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Politique

ANOCI - L’opacité perdure dans les comptes financiers de l’agence : Peu de réponses à quinze milliards de questions

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ANOCI - L’opacité perdure dans les comptes financiers de l’agence : Peu de réponses à quinze milliards de questions

Plus de cinq semaines après la clôture du sommet de la Conférence islamique, l’agence organisatrice ne daigne pas encore justifier à l’opinion publique, où et comment elle géré un budget faramineux de 15 milliards de francs Cfa.

Petit à petit, le débat sur la gestion de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique s’éloigne de l’espace public, au gré des impératifs que l’actualité impose à l’opinion. Au lendemain de la rencontre internationale de Dakar, le président de la République avait clairement indiqué le sens politique de toute investigation ou de tout projet d’audit relatif aux finances de l’Anoci. Dans cette foulée, et au prix d’une invasion médiatique très soutenue, Abdoulaye Baldé précisait en les délimitant, à voix haute et à grands traits, les contours de ce qu’il considère comme la sphère d’intervention de l’agence dont il est le Directeur exécutif.

Beaucoup d’observateurs ayant suivi les sorties du docteur en finances, ont exprimé leur surprise après avoir entendu la théorie de la non-responsabilité de l’Anoci dans la gestion des 376 milliards de francs Cfa que l’agence dit avoir mobilisés entre 2004 et 2008. Tout juste, Abdoulaye Baldé reconnaît-il, lors d’un entretien avec le Populaire, que «(…) les seuls fonds qui sont passés entre nos mains sont les quinze milliards pour le fonctionnement de l’Anoci, ces quatre dernières années».

Les responsabilités institutionnelles pratiques de l’Anoci, c’est le président de la République en personne qui les a fixées, après plusieurs modifications du décret n°2004-678 du 7 juin 2004 portant création de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique. Selon l’alinéa 4 de l’article 4 dudit décret, «le directeur exécutif (qui est de droit le secrétaire général de la présidence de la République) prend toute décision utile à la bonne marche de l’agence. Il prépare et exécute le budget de l’agence dans les conditions fixées à l’article 8.

Il est responsable de la passation des marchés de l’agence. Il établit un rapport annuel d’activité qu’il soumet à l’approbation du Conseil de surveillance. Il arrête les états financiers de l’agence». L’Anoci, dans les positions exprimées par son directeur exécutif, ne se sent responsable de rien, mis à part les 15,5 milliards de francs lui ayant servi de «frais de fonctionnement» pendant trois ans. Mais même à ce niveau, l’opinion publique ne comprend pas que l’opacité la plus entière entoure les dépenses effectuées ad hoc. Qu’un inspecteur du Trésor en détachement soit parachuté directeur financier, que le chef du Service de l’administration générale et de l’équipement (Sage) de la présidence de la République soit catapulté comptable de l’agence (cette mesure a été corrigée par… décret en 2005 avec un manuel de procédures administratives et comptables !), ou qu’un cabinet international ait assuré un contrôle permanent sur les comptes, ce sont autant d’éléments qui ne certifient en rien la transparence des opérations financières strictement opérées par l’agence. Le sommet de l’Oci est derrière nous, sans que l’on sache, en intégralité et en toute clarté, les destinations finales d’un budget si immense pour une structure qui promettait le bénévolat à certains de ses membres.

Du reste, l’argent a, de tout temps, été au cœur de l’Anoci. En mettant de côté la nébuleuse entourant la passation des marchés ainsi que les dépenses exécutées dans le cadre des infrastructures, on en revient à cet étalon monétaire que d’aucuns qualifient trivialement, de «nerf de la guerre». Le cafouillage sur les articles relatifs à la rémunération ou à la gratuité des fonctions de membre du Conseil de surveillance en atteste. Dans le décret originel n°2004-678 du 7 juin 2004 précité, «les fonctions de membre du Conseil de surveillance sont gratuites», selon l’alinéa 4 de l’article 6. Mais le 26 avril 2006, le président de la République modifie cette disposition et la gratuité passe à la trappe. Désormais, «les membres du Conseil de surveillance peuvent avoir droit, dans les conditions fixées par le conseil, à des indemnités de séance ainsi qu’au remboursement des frais que nécessite l’exécution des mandats qui leur sont confiés.» Il faut bien vivre, et tout travail mérite salaire. A coup sûr !

QUAND LA TRANSPARENCE S’IMPOSE

Si la transparence ne s’impose pas finalement dans cette affaire de gros sous, ce sont les supputations qui l’emporteront. Par exemple, un esprit définitivement tordu serait fondé à penser qu’une partie des 15 milliards de frais de fonctionnement a pu être placé sur des marchés financiers rémunérateurs en ces temps de disette budgétaire. Cette possibilité existe car l’article 8 du décret du 7 juin 2004 stipule que «les recettes de l’agence sont constituées par (…) le produit du placement des fonds disponibles». S’il existait une volonté pratique de clarifier devant les organes compétents de l’Etat une gestion publiquement décriée, nous n’en serions pas à ce niveau des pâquerettes dans le respect dû aux contribuables sénégalais.



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