Rocambolesque ! Le qualificatif n'est pas trop fort pour qualifier ce qu'il convient d'appeler l'affaire des ‘chantiers de la corniche ouest’. Tant il subsiste des incongruités dans le dossier, qui laissent perplexe. Pape Malick Ndiaye qui accuse le directeur exécutif de l'Agence nationale de l'Oci (Anoci), Abdoulaye Baldé et d'autres hautes personnalités de l'Etat, d'avoir reçu des pots-de-vin de la part du Cde (l'entreprise chargée des travaux d'élargisssement de la corniche ouest), a été placé en garde à vue, puis libéré. Selon des sources judiciaires, l'étudiant, membre du Collectif de Réflexion et d'action contre la corruption (Crac), structure basée à Strasbourg (France), a été sauvé de la rigueur carcérale par ses bulletins médicaux. En effet, à en croire les mêmes sources, Pape Malick Ndiaye a bénéficié de la compréhension du juge d'instruction qui a décidé de ne pas le placer sous mandat de dépôt compte tenu de son état de santé qui ne lui permet pas de supporter la vie carcérale. Il serait même tombé en syncope lors de sa garde à vue à la prison centrale. Pour éviter d'avoir un mort entre les bras, le juge s'instruction l'a laissé en liberté, en prenant le soin de le placer sous contrôle judiciaire. Cette solution librement prise par ce dernier a été, cependant, diversement appréciée.
Selon certaines rumeurs, Pape Malick Ndiaye aurait exhibé devant les limiers les preuves qui accablent les hautes autorités de la République, dont Abdoulaye Baldé, auxquelles fait allusion la lettre ouverte que le Crac avait adressée, le jeudi 11 mai 2006, au délégué au Management public (Dmp), Abdoulaye Racine Kane, qui coordonne le Programme national de bonne gouvernance (Pnbg). Mais, ces preuves, le juge d'instruction, selon nos sources, ne les a pas vues.
Il a été même fait état d'une haute autorité de l'Etat, laquelle chercherait à tailler des croupières à Abdoulaye Baldé, qui l'aurait extirpé de la police centrale. Là aussi, nos sources sont formelles : Pape Malick Ndiaye, a été sorti du violon parce qu'il devait faire face au juge d'instruction.
Par ailleurs, la Commission nationale de lutte contre la non transparence, la corruption et la concussion (Cnlcc), invitée à son corps défendant dans ce dossier, a tenu à se démarquer de cette affaire. L'un de ses membres, l'inspecteur du Trésor Lamine Lô en l'occurrence, est considéré comme l'enquêteur qui a été désigné par le chef de l'Etat pour faire la lumière sur cette affaire. D'après un communiqué de la Cnlcc, dont nous avons reçu copie, hier, le concerné, ‘actuellement hors du Sénégal, a saisi le président et les membres de la commission pour les informer qu’il n’est ni de près ni de loin mêlé’ à cette information ‘et qu’aucune autorité de notre pays ne l’a commis pour enquêter sur l’affaire des Chantiers de la Corniche’. Comment le pourrait-il d'ailleurs, quand on sait que Lamine Lô est en poste à l'ambassade du Sénégal au Canada depuis un an ?
Au regard de tout cela, il est éloquent de se demander si on ne serait pas en train d'assister à une soporifique scène de vaudeville. Mais, qui est-ce qui tire les ficelles ? En tout cas, Abdoulaye Baldé, principal mis en cause par le rapport du Crac, dit être décidé à aller jusqu'au bout de cette affaire qui, apparemment, n'a pas encore dévoilé tous ses secrets.
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