AGENDA POLITIQUE - Daouda Fall, coordonnateur général du Msis-diaspora : «Aminata Tall est une sœur de Idrissa Seck»

Daouda Fall a été investi d’une mission : coordonner l’ensemble des Mouvements de soutien à Idrissa Seck (Msis), hors des frontières du Sénégal, et éparpillés en Europe, en Amérique du Nord (précisément aux Etats-Unis et au Canada) et en Afrique. Communément appelé Msis-diaspora, ce mouvement né au Sénégal se déploie aujourd’hui au sein des différentes communautés sénégalaises à l’extérieur. Daouda Fall, que nous avons joint hier au téléphone, décline l’agenda politique du Msis de la diaspora, décrypte la situation actuelle au Sénégal, marquée par les difficultés que traversent les unités industrielles dans le pays, élucide la position des mouvements qu’il coordonne par rapport au retour ou non de Idrissa Seck au Parti démocratique sénégalais (Pds) et se prononce sur le récent limogeage de Mme Aminata Tall.

Daouda Fall, le coordonnateur général du Msis au niveau de la diaspora sénégalaise, n’est pas insensible au sort réservé tout dernièrement à Mme Aminata Tall, limogé du gouvernement. Interpellé par nos soins sur d’éventuelles retrouvailles entre son mentor Idrissa Seck et Mme Aminata Tall, il confie ceci : «Aminata Tall est une sœur de Idrissa Seck et Idrissa Seck est son frère. Ce sont donc deux libéraux. Idrissa Seck n’a rien à voir avec son exclusion du gouvernement.» C’est pour ensuite dire, sur cette question, que «seules les montagnes ne se rencontrent pas».

Sur le retour ou non de l’ex-Pm au sein du Pds, réagissant «en juriste», M. Fall rappelle que «l’exclusion d’Idrissa Seck a été faite en totale violation des procédures, des statuts et du règlement intérieur du Pds». Et de signifier : «Idrissa Seck n’est pas demandeur de sa réintégration ; c’est un homme politique achevé qui a un rôle à jouer.» Sous ce rapport, la décision lui revient, mais, note M. Fall, «le Sénégal a besoin d’être apaisé» et le Msis ne voit pas d’inconvénient qu’il rencontre le Président Me Wade, en tant qu’institution. «Nous, nous continuons à travailler très activement à être une force politique pour l’accompagner.»

A bien suivre le coordonnateur du Msis-diaspora, la politique d’amplification et d’élargissement des soutiens à Idrissa Seck, connaît un engouement au niveau de ses compatriotes établis en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique. Il parle de leur «déploiement avec force» dans sept coordinations en France, selon «une formule pensée et adaptée aux réalités des Sénégalais» dans leur pays d’accueil et aux bureaux de vote. Daouda Fall fait remarquer qu’il existe quatre coordinations du Msis-diaspora en Italie, cinq en Afrique et neuf aux Etats-Unis. A la tête de chaque coordination, se trouve un coordonnateur local. La mission du coordonnateur général est de «travailler avec l’ensemble des coordonnateurs locaux d’Europe, d’Amérique et d’Afrique».

Présentement, l’agenda politique du Msis, révèle M. Fall, est de «continuer à valider des sections et organisations qui, de façon volontaire, s’organisent, (les) appellent». Le coordonnateur général du Msis-diaspora fait partager son étonnement face à cet élan d’enthousiasme, car avant même ses missions de prises de contact, des gens, qui s’étaient déjà organisés, se rassemblent autour de l’ambition de Idrissa Seck. D’ailleurs, informe-t-il, le week-end dernier, il était en Allemagne ; la visite en Pologne, programmée ce même week-end, n’a pas pu se réaliser, pour des raisons d’un calendrier chargé, mais ce n’est que partie remise. Le week-end prochain, le coordonnateur du Msis de la diaspora déclare qu’il se rendra auprès des Sénégalais établis en Italie, avant l’étape prochaine consacrée à ses compatriotes des Etats-Unis et, éventuellement, du Canada. Pour Daouda Fall, il s’agit là d’une option pour une «formule ouverte, consistant à capitaliser tout cela, en termes d’électorat pour porter les ambitions de Idrissa Seck».

