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Politique

Aliou Dia, député non-inscrit Les raisons de ma candidature à la présidentielle

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Aliou Dia, député non-inscrit Les raisons de ma candidature à la présidentielle
Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le député non-inscrit Aliou Dia est largement revenu sur les questions d’actualité. Le patron de Forces paysannes fustige la suppression du quart bloquant. Qu’il considère comme une atteinte à la démocratie. Le député s’est largement appesanti sur son investiture à l’élection présidentielle par le monde rural.

Que pensez-vous de la suppression du quart bloquant ?

Je crois que c’est une atteinte à la démocratie. Parce que le Sénégal, pour faire école en matière de démocratie, avait institué d’abord le quart bloquant. Il y avait aussi les deux tours, l’Observatoire. Et tout le monde travaillait autour d’un consensus. C’est-à-dire que le code électoral était consensuel. Egalement, pour le quart bloquant, c’était autour d’un consensus. Les deux tours étaient appréciés par tous. Donc avant qu’on aille aux élections, il n’y avait pas de divergences, ni de problèmes entre l’opposition et le pouvoir et même les candidats indépendants. En conséquence, vouloir aujourd’hui supprimer le quart bloquant, de même que les deux tours, je crois que c’est vraiment un recul. Une atteinte à la démocratie. Il ne faudrait pas qu’on revienne sur ça parce que le Sénégal ne le mérite pas du tout.

Et qu’en est-il des rumeurs sur la suppression du second tour ?

Effectivement depuis quatre mois, on en parle. Et ce n’est pas dans la rue. C’est au sommet de l’Etat que cela se susurre. Depuis plus de quatre mois, les gens citent le nom du député Ibrahim Ezzan pour dire qu’il allait revenir sur la scène avec une autre proposition de loi. Comme c’est lui qui avait réglé le problème de la loi d’amnesty. L’Etat lançait des ballons de sonde. Parce qu’au niveau de l’Assemblée nationale, cette rumeur persistait. De même qu’au niveau de la Présidence. Et l’on citait des noms de députés qui avaient déjà fait leurs preuves avec l’affaire Me Babacar Sèye. Et les gens se disaient qu’il fallait faire attention. Car le plus souvent ce que dit le petit maure, il l’a appris sous la tente. Donc aujourd’hui, on ne serait pas surpris que le Pds revienne sur ça. Mais ce serait très grave pour notre démocratie.

Quel est votre point de vue sur les tiraillements dans le camp libéral ?

Ce n’est pas bon. Que ce soit dans le camp libéral ou ailleurs. Moi je crois que les politiques doivent indiquer la bonne voie. Les politiques doivent trouver la bonne formule d’attente, d’harmonie et de paix. Ils doivent vraiment indiquer les voies de sortie de crise. Mais si maintenant, il y a toujours des tiraillements, qu’on s’indexe sur des débats de charretiers, ce n’est pas bon. Souvent encore, c’est des histoires de détournements. Le plus souvent, c’est pour des positionnements. Mais pas pour des problèmes idéologiques ou pour des problèmes d’intérêt national, jamais. Je crois que ce n’est pas du tout bon.

Pouvez-vous nous faire le bilan à la tête de Forces Paysannes depuis 3 ans ?

En fait, depuis presque trois (3) ans, les Forces paysannes n’ont plus rien à démontrer. Pour la simple raison qu’il n’y a plus de coins où il y a des paysans, pasteurs ou pêcheurs, où il n’existe pas de cellules de Forces Paysannes. C’est parce qu’il y a des résultats probants, palpables que les paysans ont adhéré en masse.

Quels sont vos résultats?

Nous voulons changer la mentalité des paysans. Un paysan qui sait ce qu’il veut. Qui connaît ses devoirs. Qui les fait. Mais qui connaît aussi ses droits et qui les réclame. Le paysan qui ne se prenne pas simplement pour quelqu’un qui est en brousse. Et qui attend qu’on l’assiste. Nous disons que ce n’est plus de l’assistance, cela fait partie de la mission régalienne de l’Etat. Il s’agit d’encadrer le paysan, de le former, de l’accompagner dans toutes ses activités. Ce paysan est conscient également qu’on ne peut plus faire l’économie du Sénégal sans pour autant lui donner sa part. C’est-à-dire qu’il est conscient que l’agriculture e est la locomotive de notre économie. Ce paysan est conscient de ses forces, de sa position, de son importance dans l’économie nationale. Mais également dans le pays.

Comment avez-vous accueilli votre investiture comme candidat à l’élection présidentielle 2007 ?

