AFFAIRE IDRISSA SECK : Pourquoi le pouvoir a si peur

L’hôtel Saint-James n’a pas été qu’un lieu de repos pour Idrissa Seck. L’ancien premier ministre s’est servi de cette "base arrière" pour collecter ces derniers mois, le maximum d’informations sur ses adversaires libéraux. Des informations qu’il attend de mettre sur la place si l’étau se resserrait autour lui et qu’il serait poussé jusque dans ses derniers retranchements. Le Palais qui appréhende bien cette menace, est même gêné par cette donne.

Comme lors de son dernière inculpation et incarcération à la Maison centrale d’arrêt et de correction de Reubeuss, Idrissa Seck se serait organisé de telle sorte que des "fuites" aient lieu si sa sécurité était en jeu. Le pouvoir qui est au courant que l’ex-Premier ministre Idrissa Seck est bien dans ces dispositions, serait même très gêné par cette donne dans ses manoeuvres politiques pour contrôler ce dernier. "On craint beaucoup que les choses ne s’emballent", nous dit-on de sources bien informées. Car, "il a beaucoup de dossiers qui pourraient compromettre certaines autorités", nous dit-on.

L’autre donne qui inquiète le pouvoir, c’est la nouvelle organisation des "services" d’Idrissa Seck. Le Premier ministre Macky Sall l’a d’ailleurs évoqué hier, lors de la conférence de presse lorsqu’il a parlé de "nervis". En fait de "nervis", c’est le système de sécurité qui a été renforcé autour d’Idrissa Seck. Le nombre de "calots oranges ?" recrutés pour la circonstance est en effet plus important que toutes les dernières fois qu’Idrissa Seck a eu besoin de leur service. La dernière sortie d’Idrissa Seck à Ziguinchor le prouve bien. Un nombre impressionnant de gardes du corps avait accompagné le maire de Thiès jusque dans les zones les plus chaudes de la Casamance, particulièrement dans le Bignona.

C’est ce qui fait que les observateurs les mieux avertis estiment que sur beaucoup de plans, Idrissa Seck s’est effectivement organisé. Mieux que la dernière fois en tout cas, nous renseigne-t-on, car "lorsqu’il a été convoqué à la Dic et inculpé, il avait été très affecté parce que surpris parce que le Président lui avait toujours dit qu’il ne serait pas inquiété. Cette fois, il s’est bien préparé", nous dit-on.

Nos sources s’inquiètent cependant des menaces qui pèsent sur le pays sous l’angle de sa stabilité, parce qu’en face, le maire de Thiès est devant un Etat qui est détenteur de la puissance publique (police, justice etc). Sans compter que le Pds peut actionner à tout moments ses "calots bleus". Ces derniers qui se sont davantage structurés, ont démontré dans un récent passé qu’ils pouvaient être très violents. Les sénégalais gardent encore en mémoire, le souvenir des années de braise durant lesquelles, un climat quasi-insurrectionnel avait été installé à Dakar.