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Politique

ACCUSATIONS - Journalistes après l’issue de la présidentielle du 25 février : Les «têtes brûlées» devant le tribunal des revanchards

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ACCUSATIONS - Journalistes après l’issue de la présidentielle du 25 février : Les «têtes brûlées» devant le tribunal des revanchards

Depuis la victoire de Me Wade, des têtes bien pensantes issues de la mouvance mainstream estiment devoir organiser le procès d’une presse privée accusée d’avoir manipulé en vain une opinion publique souveraine. Mais à l’épreuve des faits, et même en tenant compte des insuffisances professionnelles de cette presse-là, on se rend compte qu’il s’agit bien au fond de faire triompher une stratégie politique de neutralisation des médias mal pensants à l’orée d’un quinquennat plein d’enjeux.

Il se pose depuis le soir du 25 février les jalons d’une chasse aux sorcières vindicative contre les journalistes d’une presse dite d’opposition. Celle-ci se serait lourdement trompée sur l’issue d’une élection présidentielle pour laquelle elle aurait pris partie, évidemment contre le candidat…Abdoulaye Wade. Elle aurait développé à l’intention de l’opinion publique nationale et internationale, pendant sept ans, les bases d’un argumentaire de vote sanction contre l’ex-futur président de la République. Elle se serait ainsi mise dans la peau d’un donneur de leçons insatiable, finalement désillusionné par une souveraineté populaire implacable et sans appel. Cette presse-là est l’objet de tous les sarcasmes, accusée de tous les maux, inventrice de situations déstabilisatrices et, à la limite, pernicieuses pour l’unité nationale et pour sa propre crédibilité.

Mais franchement, on serait bien heureux que les procurateurs des lendemains électoraux arrêtent cette manipulation stratégique d’une réalité pourtant consternante de simplicité. Devant le choix souverain, jusqu’à preuve du contraire, des électeurs sénégalais, les journalistes auraient mérité la potence s’ils avaient publiquement et solennellement pris cause contre un nouveau mandat de Me Wade. Les faits semblent tout autre : les procurateurs de la presse, comme des loups, ont hurlé pour hurler en s’appuyant sur le déplacement insidieux d’une réalité objective vécue pendant le septennat libéral vers un terrain de confrontation idéologique et partisane à des fins revanchardes. Ils cherchaient une vengeance contre cette presse impertinente qui, hier, sous le régime de Diouf comme aujourd’hui sous celui de Me Wade, s’est attelée à accomplir un vrai travail de service public, avec les manquements inhérents à ses difficultés quotidiennes. En fait, sans avoir le courage de le leur signifier en clair, on reproche aux journalistes d’avoir assuré un travail de surveillance démocratique des actes posés par le pouvoir politique dans un environnement où des contrepoids institutionnels, comme l’Assemblée nationale, ont totalement démissionné de leurs prérogatives constitutionnelles. On reproche aux journalistes d’avoir poussé, pendant sept ans, le pouvoir de Me Wade à se remettre en cause, à se ressaisir de ses turpitudes, à donner un sens à la bonne gouvernance économique et financière, à donner un contenu réel à la séparation des pouvoirs, à châtier les responsables politiques et administratifs coupables de malversations…

LE FOND DU LYNCHAGE

On reproche aux journalistes d’avoir étalé des faits qui ont mis «en colère» une bonne partie de l’opinion publique et ouvert les yeux à beaucoup sur une certaine réalité sénégalaise. C’est surréaliste, mais c’est cela le fond du lynchage ! Les procurateurs sont dans une logique d’enfouissement des faits sous un linceul de silence car de toutes les manières, et selon eux, il fallait se taire sur tous les scandales survenus depuis l’an 2000, se boucher les oreilles et fermer les yeux sur tout. En fin de compte, on a reproché aux journalistes d’avoir fait un travail de base axé sur la livraison d’informations adossées à des faits bruts, d’avoir cherché à comprendre comment ces faits pouvaient être en relation avec des principes établis de gouvernance, d’en avoir très (trop ?) souvent apporté une lecture propre à travers quelques coups de gueule bien sentis. C’est un crime cela ? Ce qui dérange fondamentalement, c’est l’explosion médiatisée de faits qui n’auraient jamais dû échouer sur la place publique. Or, cela a eu lieu, cela a choqué, mais cela doit continuer parce que cette chasse aux «têtes brûlées» qui ne dit pas son nom a un objectif : disposer une chape de plomb sur la tête des journalistes, les mettre mal à l’aise et orienter les plumes et les voix vers plus de «retenue». L’heure est à la neutralisation de la presse à qui on cherche à «foutre» le complexe en la mettant face à des manquements «énormes.» C’est dommage et absurde qu’une telle posture prenne pied dans la profession car de toute évidence, tout le monde est d’accord sur la nécessité, pour la presse, de tendre vers un professionnalisme plus hardi, moins sujet à la corruption et aux polémiques parce qu’elle a encore en elle des travers qui décrédibilisent son travail. Elle se doit d’être moins partisane, plus froide et plus vigilante sur les contenus qu’elle livre au public. Mais, qu’elle conserve sa liberté et le ton qui sied aux événements !

Dans toute cette histoire, il est désolant que des confrères qui, à un moment, ont fait exactement le même travail salutaire dans l’intérêt du pays aient eu besoin de se défouler sur d’autres confrères, après avoir fouiné en d’autres temps dans la vie familiale intime du président Abdoulaye Wade et pourchassé ses enfants et ses collaborateurs entre Paris, Londres ou New York. On peut leur reprocher aujourd’hui leur zèle d’hier, leur manque d’équilibre et de professionnalisme, tous défaut qu’ils mettent en avant pour tirer certains journalistes vers la potence. Il faut savoir raison garder pour être crédible. Le reste, c’est une affaire de sentiments personnels qui n’intéressent que trop peu… La presse n’est pas l’ennemie du pouvoir. Ceux qui pensent le contraire sont ceux qui trouvent leur compte dans un affrontement permanent qui ne profitera à personne.



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