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Politique

BABACAR GAYE, MINISTRE DIRECTEUR DE CABINET POLITIQUE ET PORTE-PAROLE DU PDS : “ LA SUCCESSION DE Me WADE N’EST PAS OUVERTE ”

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BABACAR GAYE, MINISTRE DIRECTEUR DE CABINET POLITIQUE ET PORTE-PAROLE DU PDS : “ LA SUCCESSION DE Me WADE N’EST PAS OUVERTE ”

Ministre directeur de cabinet politique du président de la République, secrétaire général national adjoint chargé de la communication et porte-parole du Pds. C’est avec ses multiples casquettes que Babacar Gaye s’est présenté comme invité de la rédaction du « Soleil » ce jeudi 9 octobre 2008. Occasion ne pouvait être plus belle pour l’interpeller sur les grandes questions qui agitent la formation au pouvoir et, partant, le pouvoir qui en est l’émanation. Succession du président Wade, refondation du Pds, “affaire Macky Sall”, élections locales, place de la « Génération du concret », etc. Autant de questions auxquelles M. Gaye a répondu parfois avec mesure, souvent franchement, mais toujours sans souci d’esquive.

Le Pds avait annoncé sa refondation au lendemain des dernières élections législatives, mais on n’a pas senti une évolution depuis. Où en êtes vous concrètement ?

Il n’a jamais été question de refondation au Pds si on part du principe que refonder un parti politique, c’est recréer sur une nouvelle base, une nouvelle idéologie et, certainement, d’autres structures. Il s’agissait à l’époque de faire le diagnostic de nos insuffisances. Nous sommes un parti fort, massif, mais dont l’organisation laisse à désirer. Le Secrétaire général national du parti a estimé nécessaire de demander au Comité directeur de réfléchir sur la nécessité de recentrer le mode de fonctionnement de notre formation politique et son organisation. Nous avions l’obligation de donner de la place à des forces politiques qui soutenaient le président de la République, mais qui n’étaient pas encore prêtes à accompagner le Pds dans un projet politique plus cohérent, bien structuré et organique. Le président a estimé qu’avant de s’ouvrir à une large majorité, il fallait faire du Pds un parti grand qui devait aller en fusion avec d’autres formations politiques, il fallait d’abord organiser le Pds. C’est dans ce sens que notre frère Abdou Fall avait été choisi pour mener la réflexion en interne avec une commission chargée de voir dans quelle mesure, le Pds pouvait se préparer à ce mariage. On a tout de suite parlé de refondation. C’est un concept très chargé. Le Pds ne pouvait bâtir son avenir sur des stratégies qui ne marchent pas. Nous avons préféré parler de réorganisation du parti pour le préparer à une ouverture aux forces qui soutiennent le Pds et aux autres partis politiques qui acceptent de fusionner avec nous, mais aussi à tous les mouvements qui sont nés pendant et après la campagne électorale pour qu’ensemble nous puissions gérer l’avenir. Voilà ce qu’il fallait retenir de cette vision du Secrétaire général à l’époque.

Parfois on l’impression que le Pds se nourrit du tumulte. Après Idrissa Seck, il y a aujourd’hui « l’affaire Macky Sall ». Partagez-vous cette impression ?

Effectivement. Nous sentons que nous avons un parti politique très dynamique qui connaît des remous. A différentes périodes de notre histoire, nous avons constaté qu’il y a eu souvent des dissensions, soit pour des divergences dans la manière de gérer soit par la formation de groupes ou de camps antagoniques autour du leadership. Ce qui a été constant, il faut le dire, c’est que le Pds ne s’est jamais départi de sa conviction qu’il a besoin de Me Abdoulaye Wade comme Secrétaire général national. C’est une icône. Et il n’est pas envisageable que cela soit contesté ou contestable. Je pense qu’à chaque fois que le parti a senti que certains militants ne partageaient pas cette évidence qui s’impose à tous, le parti s’est organisé pour faire face. C’est sûrement ce qui explique cette impression que vous venez de décliner. Espérons cette fois-ci que nous vivons la dernière affaire qui oblige notre parti à faire l’actualité simplement parce qu’il y a une crise en son sein. S’il y a une dynamique de crise perceptible dehors, nous maîtrisons bien le Pds en interne.

