Achat d'un nouvel avion présidentiel : Moustapha Niasse et Cie dénoncent une provocation

L'Etat devrait surseoir à son projet d'acquisition d'un nouvel avion présidentiel que le ministre de l'Economie présente comme une nécessité, une question de fierté nationale et de souveraineté. Pour le parti de Moustapha Niasse, il s'agit plutôt d'une véritable provocation dans le contexte actuel marqué par un mal-vivre des Sénégalais.

L'achat d'un avion pour Me Abdoulaye Wade est une ‘véritable provocation’ et l’expression d’un ‘aveuglement coûteux’ à tous points de vue. C'est le sentiment de Moustapha Niasse et des membres du Bureau politique de l'Afp après une analyse de la situation nationale marquée par les émeutes qui ont secoué Dakar la semaine dernière, la détérioration accentuée de la situation des populations sénégalaises et le démarrage cahoteux de la campagne arachidière. A ce propos, l'Afp révèle des pressions ‘directes et inacceptables assorties de menaces’ sur des paysans du bassin arachidier, en leur interdisant de vendre leurs graines dans les marchés hebdomadaires à 250 F le kg. Au même moment, des acheteurs privés, ‘complices d’un système connu’, les incitent à vendre les mêmes graines à 150 F le kg, dans les circuits mis en place par la Suneor. Des agissements que les progressistes considèrent comme ‘une injustice flagrante et un nouvel abus de pouvoir intolérable, car tout producteur d’un bien en vente dispose du libre choix des prix les plus rémunérateurs, sans aucune contrainte’.

Plus grave, l'Afp affirme qu'il a été constaté, dans la journée du lundi 26 novembre 2007, la présence dans des ‘loumas’ du département de Nioro, de services de l’administration qui ont tenté d’exercer de telles pressions sur les paysans. ‘A qui profite le crime ?’, s'interrogent alors les progressistes.

Revenant sur les émeutes des marchands ambuants, Moustapha Niasse et ses camarades interpellent le gouvernement de Me Wade, ‘pour qu’il perçoive distinctement le sérieux coup de semonce du 21 novembre, au lieu d’user de subterfuges et de mesures dilatoires pour chercher des boucs émissaires au sein de l’opposition’. Car, estime l'Afp, ‘l’on ne peut, continuellement, nier les évidences ni s’entêter dans l’irrationnel. Et il serait suicidaire pour le pouvoir en place, de se méprendre sur la volonté de tous les patriotes, des responsables et des militants de l’Afp en particulier, de résister énergiquement contre tout acte arbitraire frappant les citoyens’.

De l'avis du bureau politique de l'Afp, le phénomène des marchands ambulants n’est, en définitive, que la résultante d’un exode rural massif qui est venu se greffer à des tensions sociales et au mécontentement populaire généralisé. ‘Une brève analyse de la signification et du déroulement des émeutes du 21 novembre met en relief le mal-vivre et le ras-le-bol des Sénégalais, qui ont définitivement tourné le dos à un régime qui a trahi l’immense espoir du 19 mars 2000’, fait remarquer le parti de Niasse.

Selon toujours Moustapha Niasse et ses camarades, ces dernières semaines ont consacré, également, ‘l’échec de la diversion et du mensonge d’Etat érigés en mode de gouvernance’. Parce que, soulignent les progressistes, la construction d’un Sénégal virtuel se heurte au quotidien des populations prises dans l’étau de la pauvreté et des privations de toutes sortes qu’elles endurent, ‘du fait d’un gouvernement dont l’incompétence, le manque de générosité et de lucidité sont définitivement mis à nu’.