« J’ai décidé de vous
remettre ma lettre de démission que vous allez remettre aux autorités
compétentes, pour permettre l’exercice plein et entier de la disposition de
notre article 36 ». Ainsi
s’exprime Amadou Toumani Touré qui, en ce début du mois d’avril 2012, quitte la
scène politique de son pays sur laquelle il avait fait irruption, un mois
de mars 1991, en destituant un autre
Général, en l’occurrence, Moussa Traoré. Mais à qui ATT remet sa
démission ? Aux neuf sages de
A Bamako où il a établi ses quartiers, le ministre burkinabé a obtenu
la reddition du Capitaine Sanogo, sécurisé l’aéroport et accueilli le Président
intérimaire Dioncounda Traoré. Bref, Bassolé régente tout pour le compte de son
patron Blaise Comparé, le Bismarck du Sahel. Quelle prouesse diplomatique !
Le Burkina qui était en guerre avec le Mali, en 1986, autour de la bande
frontalière et litigieuse de l’Agacher, est maintenant le tuteur du Mali coupé
en deux et squatté par des hors-la-loi de toutes nationalités.
Une illustration de la montée en puissance de Ouagadougou dans les
espaces mitoyens de l’Afrique de l’Ouest et du Sahara, qui efface ainsi la
légendaire diplomatie du Sénégal, longtemps locomotive dans la sous-région.
Hier, un nain diplomatiquement anonyme,
En devenant la capitale politique du Mali, Ouagadougou dégage
Dakar de l’épicentre de la vie diplomatique. Une longueur d’avance qui
constitue le parfait baromètre de l’influence déclinante du Sénégal dans la
sous-région où son affaissement a succédé à son rayonnement d’antan. Sur ce
dossier malien qui touche aux intérêts vitaux du Sénégal (économiques et
sécuritaires) Dakar est fâcheusement à la remorque de capitales (Abidjan,
Abuja, Cotonou et Ouagadougou) munies d’agendas établis et exécutés sans le
moindre rôle de premier plan pour le gouvernement sénégalais
Certes, le Sénégal était en pré-campagne et en campagne électorales, au
début et durant tout le film de la désintégration du voisin de l’Est, mais une
durable percée diplomatique reposant sur des acquis solides (prestige des
dirigeants et image du Sénégal) aurait imposé aux chefs d’Etat du Bénin, du
Burkina, de
Et pourtant, l’héritage n’a pas fait défaut. D’abord, le Président
Léopold Sédar Senghor très imbu de méthode avait théorisé et pratiqué le
déploiement diplomatique suivant les cercles concentriques. Donc priorité aux
Etats voisins avec lesquels il fallait (il faut toujours) tisser des relations
de confiance qui sont les meilleurs vecteurs de sécurité pour le Sénégal.
Démarche couronnée de succès, sauf du côté de
En 2000, la rupture a été opérée par Abdoulaye Wade. Positive dans les
mobiles (fin du tête-à-tête avec
Par ailleurs, en pratiquant la diplomatie sans frontières – le Sénégal
est évidemment libre de nouer avec qui il veut mais avec précautions –
Abdoulaye Wade (emporté par sa hardiesse) s’est embarqué avec l’Iran, dans une
liaison qui a failli être fatale au
travers de la sombre affaire de cargaison d’armes découverte à Lagos en 2010. Ce
contact prolongé avec un « roque State » ou Etat voyou selon la
terminologie américaine, n’est sûrement pas étranger à la sourde hostilité de
Washington qui a débouché sur les critiques abruptes du Sous-secrétaire d’Etat Carson durant tout le processus électoral de février et de mars de 2012.
Mais la goutte d’eau ayant fait déborder le vase africain, a été
l’escapade de Benghazi, en 2011, par laquelle Sarkozy a utilisé Wade pour
ébrécher le mur africain que l’UA a dressé contre l’Otan. C’est le point de
départ d’un isolement accéléré du Sénégal qui a culminé avec les violences
préélectorales de Dakar, durant lesquelles Wade (médiateur devant l’Eternel) a
fait montre d’une rigidité face à la médiation d’Obasanjo.