On sent pourtant de sérieux problèmes dans l’animation de votre formation politique. A quoi est-ce dû ?

Je ne partage pas votre impression. Le Pds vit de sa vie militante au sein de structures décentralisées, dans les fédérations, les sections et les sous-sections. A Dakar, nous avons démarré les renouvellements, la vente des cartes. Nous sommes en train de renouveler les secteurs dans la région de Dakar et à partir du 1er novembre, ce processus va se poursuivre à l’intérieur du pays. Cela n’a pas empêché le parti de continuer à vivre. C’est pourquoi d’ailleurs vous constatez souvent dans des localités comme Kaffrine, Tambacounda, Ziguinchor et autres, qu’il y a des remous, parce que le parti vit. Il y a des ambitions qui s’affichent. Les uns et les autres sont en train de s’organiser pour avoir le maximum de représentativité. On a l’habitude de dire que c’est un lion qui dort. A chaque fois qu’il faut aller à la chasse ou à chaque fois qu’il faut donner un coup de patte à l’animal perturbateur, en général, le Pds se réveille.

Le facteur bloquant est-il bleu ou d’une autre coloration politique ?

Il peut être interne comme il peut être externe. C’est d’ailleurs cette problématique qui fait que nous perdons souvent beaucoup de temps à réagir, parce que nous pensons que le parti réagira toujours à temps. Le deuxième facteur bloquant, il faut le reconnaître c’est que nous sommes un parti qui gère le pouvoir. Nous ne pouvons pas avoir le même comportement politique que ceux qui n’exercent aucune responsabilité. Ceux qui n’ont pas été désignés par les Sénégalais pour leurs idées, le Pds ne peut pas se comporter comme eux. Nous sommes au pouvoir, nous avons des responsabilités étatiques cela influe forcément sur le management du parti d’une part et sur la vie militante de l’autre. Quand on est dans l’opposition, on travaille pour accéder au pouvoir, mais dès qu’on est au pouvoir, on oublie ce pourquoi on avait été militant pour s’occuper du quotidien. C’est ce qui fait que souvent les partis qui sont au pouvoir vivent dans des turbulences. Heureusement, nous avons compris cela et avons pris les devants avec cette équipe qui encadre le Secrétaire général avec la direction des structures, l’administrateur et les commissaires.

Après Idrissa Seck, c’est autour de son successeur au poste de N°2, Macky Sall, d’être en conflit avec la direction du parti. Qu’est-ce qui perd les N°2 du Pds ?

Je ne l’expliquerai de manière synthétique, simple, que par cet empressement que le N°2 manifeste pour devenir le N°1. Les militants du Pds ne sont pas prêts à changer de N°1. Il faut que le N°2 ou ceux qui ont eu la chance ou le privilège d’arriver à ce niveau comprennent que nous ne sommes pas encore prêts à changer de N°1.

Que reproche-t-on exactement à Macky Sall ?

