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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

[ Opinion ] Attention à la marche, Monsieur le Président !

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[ Opinion ] Attention à la marche, Monsieur le Président !
Dans l’hypothèse où vous n’auriez pas trouvé la formule pour vous adapter à la nouvelle donne sortie des urnes le 22 mars dernier, vous êtes parti pour rater votre sortie de scène politique. Il ne suffit pas d’entendre et de comprendre le message des Sénégalais, comme vous l’avez dit dans votre discours à la nation. Encore faudrait-il, surtout, que vous ayez le ressort qui permet de changer, pour de vrai, et ainsi traduire dans les faits le besoin de changement de cap indiqué par nos compatriotes.

Vous savez, je le suppose Monsieur le Président, que les investitures de votre parti, incriminées par ceux qui continuent de vous mentir, n’ont qu’une part infinitésimale dans la défaite mémorable qui vient de secouer fortement les fondements de votre légitimité politique.

L’enseignement majeur sorti des urnes, c’est le rejet massif d’un système affairiste et de votre ambition affichée de vous faire succéder à la tête du pays par votre fils. Il est, en effet, définitivement établi que dans une élection transparente, votre Karim Wade n’a aucune chance de se faire élire au Sénégal pour vous succéder. Vous semblez l’avoir compris, pour l’avoir vérifié. Cette porte électorale fermée, la preuve que vous allez dans le sens voulu par le peuple passe par votre capacité à résister à la tentation de trouver une fenêtre pour faire la courte échelle institutionnelle au chef de file de la Génération du concret.

On ne peut pas perdre Dakar, Saint-Louis, Louga, Podor, Fatick… toutes les localités gagnées par l’opposition et s’abriter derrière son petit doigt en invoquant des problèmes internes à un parti. Il se serait agi d’une guerre, ce qu’à Dieu ne plaise, l’ennemi qui prendrait ces localités-là aurait eu tout le pays sous son joug. Les villes vous ont sanctionné parce que c’est là-bas que la conscience citoyenne est la plus importante.

Votre résistance à ceux qui vous mentent est apparue lorsque, il y a quelques semaines, vous avez fait appel à Idrissa Seck. J’avais écris à l’époque que vous aviez compris la carence, l’incompétence et la vacuité de cette structure qui se fait appeler Génération du concret et qui regroupe en fait des corrompus seulement préoccupés à s’enrichir. Karim et Cie ont rué dans les brancards, employé des mots forts (moral), pour faire un tir de barrage contre votre volonté. Vous avez cédé, aidé en cela par l’empressement d’Idrissa Seck dont le discours, à l’occasion, a fait peur à la bande à Karim. Eux disaient qu’ils allaient gagner sans Seck. Vous disiez, vous, qu’il fallait son apport. La vérité c’est que, même avec Idrissa Seck, vous perdez. Le 22 mars vous en a fourni une preuve patente.

Le slogan de la Génération du concret est en soi prémonitoire : ‘En route vers le sommet’ signifie qu’on n’atteindra jamais l’objectif. Il fallait dire : ‘En route pour le sommet’.

Vous aimez dire que vous allez reprendre votre parti en main. Il n’y a pas que lui qui vous a échappé : c’est le pays qui est de plus en plus hors de votre portée. Ce qui vous a échappé, dans la perception des Sénégalais, c’est qu’il y a des limites à tout. Laisser passer quelques jours de protestations ne suffit pas toujours pour faire passer n’importe quelle décision ou volonté.

Monsieur le Président, nos compatriotes sont en proie aux affres des difficultés économiques de toutes sortes ; la pauvreté les taraude ; chaque journée est plus pénible que celle de la veille, pour le plus grand nombre d’entre nous : ils n’en sont pas moins dignes, et insusceptibles de vendre leur vote. Ils l’avaient démontré en 2000, en vous élisant alors que vous étiez impécunieux ; ils l’ont de nouveau démontré, en sanctionnant votre pouvoir le 22 mars, malgré votre implication, l’argent, les grosses 4X4 et les avions.

Nos compatriotes vous ont sanctionné, pour divers faits, dont : d’avoir fait du fantasque Farba Senghor un ministre qui écorne l’image de notre pays à l’interne comme à l’étranger, impuni d’un crime pour lequel la clameur publique le poursuit, imposé un Samuel Sarr et tout ce qu’il symbolise, avalisé les actes illégaux et arrogants de Cheikh T. Sy, tripatouillé les textes pour des considérations politiciennes, désavoué la volonté populaire en supplantant l’Assemblée nationale par un Sénat illégitime, et par-dessus tout, être apparu comme le directeur de campagne d’un fils pour succéder à son père dans une république.

Après le parcours qui a été le vôtre, malgré et en dépit de tout, vous méritez une fin de carrière honorable. Il ne faudrait pas que des gens seulement soucieux de leurs intérêts personnels vous fassent entacher votre itinéraire et l’image de notre pays. Ils y réussiraient s’ils continuaient d’avoir votre écoute, après le 22 mars. Toutes ces dernières années, le pays est otage de manœuvres entrant toutes dans la logique de vous faire succéder par votre fils. Vous lui avez attribué une agence, sans qu’il en soit le responsable au plan juridique : il a échoué dans l’organisation du sommet au point de devoir retaper le Méridien et de louer un bateau de luxe à coups de milliards de francs, pour deux nuits. Vous l’avez mis en position d’avoir son mot à dire sur de nombreux dossiers : Senelec, Ics, Port, Air Sénégal. Vous-même savez ce qu’aura été son bilan.

La vérité qui s’impose à vous, c’est que Karim Wade est un looser entouré de gens qui se soucient de sa carrière, de votre image et de l’intérêt du pays comme d’une guigne. Ils ont réussi plusieurs choses : vous mettre le pays à dos, faire rire vos homologues africains que vous snobiez il n’y a guère, apeurer les partenaires du Sénégal, casser votre parti et vous imposer une cohabitation avec un pouvoir local. Le pire est que vous êtes en passe d’être responsable d’un fait politique dont, au fond, vous n’êtes pas personnellement convaincu de pertinence.

Monsieur le Président, la voie indiquée par nos compatriotes n’est pas celle d’une énième retouche de nos textes déjà largement éprouvés, ni un combinazionne de plus pour remettre Idrissa Seck en lice, encore moins à un quelconque poste de vice-président. Croire que le retour d’Idrissa Seck suffit à réparer ce que l’option Karim Wade vous a fait perdre, relève d’un autisme coupable. Idrissa Seck et Modou Diagne Fada pourront en témoigner. En 2003 déjà, je les avertissais en ces termes : ‘Karim Wade allait être le principal thème de campagne contre son père’. C’était le jour même de la fameuse visite de Serigne Mourtalla Mbacké au domicile d’Idrissa Seck. C’est qu’au détour d’enquêtes journalistiques, j’avais perçu la dérive. Mes interlocuteurs n’avaient pas pris au sérieux cet avertissement. J’espère, pour notre pays, qu’il en sera autrement de vous, Monsieur le Président.



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