Aux dégâts causés par la doctrine et le style, s’ajoute le
chambardement provoqué dans l’appareil diplomatique par des nominations
abusives qui ont bousculé les gens de la carrière. Et éliminé la crème au
profit de la lie. Des promotions d’inspiration népotiste qui ont injecté une
dose d’amateurisme aux effets désastreux. Sans oublier l’élargissement
spectaculaire et coûteux de la carte diplomatique du Sénégal qui traduit une volonté
de présence (présence n’est pas influence) ; mais fait l’impasse sur le
reclassement urgent des postes, au vu des évènements maliens, des incertitudes
bissau-guinéennes, des problèmes récurrents des pécheurs de Saint-Louis dans
les eaux mauritaniennes etc. Et depuis une semaine, les tracasseries subies par
la colonie sénégalaise dans les villes de
Les contre-performances diplomatiques que la crise malienne met en
exergue, inciteront immanquablement le Président Macky Sall à reprendre en main
la diplomatie (chasse gardée et constitutionnalisée du chef de l’Etat) afin
d’astiquer l’image du Sénégal qui est…le pétrole du Sénégal. Pareille
renaissance diplomatique passe par le catapultage des diplomates chevronnés aux
commandes de la diplomatie. Le vivier existe. En plus, il est adossé à un
héritage incarné encore dans les mémoires par des ministres imposants et des
ambassadeurs excellents dont certains sont encore en vie : Me Doudou
Thiam, le Professeur Assane Seck, le Docteur Amadou Karim Gaye et, plus près de
nous, Moustapha Niasse, Djibo Ka, Boissier Palum, le Malien Gabriel
D’Arboussier (premier ambassadeur du Sénégal à Paris) Latyr Kamara (inamovible doyen
du corps diplomatique à Addis-abeba) André Guillabert, Claude Absa Diallo etc.
Pour la reconquête d’un leadership sénégalais devenu orphelin sous
Wade, il urge de mobiliser la crème des
ambassadeurs (y compris certains atteints par la limite d’âge) de la trempe du
Général Mountaga Diallo ou de Doudou Salla Diop. Dans le voisinage immédiat
(Mali, Mauritanie et les deux Guinée plus
Ces correctifs ne dévalueront en aucun cas des axes traditionnellement
solides comme Rabat et Paris. C’est précisément à Paris qu’il faut positionner
un ambassadeur d’envergure et de valeur, capable de dominer la relation franco sénégalaise
vraiment multiforme et ancienne. Les affinités doivent s’effacer devant l’enjeu
et l’épaisseur de l’enjeu. Doit-on – au nom d’une parité cosmétique – nommer en
France une femme incapable de discuter des questions urgentes de renseignement
avec le directeur de
28 Commentaires
Detectiv
En Avril, 2012 (10:02 AM)Moi Meme
En Avril, 2012 (10:12 AM)la plagia reste son spécialité,
Ndiayabis
En Avril, 2012 (10:18 AM)Jab
En Avril, 2012 (10:22 AM)Rahne
En Avril, 2012 (10:25 AM)Du
En Avril, 2012 (10:27 AM)Ras
En Avril, 2012 (10:28 AM)Bravomais
En Avril, 2012 (10:36 AM)Tou
En Avril, 2012 (10:42 AM)Khass
En Avril, 2012 (10:44 AM)Lyns
En Avril, 2012 (10:44 AM)Auditbouleer
En Avril, 2012 (10:46 AM)Mo
En Avril, 2012 (11:00 AM)Xam
En Avril, 2012 (11:21 AM)Aby
En Avril, 2012 (11:26 AM)Ndiacoum
En Avril, 2012 (12:01 PM)Hku
En Avril, 2012 (12:12 PM)mr tachez d'être plus simple
pour etre mieux compris
pardon
Borom Deuk Bi
En Avril, 2012 (12:24 PM)Son analyse de la diplomatie est globalement juste même si j'ai de grosses remarques:
- Doudou Salla est un viellard qui a fait son temps, le monde a changé. On en va pas ramener de la retraite tous les trés anciens et faire une géronto diplomatie non ?
- Wade a été maladroit mais je suis d'accord avec lui sur un fait, il faut forcer les petit pays a nous respecter et le respect cela s'impose, ca ne sont pas des déclarations d'intellos.
- Le lustre d'antant de la diplomatie, certes mais qu'est ce que le monde a changé! Wah. Les enjeux, ont changé, plus de deux blocs.