Ça va être très long d’épiloguer sur les désidératas de la direction nationale du parti vis-à-vis de Macky Sall qui, je le rappelle, est un militant du Pds. Je donnerai une réponse simple. Comme c’est affirmé et réaffirmé, il y a ce que l’on appelle la confiance en politique, elle se mérite. Il y a une rupture dans la chaîne de confiance entre le Secrétaire général national du Pds et le président de l’Assemblée nationale. Mieux, il y a un problème de confiance entre Macky Sall et la direction nationale du Pds. Nous avons constaté depuis son départ de la Primature qu’il y a presque un gel de l’ensemble de ses activités au sein du parti. Nous avons senti et nous avons des preuves probantes qu’il y a des éléments identifiés répondant à son nom et qui mènent des activités fractionnistes par rapport à l’orientation du parti. Dans le Agnam, une “liste Macky Sall” allait être déposée lors des dernières élections locales par Farba Ngom avec l’opposition comme alliée. De même tout le monde a suivi la réaction fractionniste de la fédération de France. Aujourd’hui, l’axe Fatick - Fouta - France est une réalité et un concept politique. C’est important de rappeler que nous sommes dans un parti politique. Cela veut dire que tous les responsables doivent rendre compte de tout ce qu’ils font à la direction nationale du parti. Mais nous avons aujourd’hui constaté qu’il y a des activités en marge du Parti démocratique sénégalais. C’est inacceptable. On a l’habitude de dire qu’en politique et c’est notre conviction, il faut trois éléments déterminants mais qui sont d’inégales valeurs. C’est 60 % de confiance, 30 % de popularité et 10 % de compétence. Autrement dit, ce qui fait essentiellement les relations politiques, c’est la confiance. Et à ce niveau, entre Macky Sall et le président Wade, il y a un grand problème qu’il faut résoudre.

Est-ce que les structures au sein du Pds fonctionnent normalement ?

Attention. Le problème n’est pas posé en terme de niveau dans la hiérarchie du parti. Ce n’est pas parce que notre frère Macky Sall est président de l’Assemblée nationale qu’il échappe à l’ordre et à la discipline édictés dans les statuts et règlements intérieur du parti. Le frère Macky Sall est militant comme d’ailleurs le Secrétaire général national du Pds. A ce titre, il fait partie d’une structure, d’une fédération, d’une section, d’une sous-section et d’un secteur. Aujourd’hui, dans notre statut, il y a le principe de la pétition, de la contestation même du leader qui dirige la structure. Si vous faites allusion à ce qui s’est passé à la fédération de Fatick, je vous dis que c’est la structure qui, en toute souveraineté, a estimé que Macky n’a plus leur confiance parce que menant des activités fractionnistes. Elle a fait des propositions allant dans ce sens par une résolution. Tout cela est prévu dans nos statuts. Ce qui serait paradoxal par contre, c’est que quelqu’un se réveille un jour et dit que telle personne est exclue du parti. Justement, c’est parce que nos structures fonctionnent que tout militant a l’obligation de participer à la vie des structures. De mon point de vue, ne pas répondre à la convocation de la commission de discipline du Parti démocratique sénégalais n’est pas un acte militant.

Depuis un certain temps, les Sénégalais subissent quotidiennement les coupures d’électricité et la cherté de la vie. Pensez-vous normal de vous focaliser sur ces affaires politiques ?

Je souffre personnellement des coupures intempestives d’électricité. Oui, c’est inacceptable. Je pense que les autorités qui gèrent ce secteur doivent redoubler d’efforts pour trouver des solutions rapides et définitives. Le Pds est extrêmement sensible au sort des populations et demande à l’Etat de tout mettre en œuvre pour régler la question de l’électricité. Même si, c’est important de le souligner, que du 7 juin à aujourd’hui, l’Etat a injecté 156 milliards pour soutenir les ménages sénégalais. Voilà pourquoi d’ailleurs, à un moment donné, les partenaires au développement du Sénégal ont tiré la sonnette d’alarme pour demander l’arrêt des subventions. Mais le président Abdoulaye Wade ne reculera pas pour tout ce qui touche à la prise en charge des difficultés que vivent les populations sénégalaises. Pour autant, ne l’oublions pas, nous sommes un pays sous-développé et par conséquent, nous devons construire les pré-requis de notre émergence. Le président de la République s’y attèle avec les infrastructures, tout en prenant en compte le quotidien des Sénégalais

Pour être N°2, on ne doit pas être ambitieux ?

