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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Awa Gueye Cissé : «Toute loi contraire aux intérêts des populations sera bloquée»

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Awa Gueye Cissé : «Toute loi contraire aux intérêts des populations sera bloquée»

Timide au départ Awa Gueye Cissé. La première vice-présidente de l’Assemblée nationale est de ceux qui craignent  la presse. Une peur qu’elle a su dompter, pour asséner ses vérités sur certaines questions d’actualité. ‘’Yaye Fall’’ de Macky Sall, elle n’a cessé de rappeler les grands principes édictés par le chef de l’Etat avant d’appeler à la transparence.


Le président Macky Sall a fait une année à la tête de l’Etat du Sénégal, alors vous, en tant que femme, je ne parle pas de la députée ou de la femme politique, comment avez-vous vécu cette première année de présidence de Macky Sall ?


Nous l’avons vécue avec beaucoup de fierté. Un an c’est déjà très peu parce que vous savez que pour les grandes réalisations, les grandes réformes, il faut du temps pour les mettre en œuvre.  Mais tout de même pendant cette année, le président Macky Sall s’est mis au service des populations.  Je peux donner quelques exemples. Dans le domaine de l' Agriculture, les paysans sont très soulagés et très satisfaits du déroulement de la politique agricole. Dans le domaine de la Santé, 120 milliards sont prévus dans le budget pour la couverture sanitaire universelle. Elle entrera en application dans les prochains jours. On peut aussi parler de la bourse de sécurité familiale de 100.000 francs pour aider les populations démunies à subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants. On peut surtout recenser les progrès qu’il y a au niveau du comportement des populations. Avec l’avènement du président Macky Sall, tout le monde a compris que l’ère de l’impunité est finie. Les populations sont dans l’obligation de respecter les institutions, de se tenir comme il faut parce que le président Macky Sall a bien dit : «Je ne protégerai personne». On est donc en train d’assister à une vraie séparation des pouvoirs.


Vous venez de peindre un magnifique tableau de la première année de gouvernance de Macky Sall. Néanmoins, il y a des tâches avec le gaz qui se fait rare, l’électricité qui fait des siennes, les denrées qui refusent de baisser, entre autres… Comment expliquez-vous cela ?


Vous savez la crise énergétique, c’est un réel problème. Elle fait partie de ces problèmes qui ont emporté le président Wade. Le président Macky Sall depuis qu’il est aux commandes, fait de gros efforts pour que l’énergie soit maîtrisée au Sénégal. Dans ce sens, c’est l’occasion pour moi de dire que ce que nous devons faire en tant que gouvernants, c’est d’exploiter les autres sources d’énergie, pour assurer l’autonomie dans ce domaine.


Pourtant un de vos principaux alliés de la Coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) en la personne du maire de Thiès Idrissa Seck pense que rien ne va encore, qu’en dites-vous ?


Vous savez, il faut savoir être conséquent dans la vie. Idrissa Seck soit il est dedans, soit il n’y est pas du tout et de ce point de vue, il doit prendre toutes ses responsabilités. Car vous ne pouvez pas être avec des gens dans le cadre d’un compagnonnage sincère et les flinguer à tout bout champ sur la place publique de surcroît. Je considère que s’il a des choses à dire concernant la marche des choses, il a toute la latitude d’en discuter avec le président de la République qui est très ouvert aux critiques. Il peut chercher à le voir pour le lui dire directement. Mais à mon avis, le problème d’Idrissa Seck, c’est qu’il a encore du mal à accepter que c’est Macky Sall qui a été élu par les Sénégalais. D’ailleurs, je dois dire qu’il ne peut pas avoir ses ministres dans le gouvernement et critiquer tout le temps ce même gouvernement. On ne dit pas qu’il ne doit pas critiquer, mais encore est-il que cela se fasse dans les règles de l’art. Mais enfin, retenez bien que cette situation ne peut pas perdurer.


L’Etat a fait voter un Code des impôts qui selon la presse de ce matin, lui fait perdre 15 à 20 millions de francs par jour. La question est de savoir si les parlementaires avaient pris en compte cette perte sèche que subit l’Etat  au quotidien ?   


Le nouveau Code des impôts qui a eu une grosse incidence sur les salaires, est à saluer. A la fin du mois de janvier, tous les travailleurs ont vu leur salaire augmenter. Cela contribue à améliorer le quotidien des populations. Maintenant que cela ait une autre conséquence pour l’Etat, c’est à lui de se mettre dans les dispositions pour combler ce manque à gagner.


