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Politique

Babacar Diagne, Cdes: «La désunion du patronat plombe l’émergence inclusive»

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Babacar Diagne, Cdes: «La désunion du patronat plombe l’émergence inclusive»

Il urge pour les organisations patronales du Sénégal, de s’unir. Sinon, ils verront les gros marchés de l’Etat leur passer sous le nez et tomber dans l’escarcelle des entreprises étrangères. L’alerte a été donnée par Babacar Diagne, Président du Conseil des entreprises du Sénégal (Cdes) qui, dans cet entretien, met à nu les difficultés micro entreprises et des Pme/Pmi. Il attend impatiemment l’adoption de la loi de développement des Pme, que le chef de l’Etat a, lui aussi, demandé.

M. Diagne, c’est quoi la loi de développement des Pme dont l’adoption est attendue par le chef de l’Etat ?

Le Conseil des entreprises du Sénégal fait partie du comité de pilotage et de rédaction de ce projet de loi. Le vote de ce projet de loi était une recommandation forte de la rencontre que nous avions tenue avec le Fmi et la Banque mondiale. Le gouvernement doit adopter ce projet de loi, la mettre en œuvre pour faciliter l’accès des Pme à la commande publique, et surtout développer des stratégies de promotion des Pme et micro entreprises. Quand j’ai vu le Président en parler et donner des instructions au gouvernement pour son adoption, je pense que c’est à saluer. Cette loi va instituer le conseil national des Pme, un organe consultatif, qui donnera son avis sur l’environnement des affaires, sur les stratégies et mécanismes que l’Etat devra mettre en œuvre pour la Pme. Il faut impérativement qu’il y ait une croissance inclusive. Et pour cela, il faut qu’elle parte de la base, à partir des micros entreprises. Le moteur du développement, ce sont les Pme. Et il nous faut un bon moteur. Aussi, à propos de cette loi, nous, nous avions fait des recommandations sur l’impôt minimum forfaitaire qui est égal à 500 000 francs Cfa. Impôt que toute entreprise créée doit payer, qu’elle fasse un bénéfice ou pas. Ce qui est aberrant parce que moi, ce que j’ai appris, c’est que l’impôt doit être la contrepartie d’une plus-value créée. Cela crée un blocage, ce qui pousse les micros entreprises à être dans l’opacité totale.

Quid de l’accès de la micro entreprise et des Pme à la commande publique ?

Il y a la bourse nationale de sous-traitance qui est là. Nous, nous avions tous souhaité une réorganisation du concept de bourse nationale. Qu’il soit un indicateur incontournable dans les programmes de partenariat public-privé et les marchés. Mais cette loi n’impacte pas l’environnement des affaires. Il n’y a pas d’organe de contrôle, ni d’évaluations pour savoir quelles Pmi ou micro entreprises en ont bénéficié. Aussi, il faut mettre en place des structures de financements adaptés aux Pme et Pmi parce que les banques ne jouent pas le jeu. Et c’est à l’Etat de prendre ses responsabilités. De créer, par exemple, une structure d’affacturage qui permettra de résorber une partie de la dette intérieure. Je ne trouve pas intéressant que l’Etat dise ‘‘je paye après service rendu’’ alors que le budget est déjà voté. Aucune micro entreprise ne peut survivre à cela.

Le constat, c’est aussi que beaucoup de marchés sont gagnés par des entreprises étrangères aussi

Le secteur privé sénégalais a un problème. C’est la problématique qu’on a avec les chambres de commerce et le patronat. C’est pourquoi le Président voyage parfois sans le secteur privé. Avant, il voyageait avec le secteur privé. Mais il n’y a pas l’impact recherché. Le Président est un homme politique et il est obligé de faire des résultats. Il a besoin de financements et que ses projets se réalisent. C’est pourquoi il va à l’extérieur, chez les français, les chinois, pour qu’ils viennent au Sénégal réaliser des projets. Mais, ces réalisations, les entreprises sénégalaises auraient pu les faire si seulement on avait une seule et unique organisation patronale forte pour faire de l’investissement et accompagner l’Etat du Sénégal pour créer des emplois et faire des investissements lourds. Mais La désunion et la passivité du patronat plombent l’émergence inclusive au Sénégal.