Non, ce n’est pas ce que nous disons. On peut être ambitieux, mais il ne faut pas être prétentieux. On peut avoir de l’ambition non démesurée. On peut avoir de l’ambition saine en tenant compte d’abord des intérêts du groupe auquel on appartient, mais aussi de la personne qu’on aspire à remplacer. Me Abdoulaye Wade a été élu, il y a un an, pour 5 ans. Parler de sa succession, poser des actes pour que les gens pensent à sa succession ne participe pas à favoriser une certaine sérénité au sein du parti. Cela ne me semble pas être une ambition saine.

Cela est-il valable pour les membres de la « Génération du concret » ?

La « Génération du concret » n’est pas le Parti démocratique sénégalais (Pds). Il faut poser cette question aux membres de la « Génération du concret ».

C’est quoi la relation entre la « Génération du concret » et le Pds ? Et est-ce que vous travaillez à leur rapprochement ?

La « Génération du concret » est un mouvement satellitaire du Parti démocratique sénégalais. Elle n’est pas le Pds. Les membres de ce courant ont dit et réaffirmé qu’ils sont inspirés par les idées du Secrétaire général national du Pds. Ils sont en train de bâtir leur stratégie en cherchant de nouveaux adhérents. C’est peut-être pourquoi ils disent qu’il faudra compter avec eux. Il y a ceux que l’on appelle les militants et ceux qu’on appelle les sympathisants des partis politiques. Ce qui nous intéresse, c’est la configuration politique qui va se présenter le moment venu. Si nous sommes obligés de tenir compte de la force de n’importe quel Sénégalais, nous n’hésiterons pas à faire appel à lui pour conserver le pouvoir. En tout état de cause, l’intégration de la « Génération du concret » dans le Pds n’est pas à l’ordre du jour, mais elle y a sa place.

Et pour qui ce qui concerne la succession de Me Wade ?

La question ne se pose pas en interne. Je répète qu’au moment où je vous parle, je parle au nom Pds. Je ne suis pas comptable de ce que fait la « Génération du concret ». Si les leaders de la « Génération du concret » étaient dans le Pds, ils seraient contraints comme tout le monde de respecter cet ordre, c’est-à-dire que la succession du président de la République n’est pas ouverte... Je ne peux pas épiloguer sur l’avenir. J’attends le moment pour en parler. A quatre ans de la fin de l’actuel mandat, je préfère ne pas parler de ce qui va arriver. On a l’impression que certains Sénégalais ont hâte de constater la fin du mandat du Président Wade pour voir qui va le remplacer. La question n’est pas qui sera là demain, mais quelle politique sera mise en œuvre demain pour la poursuite de nos efforts de développement. C’est réducteur de parler des hommes. Ce n’est pas une question d’homme mais d’idéologie, de programme, de vision et d’engagement citoyen. C’est pourquoi, je pense qu’il faut un leadership qui va se construire autour de fortes personnalités. Comme nous avons besoin d’un président de la République, il y aura un Sénégalais qui sera élu par des élections libres et démocratiques. Qu’il soit de notre parti ou d’un autre camp, l’essentiel est que le Sénégal se développe. Pour ce qui nous concerne, c’est très clair, notre parti a le meilleur profil pour le développement du Sénégal.

Me Wade n’a-t-il pas lui-même ouvert les débats sur sa succession en esquissant le profil de celui qui devrait le remplacer ?

