An VII de son agression : Talla Sylla retourne son marteau contre la classe politique

Tous, les mêmes. Des opportunistes, capables de voler et de trahir pour accéder ou se maintenir au pouvoir. Le politicien sénégalais est un individu dépourvu de vertu, calculateur à souhait. C’est le sévère réquisitoire que Talla Sylla a fait, hier, à la classe politique sénégalaise, opposition comme pouvoir.

A l’occasion du septième anniversaire de sa ‘tentative d’assassinat’, le leader du Jëf-Jël a mis à nu le vrai visage de la classe politique. Selon lui, la praxis politique en vigueur au Sénégal est indexée et à juste titre par les citoyens. ‘Le politicien est le plus prolixe, le plus rusé, le plus malicieux, celui qui est capable, sans frémir, de tromper, de voler, de travestir, de trahir ses concitoyens pour accéder ou se maintenir au pouvoir. Un pouvoir dont il use et abuse pour se servir et assouvir ses affidés au détriment de l’intérêt général’, a affirmé hier Talla Sylla à Guédiawaye. Et de poursuivre: ‘Le politicien sénégalais est un individu dépourvu de vertu, calculateur à souhait, stratège du nombril et sans limites dans ses excès.

Un démagogue, un populiste, un illusionniste. Il a un mentor, un langage, un comportement, des codes, des pratiques et des acolytes. Il est adepte de la politique politicienne, il sévit au Sénégal’.’Notre classe politique, opportuniste à souhait, exhibe des carences et des incongruités qui ont conduit le pays dans l’impasse. Absence de vision politique claire, de projet de société viable, mal gouvernance généralisée, corruption massive. Bref, ces maux qui caractérisent notre pays sont à mettre au passif du Ps et du Pds’, a-t-il encore dit, notant que les réponses et alternatives des opposants n’ont pas également répondu aux attentes des populations. ‘Ote-toi que je m’y mette ou sers-moi ma part du gâteau, semblent être les termes du seul dialogue qui vaille et qui a produit l’ouverture, l’élargissement, l’entrisme et la transhumance’, a-t-il dit. Ainsi, pour le leader du Jëf-Jël, l’homme politique est assigné au banc des accusés, par le discours du type ‘tous pourris’ qui est récurrent chez les Sénégalais.

Et derrière ce cliché réducteur se cache, à l’en croire, toute la trame du problème politique de notre pays qui aborde à chaque veillée électorale une étape charnière de son destin. Pour lui, cette réalité traduit aussi, malheureusement, l’inertie de la vie politique sénégalaise et l’absence d’énergie et d’imagination des hommes politiques censés l’animer. Pour lui, la politique donne l’impression, à l’observateur averti, d’un éternel recommencement orchestré par des acteurs qui semblent s’entendre sur leurs défauts et leurs tares rédhibitoires en se reconnaissant mutuellement, mais faussement, une volonté, un courage et des idées qu’ils n’ont pas. Pour s’en convaincre, a-t-il dit, il faut et il suffit de prendre le slogan de n’importe quelle formation politique pour constater qu’il est conçu comme la ‘catch phrase’ d’un lutteur simplement mu par le souci de prendre le meilleur sur son adversaire. ‘Aucune question économique, sociale ou même politique n’est appréhendée sans que la mesure ou l’orientation qui guide la réflexion ne soit chargée d’intentions et d’ambition politicienne’, a-t-il regretté. Pour l’initiateur de Bennoo Taxawal Senegaal, cette propension des hommes sénégalais à ne s’intéresser qu’aux soucis du peuple que lorsqu’ils permettent une récupération instantanée de nature à orienter ou augmenter un suffrage espéré unit, dans une sorte d’entente tacite, le pouvoir, l’opposition et, plus curieusement la société civile.

‘Notre formation politique l’Alliance Jëf-Jël, elle-même n’y a pas échappé’, a-t-il admis, expliquant qu’ils trouvent toujours des beaux concepts pour réunir les forces politiques vives de notre pays sous une même bannière prétendant chacun ‘marcher ensemble, frapper ensemble’, mais pensant chacun tirer, à son profit exclusif, les avantages acquis par tous. ‘Plus ubuesques encore sont les accointances et protocoles de partage du pouvoir concoctés pour que, à chacun revienne sa portion même congrue du pouvoir dont l’acquisition et l’exercice sont la seule motivation de l’homme politique sénégalais’, a-t-il encore dit. Et pourtant, d’après lui les politiciens font moins d’un cinquième de la population. Conséquence, Talla Sylla, qui prône une autre politique, affirme qu’il en résulte hélas un désamour, une méfiance entre le politique et le citoyen lambda.

Charles Gaïky DIENE