Donc l’Union des structures patronales pourrait être une solution ?

Au Burkina, il n’y a qu’une seule organisation patronale. La commande publique burkinabé passe par l’organisation patronale burkinabé. Et cela devait se faire au Sénégal. Les Présidents Mansour Cama, Baïdy Agn, Mbagnick Diop, les Présidents de l’Unacois, des Chambres de Commerce, doivent se réunir dans une seule confédération d’investissement. Ce qui permettra de prendre en charge les besoins d’investissement du Sénégal. Et je suis sûr que si nous mettons en place cela, l’Etat va nous accompagner parce que c’est ce que l’Etat cherche. Et tous les voyages du chef de l’Etat seront des voyages économiques. L’Etat sera derrière pour nous les garantir, nous faciliter les contrats, les partenariats public-privé avec les autres structures. Même le Ter pouvait être porté par le patronat sénégalais qui ira ensuite chercher des partenaires à l’étranger. C’est cela le développement inclusif. Tant qu’on ne règle pas la problématique de l’émergence à la base, le Pse est voué presque à l’échec. On aura de beaux immeubles mais qui appartiendront à des français, des Chinois, des Indiens etc. On est obligés de nous unir sinon les occidentaux vont remporter tous les marchés. L’Etat est allé chercher les Turcs pour continuer les travaux de l’Aibd. En Mauritanie, le nouvel aéroport a été conçu à 100% par des Mauritaniens. Le Cdes a fait une visite à l’Aibd, mais aucun patronat n’est allé là-bas alors qu’il y a des niches d’affaires importantes. Il faut qu’on change de paradigmes. On n’a pas le choix. Et l’Etat ne va pas nous attendre. Il doit faire des résultats. C’est à nous patronat d’accepter cette union pour, non seulement capter les marchés de l’Etat, mais aussi trouver des partenariats pour travailler en joint-venture et permettre à la Pme d’accéder à la sous-traitance par le biais de la bourse nationale de la sous-traitance qui existe mais qui ne marche pas, parce que n’ayant pas les moyens de sa politique. Elle n’a aucune prérogative.

Youssouf SANE



11 Commentaires

  1. Auteur

    Anonymevrai

    En Décembre, 2016 (09:34 AM)
    Cest vrai mais c est trop tard parce que tous les marches sont deja entre les mains des etrangers.
  2. Auteur

    Dieng

    En Décembre, 2016 (09:36 AM)
    Très pertinent dans l'analyse
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    Auteur

    Yerim

    En Décembre, 2016 (09:48 AM)
    La désunion du patronat plombe l'émergence des infrastructures et de la sacro sainte alliance des profiteurs, sangsues, vampiro-affairo affairistes et autres voraces totalitaires de la gourmandise macro économique subséquemment à l'appauvrissement des couches vulnérables qui se sont aplaties devant le capitalisme petit bourgeois mâtiné à la sauce afro senegalo indigène sorte de réplique néo coloniale françafrique tropicalisée sous les lambris maçonniques des suppots et relais insoupçonnés terrés dans les méandres obscurs de la république qui fut senghoriste puis wadienne, dioufiène et mackyste confirmant la béatitude éthérée arpentant la voie céleste de la structure désossée et archaique elle même empruntée à la doctrine théologique des ratios kabbalistiques engendrés par une multitude de procédés rituels qui ont fini de s'abreuver à la source principielle de l'athos thanatos couverte du linceul et des scories qui ont fini de recouvrir les couches telluriques enfouies dans les profondeurs de l'oraison du de profondis alea jacta est
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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2016 (09:57 AM)
    l union du secteur privé n’intéresse pas les autres associations patronales que sont le CNP le CNES ou encore l'UNACOIS et même si tel étais le cas vous des hommes d'affaire de la trempe de Serigne Mboup qui pense en dehors de lui personne ne doit diriger un syndicat unique du patronat. Le problème fondamental du secteur privé sénégalais c'est la non générosité de ses tètes de file et peut être même de leurs non pertinence



    il faut aussi que le pouvoir ose changer de stratégie en misant sur un secteur privé audacieux et innovent
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    Auteur