Je vous l’ai déjà dit et je le répète, la succession du Secrétaire général national n’est pas ouverte. Elle ne l’est ni juridiquement ni politiquement. Il est normal qu’après avoir été plébiscité en 2007, le président pense comme tout leader politique à qui il va léguer le pouvoir si tant est qu’il en a la possibilité. Mais ce n’est pas une raison pour qu’on ouvre sa succession au sein même de sa propre formation politique. Pour ce qui nous concerne au Pds, on s’y prépare mais on se hâte lentement. Il n’y pas de précipitation coupable parce que simplement nous sentons la nécessité d’aller ensemble et de continuer à gérer le pays après le président Wade pour l’intérêt des Sénégalais. Je l’avais dit, mais les gens ne m’avaient pas compris. Après Abdoulaye disais-je, il n’y a pas d’homme providentiel. Je ne le déifie pas. Mais je ne pense pas que dans notre parti il existe un homme comme Abdoulaye Wade qui puisse fédérer de manière aussi harmonieuse toutes les énergies. Par contre, en tant que parti politique et en tant que disciples de Me Abdoulaye Wade, nous avons l’obligation de travailler à la pérennisation de son œuvre politique. Je souhaite que cela se fasse autour d’une équipe forte, soudée et avec un leadership cohérent. On ne peut pas aujourd’hui pointer du doigt telle ou telle personne pour dire que c’est elle qui va succéder au président. Nous ne pensons pas qu’il faille poser maintenant le débat parce que nous avons encore le temps de poursuivre la réflexion en interne mais de manière très discrète pour voir comment nous pourrons parvenir à trouver la solution idéale. Aujourd’hui, il faut qu’on revienne à l’orthodoxie en permettant au président de la République de continuer son mandat et de conduire le Pds à un avenir radieux.

L’opposition s’oppose à un éventuel report des élections locales. Êtes-vous prêts à y aller à la date prévue ?

Absolument ! Parce que nous sommes forts, parce que nous pensons que nous allons les organiser et les gagner démocratiquement en toute transparence. Je pense que les élections doivent être organisées à date échue et c’est ce que nous allons faire. Le gouvernement est dans cette perspective et le ministre de l’Intérieur a demandé à ce que les listes soient ouvertes. Nous sommes en phase avec le gouvernement et nous le soutenons pour qu’il organise les élections locales à la bonne date. En tout état de cause, le Parti démocratique sénégalais trouvera les moyens d’avoir les meilleures listes possibles pour garder le maximum de collectivités locales.

Le Pds, c’est aussi l’affaire Farba Senghor. Ce dernier a appelé les députés libéraux à ne pas voter sa mise en accusation. Quelle est la position de votre parti sur cette affaire ?

C’est normal qu’il fasse appel à des militants députés pour qu’ils ne votent pas une résolution qui le concerne, c’est de bonne guerre. Il appartient aux parlementaires d’en tenir compte et de faire leur travail conformément à la loi. Farba Senghor est un militant du Parti démocratique sénégalais. Donc, il a le soutien en tant que militant de ses frères militants. C’est le minimum qu’on puisse faire pour lui.

Une mission du Fmi était dans notre pays récemment. Mais il se susurre que des injonctions ont été données concernant la suppression de certaines institutions contre le Sénat...

Le Pds n’acceptera pas qu’on donne des injonctions à un gouvernement auquel il appartient. Je ne pense pas que ces informations soient avérées, que nos partenaires au développement aient ce type de relation avec nous. Ce serait inacceptable. Nous sommes dans un partenariat et non sous le joug de nos partenaires. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Nous pensons, à chaque fois que les intérêts du Sénégal sont en jeu, qu’il faille tenir compte des orientations, des désidératas de nos partenaires au développement. Cela ne nous empêchera pas de prendre en charge la gestion de cet Etat de manière souveraine. Je ne vais pas épiloguer sur ce que pourraient donner les partenaires au développement comme injonctions. Ce n’est pas leur rôle de le faire. Ils peuvent penser ou suggérer au gouvernement de trouver dans le cadre des dépenses publiques, des postes pour trouver des économies. Si ce serait le cas, ce sera pas mal venu. La mise en place du Sénat est un choix politique du président de la République. Ce n’est pas parce que le Sénégal a des contraintes sur le plan financier, qu’il faut supprimer une institution que nous pensons être utile pour notre pays. Sur la taille du gouvernement, le Sénégal a fait de grands efforts. D’une quarantaine de ministres, on est passé à une vingtaine. Si cela pouvait continuer et si cela pouvait régler les problèmes, je n’y vois pas d’inconvénient. Je ne pense pas que c’est par la taille du gouvernement qu’on fait des économies dans la gestion publique. C’est ailleurs.