«La troisième rupture, c’est dans la composition même de l’Assemblée nationale. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que le président de l’Assemblée nationale ne soit pas du même parti politique que le président de la République. Nous avons aussi une coalition composée de différentes coalitions avec 127 députés, venant de plusieurs partis politiques et qui néanmoins sont solidaires et œuvrent pour que les projets et propositions de loi, puissent passer comme il faut.»


Donc en votant cette loi, vous n’aviez en vue que cet aspect, disons politicien qui est d’augmenter les salaires des travailleurs ?


Ce n’était pas tout simplement pour augmenter les salaires. En tant que député, ce qui nous préoccupe, c’est le quotidien des populations qui nous ont mandatés et c’est sous cet angle là, que nous avons jugé le nouveau Code des impôts. Nous avons trouvé qu’il y avait de gros avantages pour les populations dans cette réforme.


Parlons un peu de l’Assemblée nationale. Peut-on dire sans hésitation qu’il y a réellement rupture ?


Oui, il y a effectivement une rupture au sein de l’Assemblée nationale. La première rupture, c’est l’application de la loi sur la parité. Je disais tout à l’heure au président de l’Assemblée nationale française (NDLR : l’entretien s’est fait après la réception du président de l’Assemblée nationale par son homologue sénégalais) que le Sénégal qui était l’élève de la France lui a donnée une belle leçon de démocratie, d’équité et de justice sociale. Ça, c’est une première rupture.


 La seconde rupture, c’est au niveau de l’implication des députés dans les travaux de l’Assemblée nationale. On vient de sortir du vote du budget. Les députés ont assuré tout ce qu’il fallait faire au niveau des commissions avec une participation massive au niveau des plénières.


La véritable rupture, ce sera dans le fait que les députés ne seront pas les instruments de l’Exécutif. Ça c’est fini. Désormais, les députés sont au service du peuple. Toute loi qui émanera de l’Exécutif et qui n’ira pas dans le sens des intérêts des populations, ne  passera pas dans cette Assemblée nationale. Je vous en donne l’assurance.


Ça, c’est l’aspect législatif, et pour l’aspect contrôle de l’Exécutif ?


On en parlait tout à l’heure. C’est un réel problème. C’est l’occasion pour moi de le dire. Les députés ne sont pas dans les dispositions qu’il faut pour exécuter ce contrôle de l’Exécutif.


Pourquoi ?


Pour contrôler l’Exécutif, il faut leur (NDLR : les députés) donner les moyens nécessaires pour accomplir cette mission. Il faut qu’ils soient d’abord en relation avec la Cour des comptes pour pouvoir exécuter cette mission. Le député n’a pas de cabinet. Il est seul mais est tenu de maîtriser toutes les questions, éducation, agriculture, technique, santé… alors qu’ il n’a même pas d’assistant parlementaire.


C’est là où je voulais en venir. A un certain moment, il a été beaucoup question de l’instauration de ces assistants parlementaires. Qu’est-ce qui bloque ce dossier ?


Ça bloque toujours. Au niveau des Finances, on nous a dit que ce sera une enveloppe budgétaire trop lourde que les finances publiques ne sont pas prêtes à supporter. Voilà pourquoi, jusqu’à présent, on attend toujours les assistants parlementaires. Tant que les députés ne seront pas formés, informés, assistés, ils ne pourront pas exécuter correctement cette mission de contrôle de l’Exécutif.


«Je ne vois pas pour quelle raison, on doit revenir sur cette loi-là. Partout où tu iras au Sénégal, tu trouveras des femmes qui sont très bien sensibilisées. Tout le monde sait,  les élections locales ne peuvent pas se faire sans les femmes. Ce sont elles qui sont dans ces localités».


Les mêmes causes produisant les mêmes effets, est-ce l’explication de la rareté, des questions d’actualité et autres commissions d’enquête parlementaire ?


Des questions orales, il en existe. Des députés déposent sur la table du président des questions orales. Vous aurez l’occasion de le voir. Des ministres sont interpellés. Même le Premier ministre, ne sera pas épargné. Vous aurez l’occasion de voir tout ça.


Vous avez tantôt parlé de l’exemple sénégalais en matière de parité. Mais n’avez-vous pas d’appréhensions sur cette question, avec les différentes sorties enregistrées depuis les dernières élections législatives ?  