QUATRE POINTS CARDINAUX

Quatre points cardinaux, comme il le dit, «vertèbrent» la démarche du Msis : «Rechercher des militants autour de Idrissa Seck ; jauger chaque Sénégalais de la diaspora pour recueillir leurs idées et leurs projets pour développer le pays, recenser les compétences, les ressources humaines de la diaspora afin d’éviter de tomber dans la médiocrité, rassembler les moyens, logistique, financier et, en termes d’intelligences.» Le tout à verser dans la corbeille de leur mentor.

Sur les inscriptions sur les listes électorales, à l’extérieur, il déplore le retard accusé. «Les inscriptions n’ont pas encore débuté ; la date retenue n’a pas été respectée», précise notre interlocuteur. Daouda Fall, au titre de coordonnateur du Msis à l’extérieur, affirme qu’«avec des partenaires», du Cpc et du G10, ils ont rencontré le Consul général qui leur a informé du report de la date des inscriptions jusqu’au mois de février. «Aujourd’hui, nous sommes en mars et bientôt c’est le mois d’avril», se désole-t-il. C’est pour ensuite livrer la lecture du corps électoral à l’extérieur que lui et les siens du Msis intègrent dans «une dynamique prospective, électorale». En remontant l’horloge électorale récente, M. Fall nous apprend que le fichier électoral, en 2000, chiffrait à 1 million 300 les électeurs de la diaspora.

Cependant, «nous avons remarqué, avec des études recoupées que la force électorale de la diaspora dépasse ce chiffre de 1 million 300». Tout au moins, le coordonnateur général du Msis situe la barre électorale à près de 2 millions 500. Pour preuve, avance-t-il, lors de la crise ivoirienne, le ministre des Séné-galais de l’Extérieur, à l’époque, évaluait à 400 000, les Sénégalais établis au pays de la Lagune d’Ebrié. Il trouve d’ailleurs que «ce chiffre est faux», car les Sénégalais en Côte d’Ivoire feraient entre 700 et 800 mille. Tout comme on compte de fortes communautés sénégalaises au Gabon, en Rdc etc. Daouda Fall rapporte que lors de sa rencontre avec les autorités de Brescia en Italie, celles-ci lui ont révélé que le nombre de Sénégalais au Sud et Nord de la région est estimé à 400 000. Autant d’évaluations qui lui font avancer un potentiel électoral de la diaspora à plus de 2 millions d’électeurs. Un avantage électoral que le Msis de la diaspora veut capitaliser ; cela d’autant plus, comme il le souligne, «nous émigrons à partir de 20 ans». Avant d’ajouter : «Donc, nous sommes tous des électeurs potentiels, une puissance électorale et financière, qui participe au vote et fait voter des milliers au Sénégal.» Et qui plus est, relève Daouda Fall, la participation de la diaspora sénégalaise à l’économie nationale, «en un an, dépasse l’aide publique au développement». Il a une certitude : «Si, demain, nous choisissons l’un d’entre nous, il sera le prochain Président, en 2007 ; cela en plus des consignes de vote.» Autant de faits qui font que, dans leur plan de déploiement, ces amis de Idrissa Seck «attirent l’attention de la diaspora sur la réalité de sa force électorale».

INQUIETUDES DE LA DIASPORA

L’écho que cette diaspora reçoit de la situation nationale actuelle nourrit quelques inquiétudes. «Nous déplorons la situation économique dans laquelle le Sénégal se trouverait, avec les Ics en cessation de paiement, la Sar en pénurie de pétrole en période de fête religieuse» (célébration du magal de Touba). M. Fall dit avoir aussi reçu, de la part d’amis venus pour le magal, l’information sur les délestages. «Ils disent ne même pas avoir une fenêtre d’électricité pour charger les portables», rapporte-t-il. En sus de cela, Daouda Fall et ses amis ont appris que le retour du Sénat est envisagé. «Tout cela nous perturbe», dit-il. Et de se demander : «Est-ce qu’il y a encore suffisamment d’espace pour accueillir ce projet ?» Sa réponse est non, surtout face aux difficultés que traverse le pays. <14>[email protected]