce que le président n’est pas content du comportement de Macky qu’il y a tous ces problèmes ?

Mais non, je veux simplement vous expliquez que Macky Sall a trahi la confiance du président. Et deuxièmement, il n’a pas respecté les textes. Ce qui est important c’est que le président de l’Assemblée nationale, en jouant sa partition dans la préservation de l’Etat, doit démissionner afin d’éviter cette confusion. Il doit prendre de la hauteur. Les socialistes, Habib Thiam ou encore Daouda Sow, ont vécu presque la même chose, mais ils ont démissionné. Donc, je dis que Macky a le droit de briquer la présidence de la république, il a le droit d’avoir des ambitions, mais il ne doit pas utiliser l’Assemblée nationale comme un tremplin.
On doit respecter les Sénégalais en ne déplaçant pas nos combats au niveau des institutions et les limiter dans le cadre du parti, d’autant plus que les institutions sont des symboles. Personne n’a le droit de les manipuler. Elles n’appartiennent ni au Pds ou à un quelconque parti. Il n’a qu’à démissionner de la présidence. Cela ne l’empêchera pas de rester député du peuple. Maintenant, s’il veut briguer le suffrage des Sénégalais, il n’a qu’à proposer sa candidature si le Pds le rejette, il a la latitude de quitter le parti et de créer son propre parti et aller à l’assaut des suffrages des Sénégalais en s’appuyant sur ses amis et partisans.

Vous lui conseillez de faire comme Idrissa Seck ?

Ce que je dis, c’est qu’il doit prendre ses responsabilités. Il peut aussi méditer sur le cas Mbéki qui a été élu par son parti et quand le parti lui a demandé de démissionner, il l’a fait alors qu’il occupait la présidence de la République de l’Afrique du Sud.

Donc, c’est la question de la succession qui est à l’origine de toute cette brouille. Macky aurait-il des ambitions présidentielles ?

Il ne l’a pas dit ouvertement, mais tout le monde sait qu’il veut être président et il n’est pas le seul parce que Karim aussi veut être président même si lui aussi il ne l’a pas encore dit ouvertement. Il y en a d’autres qui ont les mêmes ambitions, mais ils n’osent pas parler parce qu’il y a le président Wade qui est là. Ce qu’il a de mieux à faire c’est de démissionner de la présidence de l’Assemblée, garder son poste de député et rester à l’écoute du président de la République. Maintenant, au moment des élections, s’il veut véritablement être président de la république, il n’a qu’à créer son parti parce qu’il sait pertinemment que le Pds ne va jamais l’investir comme son candidat et il le sait mieux que quiconque.

Par rapport maintenant au mandat qu’on veut faire passer de cinq à un an, qu’est-ce que cela va apporter aux Sénégalais d’autant plus que c’est la constitution qui a fixe la durée du mandat du président de l’assemblée ?

Vous savez la constitution est une œuvre humaine. Par conséquent, c’est un ensemble de textes qu’on peut changer. Les textes aussi, il faut reconnaître qu’ils doivent évoluer selon les circonstances et les urgences. L’article 162 de la constitution stipule effectivement que le mandat du président de l’Assemblée est de cinq ans et les autres membres du bureau voient leur mandat renouvelé chaque année. Les textes nous permettent de modifier aussi bien la constitution que le règlement intérieur. Le député Sada Ndiaye a fait une proposition de loi et il a donné ses raisons. Mais moi, je peux vous dire que je ne suis pas d’accord sur le fait qu’on change de manière constante les articles de la constitution. Mais il faut accepter que, dans certaines circonstances, il faut pour décanter la situation, accepter certaines choses. Je suis député et je peux te dire ce qui anime les députés à l’Assemblée nationale.

Alors, de quoi sont-ils animés à l’Hémicycle ? Le fait de placer le Sénat au-dessus de l’Assemblée nationale ne plaît à aucun député de l’Assemblée parce que les sénateurs sont nommés et les députés sont élus.

D’ailleurs, d’aucuns disent que c’est une stratégie pour installer quelqu’un à la tête du pays ?

Non, je veux juste vous dire ce qui nous fait mal, nous, en tant que députés. La deuxième chose qui nous fait mal, c’est les blocages que l’on note à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, l’Assemblée à des problèmes de trésorerie, ce qui nous empêche de pouvoir mener nos missions à l’étranger par exemple et tant d’autres problèmes. Et tout cela politiquement, on peut comprendre que c’est pour faire quitter Macky Sall à la tête de l’institution. Alors, on ne peut pas accepter qu’à cause d’une seule personne que l’Assemblée soit bloquée.
Lui-même il devait comprendre une telle situation et quitter de son propre chef pour mettre à l’aise et les députés et le président de la République. S’il ne le fait pas, mais les députés constatant la situation et pour éviter que l’institution continue d’être pris en otage, se sentent dans l’obligation de trouver des stratégies pour décanter la situation et ça se comprend aussi.

Est-ce que vous voterez la proposition de loi du député Sada Ndiaye ?

Je vous ai dit que je suis un militant discipliné. Mais je ne voterai jamais une loi contre les intérêts des populations. Par rapport à la proposition de loi, j’avoue que je ne l’ai pas encore vu. J’attends de la recevoir pour pouvoir me prononcer.  



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