La parité doit être respectée lors des élections locales. La loi est là de même que le décret d’application. On a déjà fait l’expérimentation avec la douzième législature. Je ne vois pas pour quelle raison, on doit revenir sur cette loi-là. Partout où tu iras au Sénégal, tu trouveras des femmes qui sont très bien sensibilisées. Tout le monde sait, les élections locales ne peuvent pas se faire sans les femmes. Elles sont majoritaires dans ces localités et connaissent les problèmes des populations. Je ne vois pas maintenant pourquoi en parlant d’élections locales, on veuille les faire sans elles. Cela ne passera pas.


On vient d’assister à la sortie de deux responsables de votre parti suite à la mise en demeure de Karim Wade. Peut-on dire qu’aujourd’hui, l’Alliance pour la République a décidé de porter le combat de la lutte contre les biens mal acquis ?


Je pense qu’aujourd’hui, il faut qu’on arrête de disserter sur la question des biens mal acquis. Le président a été très clair sur cette question, depuis le début. La traque des biens mal acquis, c’est une demande des populations qui ont demandé à ce qu’on mette la main sur ces fonds.  Le président a dit dès le début que quiconque a géré des fonds, aura à rendre des comptes. Donc arrêtons de disserter sur cette question et laissons la justice faire son travail.


«Quiconque aura à gérer des fonds, va rendre des comptes», s’adresse à ceux qui gèrent actuellement.   


Ceux qui ont géré et ceux qui gèrent actuellement. La traque des biens mal acquis, ce n’est pas seulement ceux qui étaient là. Ça concerne aussi bien ceux qui ont géré que ceux qui gèrent aujourd’hui. Ils auront à rendre compte de leur gestion. Le président le dit clairement : «Je ne protégerai personne». Donc ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, doivent gérer de la manière la plus transparente possible.


 Quand vous demandez  «qu’on arrête de disserter sur cette question», lancez-vous un appel à vos camarades de parti, en l’occurrence Thierno Alassane Sall et Mame Mbaye Niang ?


 Non, pas du tout. Je ne m’adresse pas à Thierno Alassane Sall ou Mame Mbaye Niang. Thierno Alassane est à une position qui lui permet de comprendre ce qui a été fait dans ce domaine. Il a donc l’obligation d’éclairer la lanterne des Sénégalais.


« La traque des biens mal acquis, ce n’est pas seulement ceux qui étaient là. Ça concerne aussi bien ceux qui ont géré que ceux qui gèrent aujourd’hui. Ils auront à rendre compte de leur gestion. Le président, il est clair. Il dit : ‘’Je ne protégerai personne’’».


Mais que faites vous de l’obligation de réserve surtout que le dossier est en instruction ?


Mais il n’a fait qu’un état des lieux. Il en a le droit. Cela n’a rien à voir avec un dossier pendant en justice.  


Ce qui est troublant dans cette histoire, c’est la coïncidence. Karim Wade a été mis en demeure le vendredi, l’état des lieux est fait le lundi. Pourquoi pas avant ?


C’est peut-être le hasard de l’histoire. (Eclats de rire). C’est une ironie de l’histoire.


L’Etat du Sénégal ne semble pas être dans les dispositions de respecter le jugement de la Cour de la CEDEAO. Au moment où on parle de rupture, l’Assemblée nationale ne devrait-elle pas pousser l’Etat à un respect de cette décision de justice ?


(Hésitation suivie d’une réponse laconique) En tant que vice–présidente de l’Assemblée nationale et en tant que citoyenne tout simplement, je suis tenu de respecter la loi. Maintenant les dispositions de la CEDEAO qui permettent à ces gens-là, de pouvoir voyager à leur guise, je ne vais pas les interpréter en tant que tel. Mais je vais demander à ces gens-là, pourquoi ils veulent quitter le Sénégal ?


Mais on est dans un Etat dit de liberté où les gens peuvent aller et venir à leur guise.


Les gens ont la liberté d’aller et de venir. Mais ces gens-là, ce sont ceux qui n’ont pas des dossiers en justice. Mais eux, ils ont des problèmes à régler. Ils doivent éclairer la lanterne des Sénégalais. J’aurai été à leur place, je serai restée pour demander à la justice de faire la lumière sur cette histoire, le plus rapidement possible. Et là, je serai libre de vaquer tranquillement à mes occupations.