Il y a le terme banqueroute qui revient souvent, surtout ces derniers temps par rapport aux Finances publiques. Qu’en est-il vraiment ?

Depuis 2000, nos adversaires ne parlent que de banqueroute, faisant abstraction de l’effort consenti par les fonctionnaires du ministère des Finances, qui ont porté notre budget de 400 milliards à aujourd’hui 1.880 milliards. C’est extraordinaire. Comment un pays qui a une volonté budgétaire de cet ordre peut il réfléchir en termes de banqueroute ? C’est leur souhait. Que Dieu fasse qu’il ne se réalise jamais. Que le Sénégal ait des difficultés en matière de Finances publiques, c’est tout à fait normal. Les pays qui sont les plus forts économiquement dans le monde, comme la France, les Etats-Unis, le Japon et même la Chine, connaissent des tensions à ce niveau du fait du dérèglement dans le système mondial. Cela a commencé d’abord par une crise financière avec les Subprimes et s’est poursuivi avec la crise alimentaire mondiale, la cherté du dollar, la cherté du baril du pétrole, etc. Tous ces facteurs ont contribué à plomber les économies des pays sous-développés. Mais l’Etat n’a pas croisé les bras. Nous avons consenti de gros efforts pour soutenir les populations en ce qui concerne l’énergie, l’alimentation, le gaz, le soutien au monde rural, le soutien aux salaires pour faciliter la consommation. L’Etat du Sénégal a puisé dans ses ressources pour faire face. Aucun bailleur de fonds ne nous a aidés. Tantôt, on a parlé de dépassement budgétaire, je préfère parle de dépenses hors budget. On a fait ces défenses parce qu’il fallait faire face à des difficultés. Quand il y a des inondations, est-ce que l’Etat du Sénégal doit croiser les bras et dire que ce n’était pas inscrit dans son budget. Non ! Il faut chercher des moyens là où ils se trouvent pour les dépenser pour le bonheur des Sénégalais. Nous sommes pour cela et nous gouvernons pour cela. Je ne vais pas épiloguer sur ce sujet parce que c’est un domaine que je ne maîtrise pas. C’est une affaire des ministères des Finances et du Budget. Même s’il y a des difficultés, l’Etat est parvenu à se réajuster.

Le Pds a perdu pas mal de villes lors des dernières élections présidentielles. Y a-t-il une stratégie de reconquête ?

Nous y sommes ! C’est d’abord remobiliser le parti, récupérer nos militants égarés, consolider nos relations avec certains de nos alliés, élargir nos bases. En politique, plus l’adversaire est faible, mieux tu te portes. Nous sommes déjà dans ce combat. Thiès, Tivaouane, Kaffrine, ailleurs, aucune ville n’échappera à ce schéma. Le Pds ira à ces élections comme nous y étions partis quand il fallait réélire Me Wade en 2007 et comme nous y étions engagés pour avoir cette majorité à l’Assemblée nationale. Ce que nous souhaitons, c’est gagner davantage de collectivités pour préparer sereinement 2012.

Idrissa Seck peut-il être considéré, suivant votre sémantique, comme un militant égaré ?

C’est un responsable qui s’est égaré un certain moment. Il faut le reconnaître. Pendant une période, toute personne peut dévier du bon chemin pour prendre une autre direction.

Est-ce que le Pds est aujourd’hui prêt à récupérer tous ses anciens responsables ?

