Aliou Sow :« Je n'ai jamais milité au Ps »

Dans le second jet du large entretien que le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi a accordé à l'Office, Aliou Sow se penche sur son cursus, et la situation de son parti dans sa localité de Kaffrine. Le secrétaire général de l'Ujtl s'est aussi expliqué sur l'engagement de son épouse en politique aux côtés de son leader, Me Abdoulaye Wade.
Certains disent que vous avez transhumé du Ps au Pds ?
C'est archi faux.
Et pourtant, on en parle ? Toutes sortes de médisances, de mensonges et de calomnies ont été portées contre moi. Mais je comprends. Quand on est parlementaire à 25 ans, et membre du gouvernement à 27 ans, quand on n'a pas envie de troquer sa position contre celle d'un autre de votre génération. Quand vos collègues ont l'âge de votre père par la volonté de Wade, il est évident qu'il n'y aura  pas de cadeau. Autant que vous êtes, devant autant de faveurs, vous ferez l'objet de balles qui viennent de partout.

Revenons  à Kaffrine, votre patelin, où vous dites que vous mobilisez mieux que quiconque…
(Il  nous coupe la parole). Je ne dis pas mieux que quiconque ; mais personne ne mobilise mieux que moi. Et je le dis par modestie.

Est-ce à dire que vous donnez la garantie à Wade de gagner cette localité ?
Je ne peux donner aucune garantie. Je viens pendant la campagne, en complément d'effectif, pour accompagner la tête de liste,  et me battre pour Wade, ma génération, et pour le parti. Parce que le plan de victoire sera sa conception... Je ne suis ni le président de la République, ni celui du comité électoral ; mais mes moyens, mes relations, mon énergie, mon temps, je les mettrais à contribution, quels que soient les comportements des uns et des autres, pour que Abdoulaye Wade, pour que mon département soit au rendez-vous des départements conquis par la coalition. Je suis à l'écoute de ceux-là qui ont la charge, au niveau local, de conduire notre liste.

Dans votre localité, il y a une forte opposition incarnée par Mata Sy Diallo de l'Afp, et Cheikh Diallo qui est allé vers Fada. Pensez-vous pouvoir gagner les élections ?
Je vous dis que je ne connais pas Cheikh Diallo. Nous ne nous sommes rencontrés qu'une seule fois, par hasard. On n'a jamais mené une activité commune. J'ai entendu parler de lui lorsque le Premier ministre est venu à Kaffrine, alors que j'étais avec le président de la République à Bamako ; et que tout Kaffrine, à commencer par Iba Der, a fait une coalition pour dire que nous proposons Aliou Sow pour diriger le parti au niveau de Kaffrine. Je leur ai dit que je ne suis ni demandeur, ni candidat. Je suivrai et soutiendrai le candidat choisi. C'est ce jour-là que j'ai appris qu'un nommé Cheikh Diallo, qui fait du boulot au niveau communal, avec ses propres moyens, était dans le parti. Il a choisi de mener son chemin, j'ai l'ambition de le battre.