Je sais que mon investiture est un vœu des paysans. Et actuellement, ils veulent quelqu’un qui connaît leurs problèmes et qui est censé trouver des solutions à leurs maux. Compte tenu des résultats que j’ai déjà acquis avec eux dans la bonne marche de Forces paysannes, ils ont pensé devoir investir un des leurs comme candidat. Comme ils l’ont exprimé, ce qui est sûr c’est qu’une fois que Aliou Dia sera élu, leurs problèmes trouveront des solutions. Ça ne m’a pas surpris du tout. Parce que je sais que les paysans me font confiance. Car c’est eux qui m’ont envoyé au niveau de l’hémicycle pendant deux mandats. Et pendant ces deux mandats, les paysans ont apprécié positivement.

Donc ce sont les paysans qui vous ont amené à l’hémicycle et non l’Urd ? Ah non ! Vous savez, j’avais dirigé une liste départementale à Linguère. Et vous savez que cette localité est composée essentiellement d’éleveurs et d’agriculteurs. Donc ce sont des paysans qui m’ont élu. Quand j’organisais des meetings, ils venaient en charrettes, à dos d’âne, ou de cheval. D’autres même marchaient.

A ce moment-là, vous étiez à l’Urd ?

C’est avant même que l’Urd ne soit créée. En 1998, quand on me mettait sur la liste, on avait pensé aller sur une liste indépendante parce que l’Urd était déjà un courant dans le Parti socialiste. On a fait une liste avec le parti de Talla Sylla et nous sommes allés aux élections avec cette liste. Et j’ai gagné le département de Linguère, qui était d’ailleurs le seul département où l’opposition est sortie vainqueur. C’est après cela que l’Urd est née. C’est pourquoi, je dis souvent que l’Urd est née entre mes mains. C’est pourquoi quand l’Urd a commencé à changer, je me suis dit que je n’assassine pas le bébé que j’ai enfanté. Ils ont monté des instances piégées où ils ont pensé devoir m’exclure à la base dans ma communauté rurale de Mbeuleukhé. Ce qui est vraiment insensé. Exclure Aliou Dia du bureau de Linguère, du bureau régional de Louga, et vouloir avoir Aliou Dia au congrès à Dakar : je me suis dit que c’est utopique. J’ai organisé un congrès à Linguère pour les défier. J’ai gagné le département avant que l’Urd ne soit créée. Je ne travaille que sur la base des aspirations du peuple que je traduis au niveau de l’Assemblée nationale sans pour autant me fonder sur des ordres du parti ou chercher à faire plaisir à un leader.

Avez-vous un projet de société à proposer aux Sénégalais?

Le Sénégal est un pays dont l’économie dépend de l’agriculture. La première rupture que je vais faire, c’est changer la politique agricole du Sénégal. C’est-à-dire une agriculture qui pourra faire vivre son homme. Une agriculture qui après un an ou deux, atteindra vraiment l’autosuffisance alimentaire. La maîtrise de l’eau, des semences certifiées et suffisantes, un bon matériel agricole. Et également des infrastructures permettant de pouvoir écouler la production de l’agriculture.

Et l’on constate que tous vos projets se résument à l’agriculture…

Il n’y a pas que cela. Il va falloir qu’on revoie le type de Sénégalais. Celui que l’on connaissait n’est plus celui qu’on voit aujourd’hui. Il va falloir donc miser sur la formation civique. Aujourd’hui, nous constatons que nous sommes une société qui se métamorphose. Unr société qui copie trop sur l’étranger, qui ne compte plus sur ses propres valeurs. Donc, il va falloir miser sur la formation des Sénégalais. Mais je voudrais également une rupture en matière de diplomatie. Le Sénégal était l’ami de tout le monde, mais aujourd’hui, on compte plus d’ennemis que d’amis.

Quelle est l’originalité de Aliou Dia par rapport aux autres candidats à l’élection présidentielle ?

C’est que d’abord, ce sont les masses laborieuses qui ont proposé la candidature de Aliou Dia. Pas des idéologues qui, à partir de petits calculs, se sont retrouvés dans des instances piégées, dans des permanences, pour dire : tel est notre candidat, avec de faux congrès ou bien des Ag transformées en congrès ou en Conseil national. Les véritables acteurs du monde rural proposent Aliou Dia comme candidat. Et c’est un signal important. Les paysans représentent 70 % de la population. C’est pourquoi vous voyez avant les élections, les politiques se déplacer avec des sacs de riz, des billets de banque. Mais actuellement, on a vu un monde rural qui ne compte plus sur ces billets de banque mais sur un programme, un homme qui a déjà fait ses preuves, qui connaît déjà leurs problèmes et qui set censé y apporter des solutions. C’est un problème de programmes et non d’idéologie.

Le futur candidat compte-t-il s’allier avec d’autres partis politiques ?

Je crois qu’on n’évite que le Diable. Mais tous ceux qui sont prêts pour trouver des solutions aux problèmes des paysans, pasteurs et pêcheurs, qui veulent une rupture nette, on va travailler avec eux. Tous ceux qui travaillent pour le Sénégal et son développement, nous pouvons aller avec ces gens. Mais nous évitons le Diable, les tricheurs, les magouilleurs, les truands.

