Le Président Wade s’attendait de la part de Idrissa Seck, sans doute, à tout sauf à une déclaration de candidature pour la présidentielle de 2007. Il y a encore quelques jours, le chef de l’Etat excluait devant le Comité directeur du Pds, de façon catégorique, l’éventualité d’une candidature de son ancien Premier ministre.
Le Président Abdoulaye Wade a longtemps nourri un optimisme béat quant à ses rapports avec son ancien Premier ministre Idrissa Seck. En dépit des péripéties de leur bras de fer qui a duré plusieurs mois, le chef de l’Etat n’a pas semblé prendre la mesure de la profondeur de la détérioration de ses relations avec le maire de Thiès. Dire qu’il y a quelques jours encore, le Président Wade ne se doutait nullement que Idrissa Seck allait déposer une candidature à la prochaine élection présidentielle. Me Wade excluait même toute candidature de son ancien Premier ministre à la présidentielle de 2007. Devant le Comité directeur de son parti la semaine dernière, il s’est voulu formel : «Jamais il ne viendrait à l’esprit de Idrissa Seck de se présenter contre moi. C’est moi qui l’ai créé, sans moi il ne compte pas.» Mieux, Me Wade poursuivait en révélant aux responsables de son parti que quelques instants avant la réunion du Comité directeur, il venait de rencontrer un journaliste français, du journal Le Monde qui avait eu à l’interpeller sur une éventuelle candidature de Idrissa Seck à la prochaine présidentielle. Me Wade disait donc répondre au journaliste qu’il ne faut pas s’imaginer que Idrissa Seck soit assez téméraire pour se présenter contre lui. Dans ses explications au journaliste, le Président Wade a ajouté que cela est d’autant plus plausible que Idrissa Seck est «son fils» et en Afrique on n’agit pas de la sorte avec «son père». Il s’y ajoute, raconte toujours Abdoulaye Wade, que Idrissa Seck avait toujours clamé haut, que jamais il ne serait candidat à une l’élection contre son mentor. D’ailleurs, insistait le Président Wade devant le Comité directeur : «Idrissa Seck ne se présentera pas contre moi. Quand je ne serai plus là, il lui sera loisible de se présenter.» Seulement, Me Wade a semblé oublier qu’entre-temps beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la gestion du pouvoir sous le régime de l’alternance politique survenue depuis le 19 mars 2000 avec, à la clef, l’emprisonnement de son ancien homme de confiance.
C’est dire que le président de la République devrait être pris de court par la sortie d’hier de Idrissa Seck. Il ne serait pas le seul d’ailleurs dans les rangs de ses proches. Les réactions courroucées de Farba Senghor, Abdou Fall, Doudou Wade entre autres révèlent bien que dans les milieux du Pds, on ne semblait pas avoir intégré dans les analyses l’éventualité d’une candidature de Idrissa Seck. D’ailleurs quand Le Quotidien dans son édition n° 982 du lundi 3 avril 2006 avait annoncé la sortie d’une déclaration de Idrissa Seck pour le lendemain 4 avril 2006, diverses personnalités proches du chef de l’Etat ont tenté de percer le mystère de la teneur de la déclaration.
Dans tous les cas, cette annonce de candidature, qui devra être portée par un conglomérat de partis politiques et de mouvements de soutien, est partie pour faire des dégâts dans les rangs du parti libéral. En effet, d’aucuns s’attendent à ce que des sympathisants de Idrissa Seck, que l’on disait tapis dans l’ombre, basculent dans le nouveau pôle politique qui se crée. Idrissa Seck a fait un clin d’œil appuyé aux militants du Pds pour soutenir son action politique. Ainsi, la candidature de l’ancien Premier ministre pourrait beaucoup gagner notamment des mécontentements consécutifs aux opérations de restructuration du Pds. D’où, toute la suspicion qui va encore continuer à monter dans les chaumières libérales sur les uns et les autres estampillés pro-Idy. Il reste qu’un proche collaborateur du Président Wade se félicite de la sortie de l’ancien Premier ministre. Pour lui, «cela clarifie les choses. S’il a du monde comme il le dit, il n’a qu’à le sortir. Cette déclaration de candidature va souder les rangs du Pds, nous ferons tout pour garder les mécontents. Et puis Idrissa Seck qui a déjà dit aux Sénégalais qu’il ne serait pas candidat contre Wade peut-il revenir aujourd’hui pour dire le contraire ?».
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