Lors de la dernière législature, les jeunes étaient beaucoup plus représentatés sur les listes qu'en 2007. Est-ce à dire que Wade ne croit plus à la politique de jeunesse qu'il a toujours prônée ?
En 2001, il n'y avait aucun jeune occupant un poste de responsabilité, sinon le responsable de l'Ujtl. De nos jours, ils sont combien de jeunes à être directeurs généraux, Pca, conseillers techniques, à gagner plus qu'un parlementaire. En 2001, il n'y avait pas non plus un ministre jeune, qui à l'âge de 31 ans, a bouclé presque une expérience gouvernementale de presque 5 années. Ça  n'existait pas. Y'avait pas également plus d'une dizaine de conseillers jeunes, chargés de mission dans les postes présidentiels. Donc, on peut affirmer qu'il n'y avait pas autant d'acquis au profit des jeunes. Mais non plus, nous n'avions pas ce genre de coalition par rapport à notre propre liste. Le parti a connu des ralliements massifs, a aussi une nouvelle configuration. Il ne faut pas non plus oublier qu'en 2001, l'Ujtl, à 98%, était composée de jeunes qui ne pouvaient pas encore occuper de hautes fonctions étatiques. Maintenant, regardez notre structure ! De l'ingénieur à l'administrateur, tous les profils sont au sein de l'Ujtl. C'est dire qu'au niveau de l'Ujtl, on peut, les yeux fermés, sortir des ministres, des ambassadeurs, des ministres conseillers. Et en 2001, nous n'étions pas un nombre important de jeunes. La plupart des jeunes qui sont entrés à l'Assemblée nationale étaient des suppléants. Mais ce qui est important aujourd'hui, et sur la liste nationale de la coalition Sopi 2007, après la tête de liste, c'est l'Ujtl qui est à l'honneur. Cinquième position, c'est encore notre mouvement. D'autres encore également sont à l'honneur. Au niveau des départements, ce qui n'est pas encore sorti, ils sont nombreux à occuper des positions qui les mèneront à l'Assemblée nationale. Et ils sont nombreux à m'avoir aidé dans l'unité des jeunes, tel que le jeune député Moussa Sy. Donc, il était nécessaire pour moi que le maximum de jeunes reviennent à l'Assemblée nationale.

Apparemment, à vous entendre, on dirait que les cadres sont légion au niveau de votre parti ?
Oui ! Pourtant, vous travaillez avec de nombreux transhumants… Pourquoi fermer. Et le président Wade a toujours dit qu'il refusait la gestion spirituelle du pouvoir. Nous ne sommes  pas des fils spirituels de Wade, mais des disciples de Wade. Disciple, c'est en effet, comprendre la pensée de son maître, et de suivre dans cette dynamique. Les jeunes cadres sont nombreux maintenant au sein de notre parti. Maintenant, travailler avec les nouveaux militants (Ndrl : transhumants) signifie qu'ils ont bien compris la pensée de Wade. Donc, responsabiliser ces derniers, n'enlèvent en rien l'existence de talents au niveau du Pds. Le contexte n'étant plus le même qu'en 2000. Car, il ne faut pas oublier qu'entre- temps, les jeunes de Wade ont grandi, ont terminé leurs études et ont acquis une expérience d'Etat dans bien des domaines. En 2000, j'étais simple maîtrisard, mais entre-temps, beaucoup ont leur Dea, leur doctorat, ou autres. Et en dehors des diplômes, ils ont une grosse expérience étatique. Parce qu'après avoir eu connaissance d'une chose, il faut avoir l'opportunité de la mettre en œuvre. Quand des jeunes formés ont cette opportunité, et de se faire encadrer par un homme de la dimension de Wade, ce sont des ressources humaines de qualité qui ne peuvent qu'émerger.

L'épouse de Aliou Sow fait maintenant de la politique. Est-ce par conviction ou pour soutenir son mari ?
Vous posez mal la question, dès lors que vous dites que maintenant elle fait de la politique. Parce que, elle me dit à la maison, «  toi, tu as grandi pour mener le combat ; alors que moi, je suis née Pds, j'ai du sang bleu dans mes veines ».  Sa mère fait partie des premières militantes du Pds. Elle détenait la carte n° 8 du Pds, au moment où ce n'était pas facile. Elle n'a jamais quitté le Pds jusqu'à rejoindre sa dernière demeure. Le baptême de mon épouse a fait l'objet de la présence de Me Wade. Quand Wade se rendait au Gabon, il se rendait chez ses parents, de même qu'aux Etats-Unis. Quand mon épouse venait en vacances au Sénégal, elle passait au Point E pour prendre des documents. Elle a autant d'années de militantisme libéral qu'autant d'années de vie sur terre.  Elle milite à la base. Elle a créé son mouvement, et a décidé de se formaliser au niveau de la structure. Elle est secrétaire de commission féminine départementale de Louga. Et je ne veux pas que l'épouse de Aliou Sow tue la fille de Rokhaya Sèye…