- La diplomatie personnelle de Wade n'es pas si mauvais que ca car en Cote d'Ivoire on a été en premiere ligne et négocié avec Gadio le cessez le feu et on avait l'oreille des Soro et autres.. C'est pas rien. Gbagbo ne nous aimait pas mais Wade avait raison. Gbagbo n'aimait pas blaise le mediateur non plus.
- Justin oublie que Blaise a armé les rebelles de CI avant dêtre nommé facilitateur. Il est marchand d'armes etc.. Il n'est pa sneutre. Neutraliser des gens qu'il a armé n'est pas trés compliqué mais le Mali n'est pas sa colonie, Jiustin devrait moderer son propos. C'est la CEDEAO et ADO qui lui a permis de jouer ce role.
- ENfin point trés important la diplomatie sénégalaise demeurera forte malgré les accrocs du voyage de Wade en lybie pour quelques raisons evidentes:
-- On est l'une des rares démocraties du coin et donc on a l'oreille des puissances US et France pour sur avec le Japon
-- On est un des pays les plus économiquement en avance et donc on a un avantage sur le Mali enclavé, la petite Guinée, la grande Guinée et la petite Gambie. A nous de savoir manier cette baguette
-- Notre armée si elle est renforcée et modernisée donnera a notre diplomatie un lustre. On est écouté car craint, rien d'autre. Le reste c'est des blagues
En tout cas ce qui est sur c'est que sans armée puissante on risque de voir notre pays détruite, diplomatie ou pas. Avec tous ces idiots armés qui nous entourent, Macky aura du boulot. J'espère que dans cette nouvelle diplomatie, il annulera son voyage en France pour suivre les evolutions en Guinée Bissau.
Justin oublie aussi de parler du mutisme de Macky sur les evemnements autour de notre pays, on est cerné par l'anarchie et la guerre. Préparon sla guerre c'est mieux au lieu de discourir inutilement.
Von Bla Bla
En Avril, 2012 (12:44 PM)@justin
En Avril, 2012 (13:33 PM)Tu nous pompes l'air avec tes analyses à la noix et tes conneries
- gouvernement toucouleur à Dakar
Par ailleurs arretes de plagier et de pomper les idées des autres sans les citer
Wareef
En Avril, 2012 (14:21 PM)Un Passant
En Avril, 2012 (16:36 PM)Voilà une analyse très légèrement et qui n'a rien de diplomatique et encore moins de géopolitique !
Même s'il l'évoque, M. Ndiaye accorde très peu d'importance au contexte dans lequel se sont déroulés les évènements en question. Le Burkina et la Côte d'Ivoire pouvaient se permettre ce luxe à un moment où notre pays vivait des heures capitales de son existence. Ce même Justin disait il y a peu que tous les yeux étaient rivés sur nous et évaluaient notre capacité de dépassement et notre maturité politique. Pendant ce temps, comment veut-il que nous ayons, à notre tour, les yeux rivés sur d'autres comme si rien ne se passait chez nous ? Selon lui, que fallait-il privilégier : la consolidation de notre démocratie ou notre vanité diplomatique ? Notre stabilité politique interne ou notre prétendu rayonnement hors nos frontières ?
Pourquoi lui, le savant politique, n'avait-il rien vu venir pour tirer l'alerte ? Il est l'expert des analyses a posteriori qui ne sont d'ailleurs que trop biaisées !
Comment Abdoulaye Wade, en pleine bataille électorale et de survie politique, ou Macky Sall, tout juste promu président n'ayant pas encore pris ses marques, pouvaient-ils s'aventurer à des tractations diplomatiques au fin fond du Mali pour y régenter quoi que ce soit ? Et les autres pays : n'ont-ils justement leur mot à dire et leur rôle à jouer ? Dire : "Hier, un nain diplomatiquement anonyme, la Haute Volta du pâle Maurice Yaméogo et du débonnaire Lamizana, est aujourd’hui, un mastodonte géopolitiquement visible et virevoltant." est simplement révoltant et relève de la pure condescendance. Le mépris de M. Ndiaye n'a d'égal que l'arrogance d'un "âne nouvellement circoncis", comme disait Ahmadou Kourouma !
Xalé
En Avril, 2012 (16:50 PM)Do
En Avril, 2012 (19:19 PM)Gigi
En Avril, 2012 (21:34 PM)Gigi
En Avril, 2012 (21:38 PM)Thieiguine
En Avril, 2012 (00:03 AM)Thieuguine
En Avril, 2012 (00:17 AM)Participer à la Discussion