    Satou Dieme

    En Décembre, 2016 (11:19 AM)
    L'opposition ne cesse de crier scandale à longueur de journée que nos investisseurs sont zappés vis à vis des investisseurs étrangers par le gouvernements quand il s'agit de projets de développement. Comment voudrions nous qu'ils soient solliciter s'ils ne sont même pas capable de fédérer derrière des structures patronales ???
    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2016 (11:45 AM)
    A mon avis même si nos investisseurs voulaient s'unir autour des structures patronales ça serait peine perdue car ces structures patronales léserait certains membres du gouvernement tout en les empêchant leur pratique de magouilles et de chantage qui permet de gonfler leur compte après collaboration avec certains investisseurs.
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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2016 (11:59 AM)
    Le prblème c'est aussi que aucun leader ne veut diriger le patronat pour le servir. Chaque leader qui reclame la tête de ce patronat, veut en réalité se servir du patronat et non l'inverse.



    On dirait que c'est dans la nature profonde du sénégalais de toujours se servir des autres..... Instituons le service militaire svp, apprendre à servir voilà ce qui nous manque.
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    Auteur

    Anonyme Gade

    En Décembre, 2016 (12:54 PM)
    une analyse pertinente de la situation. Mais le problème reste entier. quelles démarches doit on entreprendre pour unifier le patronat . that is the question.Moi je pense que la response elle est politique. Il faut aller a la rencontre des partis qui sont a la conquete leur presenter un projet clair afin qu il l integre dans leurs programmes. et montrer en quoi le modele Burkina a impacte sur la croissane de leur pays.



    Mes felicitations presi

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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2016 (13:42 PM)
    Égoïsme,opportunisme et traîtrise à leur patrie sont les principaux éléments.Le problème n'est pas le nombre de formation mais leur conviction.

    Et c'est suivant le même principe que nous avons permis la colonisation.
    Auteur

    Anonymeidée Apprise

    En Décembre, 2016 (14:49 PM)
    Depuis qu'un Inspecteur des impôts m'a dit que bénéfice ou pas, il faut payer un impôt forfaitaire de 500000 FCFA, j'ai décidé de surseoir à mon projet. Je veux créer de l'emploi, employer de jeunes sénégalais, les former, les donner les outils et les expériences de conquérir les marchés. J'ai beaucoup de crédit d'impôt, par exemple, d'exonération puisque je suis en début d'activités. Mais me soumettre à un paiement de 500000 FCFA d'impôt alors que je fais pas un rond de profit, c'est de forcer à fermer et d'avoir une dette fiscale. Personne au Sénégal n'a jamais relevé cette incohérence. Dans le même temps, une entreprise fut-elle PME, d'origine étrangère peut se le permettre. Mais pas le natif du pays qui peine à monter sa structure. Conséquence, au moment de compétitionner, le petit français niché à la VDN a un avantage sur moi. Même si mon idée de projet est formidable, génératrice d'emplois. Cet impôt doit être supprimé le plus rapidement possible, par une loi à l'assemblée nationale, dès la toute prochaine législature. Nous attendons, depuis notre retour de l'étranger, de booster notre économie mais svp épargnez-nous des contraintes. Le reste, on s'en occupe.
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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2016 (09:44 AM)
    On pas besoin encore de syndicat pour travailler.Vous devez etre competif et avoir de bonne formation.
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