Vous soupçonnez que s’ils sortent du Sénégal, ils ne vont pas revenir ?


Je ne soupçonne rien. Mais je ne vois pas pourquoi, ils veulent se précipiter pour partir, alors que les Sénégalais attendent qu’ils leur apportent des éclairages sur ce qu’on leur reproche. Ils n’ont qu’à demander à la justice une plus grande diligence pour que lumière soit faire. Là, ils seront lavés de tout soupçon  et vaqueront à leurs occupations.


Mais on est dans un cas d’espèce où la procédure peut durer dix ans, il ne faut pas l’oublier…


C’est vous qui le dites. On n’en sait rien. Il ne faut pas faire dans la précipitation et vous m’amenez à disserter sur ces biens présumés mal acquis, alors que j’ai dit moi-même qu’il faut qu’on arrête de disserter sur cette question et qu’on laisse la justice faire son travail. Ça c’est valable pour tout le monde, aussi bien le pouvoir que l’opposition. Laissons la justice  faire son travail et nous qui sommes au pouvoir œuvrons dans le sens de pouvoir mettre en pratique le programme du président de la République. Ceux qui sont dans l’opposition, n’ont qu’à s’opposer.


«Donc pour moi, la forme, je pense qu’elle est moins importante. Si on le fait pas voie référendaire, il appartiendra au peuple de se prononcer. Si le peuple accepte qu’on réduise le mandat, tant mieux. Si le peuple le rejette aussi, on va se soumettre à sa décision».


Le mandat du président de la République va être ramené à cinq ans. L’option est déjà prise, on n’y revient plus. Il reste l’applicabilité. Est-ce pas voie référendaire ou par voie  législative ? Vous, en tant que parlementaire, qu’elle est l’option qui vous conviendrez ?


 

La réduction du mandat, c’est le président de la République lui-même qui en a fait la promesse entre les deux tours. Tel que je connais le président Macky Sall, il n’est pas homme à revenir sur ses promesses. Donc pour moi, la forme, je pense qu’elle est moins importante. Si on le fait pas voie référendaire, il appartiendra au peuple de se prononcer. Si le peuple accepte qu’on réduise le mandat, tant mieux. Si le peuple le rejette aussi, on va se soumettre à sa décision. Alors, mon avis est moins important. Les décisions proviennent de la volonté générale.


Selon l’article 27 de la Constitution, cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire…


Je vous l’ai dit, la voie référendaire ne m’intéresse. Que ce soit par la voie législative ou la voie référendaire, ce sont les juristes qui vont se pencher sur ces aspects. Ce que je dis, c’est une promesse du chef de l’Etat. Macky Sall est quelqu’un qui tient ses promesses. A partir de ce moment, la décision relève du peuple. C’est le peuple souverain qui va se décider.


Oui, il y a une commission qui s’intéresse à ces questions de réformes. Est-ce qu’aujourd’hui, on peut s’attendre à une nouvelle Constitution, comme ce fut le cas en 2001 ?


Le président de la République avait émis le souhait de faire un toilettage de notre Constitution. Nous au niveau de l’Assemblée, on attend les conclusions de cette commission. Maintenant, si elles proposent une nouvelle Constitution, on va y aller. S’il s’agit juste de faire un toilettage en enlevant ce qu’il faut et ajouter de nouvelles choses, nous accompagnerons le chef de l’Etat.


Un poste de vice-président sera-t-il dans l’ordre du possible ?


(Catégorique) Non. Je ne le crois pas du tout. Dans un pays avec un régime présidentiel où le Président de la République, le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale font leur travail, un poste de vice-président n’a pas sa raison d’être.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Kmw

    En Mars, 2013 (01:23 AM)
    Dieu ait pithié du sénégal. suis persuadé que les nombreuses catastrophes que l'on vit dans les eaux et sur les routes ne sont que les réponses d'Allah face à notre méchanceté et a notre malhonnêté. Mais demain il fera jour et votre réveil risque d'être brutal.

    Pour l'homosexualité waxou mala voté mais essayez juste d'en débattre dans notre assemblée
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  2. Auteur

    Maguette Ndiaye

    En Mars, 2013 (10:46 AM)
    Que Macky, son gouvernement et les députés le sachent: le jour ou un projet de loi sur l'homosexualité sera examiné en conseil des ministres, le pays commencera à s'enflammer.
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