
Pour l’avoir moi-même vécue il y a une vingtaine d’années, lorsque pour la première fois je déposais une demande de Carte Nationale d’Identité au commissariat du point E à Dakar, je salue la sortie de ce compatriote qui a eu l’intelligence de dénoncer cette pratique que subissent des millions de sénégalais dans nos commissariats. Il m’a fallu à l’époque retourner à Ziguinchor et solliciter auprès du tribunal un certificat de nationalité. Parce que je suis un « Barry » les cartes d’identité nationales de mes parents sénégalais n’avaient pas suffi pour m’octroyer la CNI.
Alors, lorsque je vois la condescendance avec laquelle Moustapha Diakhaté a réagi sur sa page Facebook pour traiter François Mendy de menteur, je comprends aisément pourquoi ce camarade de l’APR a été éjecté du palais. Le ton péremptoire de son post en dit long sur la considération qu’il a du citoyen lambda. Diakhaté a-t-il pris contact avec François Mendy pour s’enquérir des faits ? A-t-il pris langue avec les agents du commissariat incriminé ? Visiblement non. Il s’est contenté, en bon donneur de leçons, de traiter François Mendy de menteur, en étalant telle de la confiture sur une tartine (moins on en a, plus on l’étale), sa modeste connaissance de la constitution. Un sénégalais dénonce la violation d’une loi en mettant en exergue un traitement discriminatoire à son égard, Moustapha Diakhaté le traite de menteur en invoquant l’existence d’une loi. Quelle bêtise ! C’est comme traiter de menteuse une femme qui crie au viol, avec le seul argument que la loi interdit le viol. Quelle turpitude ! Je rappelle au camarade Moustapha Diakhaté prêt, tel un cowboy, à dégainer à tout moment, que la certitude rend fou, que le doute (dans le sens du questionnement) est souvent salvateur.
Au fait c’est quoi un nom à consonance étrangère ? In n y a pas de nom présent au Sénégal qu’on ne retrouve pas dans la sous-région. Cet agent de police qui a envoyé bouler François Mendy aurait donc traité sans problème une demande de CNI de ma camarade de fac Malienne Aicha NDIAYE ou de mon beau-frère Guinéen Ousmane DIOP ? Qu’en serait-il de mon cousin Mauritanien Souleye KANE ? Ce concept de « sénégalité » prend de plus en plus de place dans les discours de nos compatriotes. Sur le registre politique, nombreux sont ces leaders de partis qui, à travers des phrases comme « fii laa deuk, fii laa djangué… », clament leur « sénégalité » comme si vivre à l’étranger, y étudier est une profanation de la nationalité sénégalaise.
La Côte d’Ivoire qui souffre encore du concept d’ « ivoirité » jadis utilisé et propagé par des politiciens avides de pouvoirs, est là pour nous rappeler les tragédies qui peuvent découler de ces bêtises.
Face à la dénonciation de François Mendy, la seule question qui mérite d’être posée est comment mettre fin à cette pratique inacceptable encore présente dans nos commissariats ? La Constitution est sans équivoque sur la question de la nationalité et rien ne justifie que certains sénégalais soient obligés de « plus » justifier leur appartenance à notre chère nation. Les raisons de sécurité nationale invoquées par certains ne tiennent pas la route. Elles n’auront un sens que si la même règle est appliquée à tous les citoyens. Aussi j’exhorte le ministre de l’intérieur Aly Ngouille NDIAYE à prendre les dispositions nécessaires pour mettre fin à cette pratique discriminatoire pratiquée dans nos commissariats.
Amadou BARRY
5 Commentaires
Ngaari Ngawlé
En Octobre, 2019 (14:24 PM)Ngaari Ngawlé
En Octobre, 2019 (14:38 PM)Anonyme
En Octobre, 2019 (20:10 PM)Anonyme
En Octobre, 2019 (20:10 PM)Participer à la Discussion