Faiblement représentées dans les sphères décisionnelles, les femmes ont bataillé ferme, durant plusieurs décennies, pour décrocher l’adoption de la parité par le Parlement en mai 2010. Cette nouvelle disposition ouvre de belles perspectives pour cette couche qui représente près de 52% de la population sénégalaise. Elles ont emporté une paire de la manche. Mais, il reste un gros travail à faire. La sensibilisation pour lever les équivoques et la formation, ou du moins, la mise à niveau des femmes, sont de nouveaux défis qui s’imposent.
A vous de jouer, Mesdames !
Cinquante. Cinquante. C’est cela la parité. Désormais, dans tous les postes électifs, l’effectif de femmes sera identique à celui des hommes. La voie est, maintenant, bien balisée pour que les femmes soient dans les plus hautes sphères de décision. Si, évidemment, la loi sur la parité est promulguée par le chef de l’Etat sénégalais. En tous cas, avec cette loi sur la parité, le Sénégal est loin de l’époque où la politique se conjuguait strictement au masculin. Loin de l’époque où les femmes, confinées dans la sphère privée, servaient de tremplin aux hommes pour accéder au pouvoir.
Etant les épouses, sœurs, cousines, nièces, leurs rôles se limitaient à mobiliser leurs consœurs pour une élection éclatante de leurs maris, frères, cousins, oncles... Et ça s’arrête là ! En attendant d’autres joutes électorales. Et, elles étaient encore prêtes à réélire et faire réélire leurs hommes. Elles ignoraient complètement les tenants et les aboutissants des décisions prises par ces derniers qui, il faut le confesser, ne prenaient pas, toujours, en compte les préoccupations des femmes
Résultat : pendant longtemps, l’éducation et la formation des femmes n’étaient pas une priorité. Elles étaient, plutôt, enclines à cultiver l’excellence dans la gestion du foyer. Etre une bonne mère, une bonne épouse, tels étaient les critères établis pour distinguer une bonne femme. Toutes celles qui essayaient de transgresser cette construction sociale étaient mal vues. Et, nombreuses sont les femmes qui ont récolté des quolibets pour avoir défié cette vision d’une société qui ne voyait pas la femme au-delà du seuil de son domicile. Mais, entre ces moments et aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’ère de la reconfiguration du paysage politique pointe à l’horizon. Même s’il reste encore du chemin à faire pour qu’hommes et femmes soient vus et considérés de la même manière dans nos sociétés. Qu’elles accèdent aux mêmes responsabilités, quand elles sont à compétences égales avec les hommes. C’est d’ailleurs tout le sens du combat que mènent les acteurs de la promotion de la femme qui n’ont qu’un seul souci : restaurer l’équilibre dans les rapports sociaux de sexe.
La voie empruntée est certes tortueuse, du fait, particulièrement, des pesanteurs socioculturelles. Mais, à force d’audace, des victoires éclatantes ont été remportées dans la lutte contre les discriminations dont les femmes sont victimes. En atteste le vote du Code de la Famille en 1972 sous la houlette de la regrettée Caroline Diop. Première femme député et ministre. Cette loi était qualifiée, à l’époque, de révolutionnaire. Mais, aujourd’hui, sa révision est, de plus en plus, agitée. Les défenseurs d’une telle thèse souhaitent l’intégration, dans le Code de la Famille, de la notion d’autorité parentale en lieu et place de celle de puissance paternelle qui consacre tous les droits relatifs à l’éducation de l’enfant, à son entretien, à sa garde, à la charge exclusive du père.
Au rang des acquis, figure également l’instauration des quotas dans les listes électorales. Cette mesure n’a pas été une réussite (les femmes étaient placées en queue de liste). Elle a été vivement décriée, parce que les femmes n’étaient jamais élues. A la place, la parité est revendiquée. La loi sur la parité étant adoptée par les parlementaires, les femmes ont, désormais, les coudées franches. Elles vont siéger, à nombre égal que les hommes, dans les institutions totalement ou partiellement. Et les prérogatives de la loi sur la parité se limitent, strictement, au domaine politique. Toutes les extrapolations faites çà et là s’inscrivent dans une perspective de brouille pour que les populations ne saisissent pas la quintessence d’une telle mesure et n’adhèrent, par conséquent, pas à son application effective. Donc, l’objectif premier pour celles qui se sont battues pour en arriver à ce stade est de faire comprendre cette loi qui n’est pas, somme toute, contre les hommes. Elle entre plutôt dans le cadre global du respect des droits humains, de la lutte contre toutes les formes de discriminations.
La parité fiscale, entrée en vigueur en 2008, fait, également, partie des batailles remportées, avec brio, par les femmes. Pendant longtemps marginalisées, elles payaient plus d’impôts que les hommes. Simplement, parce que les barèmes utilisés n’étaient pas les mêmes pour les deux sexes. Heureusement, cette injustice a été réparée. Maintenant, pour que la carte maîtresse que détiennent les femmes soit utile, il faut que la solidarité féminine, qui leur fait toujours défaut, soit au rendez-vous.
Que les femmes mobilisées pour parvenir à une conquête pareille montrent à la face du monde qu’il ne s’est pas agi d’une unité de façade. Pour cette raison, la confection des listes électorales doit se faire sur la base de critères objectivement établis. Lesquels doivent être respectés par tous. Parce qu’une chose est de réclamer la parité, une autre est de savoir qui mettre sur les listes électorales.
Quelles femmes peuvent faire gagner les listes ? Cette question mérite réflexion. Si non tous les jalons qui ont été posés pour parvenir à cette parité n’auront servi à rien. Alors, pour que le combat serve à quelque chose, il faudrait que les femmes poursuivent cette unité qui leur a fait gagner. Mesdames, à vous de jouer maintenant !
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