El Hadj Babacar Gaye vient de donner le la. Le maire socialiste de Kaffrine n'a pas attendu la publication officielle des résultats pour quitter, avec armes et bagages, le Parti socialiste et rejoindre Me Wade, sorti largement vainqueur de la dernière consultation électorale. Cela, sur la base de la littérature traditionelle : aider Wade à concrétiser son rêve pour le Sénégal. Mais, le néo-libéral de Kaffrine va plus loin : ‘J'estime que, pour des raisons de principe, j'a fait perdre de nombreuses opportunités à la ville de Kaffrine. Après avoir écouté les déclarations du président, les offres qu'il nous a faites et compte tenu de mes ambitions pour la commune, je trouve que le moment est venu de prendre en compte cette donnée, de m'engager politiquement à ses côtés et de me mettre à sa disposition pour toute assistance dans la gestion de la commune’. L'élégance en moins, le maire de Kaffrine déclare : ‘Je n'avais averti ou encore moins écrit à personne pour adhérer à ce parti (Ps, Ndlr). La constante est que j'ai choisi de collaborer politiquement avec le président de la République, sans calcul et sans prétendre à quoi que ce soit car je considère que c'est une forme de consécration’. Au diable les principes ! Lors des investitures pour les Législatives, El Hadj Babacar Gaye avait été, pourtant, préféré à Abdoulaye Wilane, originaire comme lui du même patelin. Il aura fallu jouer les compensations et convoquer les notions sentimentales de droit d'aînesse pour convaincre le jeune et fort en thèmes du Parti socialiste de se ranger.
Contre une libération en sa faveur du fauteuil de maire lors des prochaines locales si toutefois le Ps confirmait son leadership au niveau de la commune. Chimères que tout cela, semble se dire aujourd'hui l'ancien socialiste attiré par les sirènes bleues. Selon ce dernier, ‘un homme politique est un homme public. Ses décisions doivent être mûrement réfléchies’. Et donc, après une réflexion qui n'a mûri, comme par hasard, qu'au lendemain des premières tendances toutes favorables au challenger d'Ousmane Tanor Dieng, le doyen Gaye a choisi de faire comme les autres : prendre le raccourci de la transhumance à la recherche de privilèges que seule une position de pouvoir peut procurer.
Mais, avec la nouvelle donne politique consécutive à la bérézina de l'opposition, il est, toutefois, fort à craindre qu'El Hadj Babacar Gaye ne fasse des émules. Comme au lendemain du 19 mars 2000 où, par cohortes, des responsables de premier plan du Parti socialiste avaient préféré rejoindre les nouvelles autorités, il n'est pas exclu que certains parmi ceux qui ont jusque-là résisté à l'attraction du pouvoir franchissent le pas. Le Parti socialiste n'est pas seul à être guetté par ce phénomène. Mais, toutes les autres formations qui étaient en compétition avec Wade et où les seules perspectives qui s'offrent, désormais, sont l'indigence, les matraques et les lacrymogènes, sont dans l'œil du Cyclone.
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