Allez-vous présenter une liste durant les élections législatives ?

Naturellement oui. Et pour que mes aspirations soient traduites, il faut des députés dignes de ce nom au niveau de l’hémicycle. Ils présenteront effectivement une liste aux élections législatives. Une liste qui sera essentiellement composée de paysans, de pasteurs et de pêcheurs pour que ces derniers aillent eux-mêmes exprimer leurs véritables problèmes.

Pouvez-vous nous faire le bilan de l’alternance après 6 ans ?

En ma qualité de président de Force paysanne, je vais commencer par les problèmes qui touchent le monde paysan. En ce qui concerne l’agriculture, avant l’alternance, une structure importante venait d’être supprimée : la Sonagraine. Ce qui a fait que nous n’avons plus de semences. On attend le mois d’avril pour faire une réunion interministérielle où on regroupe les acteurs. Le gouvernement sort quelques milliards et on prend les semences c’est-à-dire le tout venant que la Sonacos avait déjà acheté pour de l’huile pour le distribuer aux paysans. Vous conviendrez avec moi que c’est de la loterie. L’autre problème, ce sont les intrants agricoles. Le Sénégal exportait de l’engrais au niveau de la sous-région et même en Asie. Cette année, le Sénégal fait appel à des opérateurs privés pour faire venir de l’engrais de l’Extérieur. Les paysans n’ont pas eu d’engrais cette année et ça aura des répercussions sur notre production. L’autre problème, c’est l’accès au crédit. Pratiquement, le Sénégal n’a pas de banque de développement, de banque agricole. Et cette année, le crédit agricole n’ a pas donné de fonds de campagne. Les enseignants étaient dans la rue, les notes confisquées, les élèves ne sont pas encore orientés. Donc les résultats sont catastrophiques. Et si on ne prend pas les dispositions qu’il faut cette année, nous allons revivre la même situation. S’agissant maintenant de la santé, là, ils ont quand même fait des efforts en mettant des infrastructures. Ils ont construit beaucoup de postes de santé. Mais là où le bas blesse, c’est au niveau du personnel. Là, il va falloir qu’on revienne à la formation à la base. Ce qui faisait même les pays amis comme le Maroc, la Tunisie et bien d’autres pays qui étaient très avancés en matière sanitaire, préféraient envoyer leurs étudiants au Sénégal. Surtout quand il s’agissait de spécialisation. Maintenant, le Sénégal procède opte pour la vacation dans le domaine de la santé. Cela est inadmissible.

Que pensez-vous du plan Réva ?

Il faut une étude approfondie du plan Réva. D’abord si l’on pense que c’est destiné à ces jeunes émigrés expulsés d’Espagne, cela va être un échec parce que d’abord, tous ces jeunes ne sont pas des ruraux. Même s’ils l’étaient, ils avaient vu les conditions dans lesquelles étaient leurs parents. Ils savaient déjà que la terre ne nourrit plus son homme. Ils avaient boudé, quitté le monde rural. Et tenter de gagner l’Extérieur afin de pouvoir gagner leur vie et vivre dans l’honneur, dans la dignité. Si maintenant, on pense qu’on peut les faire retourner à la terre, ce sera une grave erreur. Croire que les brave femmes qu’on voit à Soumbédioune, à Sandaga, penser qu’on peut les amener en brousse pour le plan Réva ! Ça aussi c’est une grave erreur. Il faut qu’on réorganise ceux qui sont encore en brousse. Leur donner les moyens de pouvoir rester et de gagner leur vie.

Votre avis sur la suppression du carreau usine ?

J’applaudis des deux mains. Parce que le carreau usine n’a créé dans le monde rural que malaise économique et social. Tant au niveau des paysans que des opérateurs économiques. Pourquoi rompre avec l’ancien système qui faisait que dès que le paysan livre ses graines, il reçoit immédiatement son argent. Mais vouloir maintenant que le paysan livre ses graines à un opérateur qu’il ne connaît même pas ! Et des fois, l’usine procède à un dépôt et demande à l’opérateur de patienter. Au détriment du paysan qui peut rester pendant 6 mois avec des bons impayés. Imagine avec le système du carreau usine en 2001, on a 1milliard 400 millions de bons impayés. Cette année, on a enregistré plus de 6 milliards de bons impayés. Les huiliers ont dit qu’ils ont payé tous les bons. Mais des paysans gardent par devers eux toujours des bons impayés donnés évidemment par des opérateurs. Qui n’ont pas respecté leurs engagements.

Est-ce que votre famille vit à Dakar avec vous ?

Oui, je vis avec ma petite famille à Dakar. C’est-à-dire mes enfants et mon épouse. Le reste de ma famille est au Djolof.



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