C’est clair et c’est une décision du Comité directeur du Pds de faire revenir tous les responsables et militants. De ressouder les liens entre les frères que nous sommes et faire de sorte que la famille libérale se retrouve. C’est notre volonté. C’est aussi dans cette dynamique que beaucoup de responsables et d’anciens hauts responsables ont décidé de revenir. C’est dans cette même logique que se trouve le président de la République. Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas qu’un seul militant du Pds soit en marge du parti. Nous souhaitons par contre que ceux qui sont en dehors du Pds reviennent dans le parti. Nous voulons, en outre, que toutes les forces qui soutiennent le président de la République dans son management soient avec le Pds pour former une grande et forte majorité. Nous voulons gouverner longtemps et ensemble. Avec un parti uni et des alliés respectés et qui ont leur part dans la manière de gérer ce pays. Voila la dynamique dans laquelle se trouve le Pds suite à des indications très claires du Secrétaire général national du Pds. Que certaines initiatives n’aient pas abouti, c’est normal. Peut-être que nous ne sommes pas encore dans une conjoncture politique exigeante pour qu’on en arrive à des retrouvailles. Plus on approchera des locales, plus vous allez sentir des regroupements de partis politiques qui sont de la même obédience.

Vous avez dit tantôt que le Sénégal n’avait pas à recevoir des injonctions venant des partenaires au développement. Est-ce que l’affaire du « Joola » peut être considérée comme une de ces fiertés sénégalaises ?

Je ne considère pas cela comme une fierté sénégalaise. Mais comme une attitude d’un pays souverain qui estime qu’il y a un minimum de respect, surtout venant d’un pays comme la France, avec qui nous avons beaucoup partagé et à qui nous avons beaucoup donné. Si la France est devenue ce qu’elle est, elle le doit en parti au sang versé par nos anciens pour sa libération. Cela impose aux autorités françaises un respect aux nôtres, à nos institutions, à notre pays et à nos citoyens. Surtout ceux qui ont tendance à chercher à continuer leurs études en France. Point de condescendance. Il faudrait qu’on soit partenaires et qu’on puisse gagner les uns les autres. C’est dans cet esprit qu’il faut analyser cette rebuffade de l’Etat du Sénégal par rapport à l’affaire du « Joola ».

La Goana est l’une de ces grandes idées de cette année. Est-ce que vous avez mesuré la réceptivité des Sénégalais pour ce programme ?

Tout le monde a reconnu que c’est une excellente vision. Que l’idée a été merveilleuse. Les responsables de sa mise en œuvre dans le gouvernement ont mis tous les moyens matériels, humains, financiers et techniques pour sa réussite. Si je le dis, on peut penser que c’est parce que je suis porte-parole du parti au pouvoir. Il faut poser la question aux populations sénégalaises qui se sont impliquées dedans. Il faut demander cela aux paysans qui n’ont pas cette fois-ci déploré un manqué de semences ou un défaut de germination. Partant de mon expérience, je me suis impliqué dans ce projet du président de la République. Je suis heureux de constater que mes exploitations se portent excellemment bien. Les 80 hectares que j’exploite dans la région de Kaffrine, arrondissement de Nganda, plus précisément après Taïba, font la fierté des populations. Elles aussi, ont bénéficié d’un apport technique quand j’ai choisi d’exploiter ces terres. Si ce que j’ai constaté à Kaffrine est observable dans les autres zones agricoles du Sénégal, je pronostique que nous allons dépasser les prévisions et le gouvernement aura du pain sur la planche. D’abord pour assurer la collecte, pour aider les paysans à conserver ces récoltes et fixer les prix rémunérateurs. J’invite le gouvernement à mettre déjà tout en œuvre pour que, demain, c’est-à-dire l’année prochaine, les Sénégalais, qui doutaient de cette initiative, puissent retourner à la terre comme indiqué par le plan « Reva ».

La rentrée des classes pointe à l’horizon, mais déjà les syndicats d’enseignants se signalent. N’y a-t-il pas risque de menaces sur l’année scolaire ?

Je n’en suis pas sûr. J’ai suivi le compte rendu fait par les médiats et je ne crois pas que ce sont tous les syndicats qui ont cette position. C’est une position de l’Ois dont on connaît les méthodes. Aujourd’hui, l’Etat du Sénégal fait de gros efforts pour l’Education en lui consacrant 40 % de notre budget. En retour, est-ce que les citoyens sont satisfaits de la qualité de l’enseignement dans notre pays ? Est-ce qu’il faut continuer à revendiquer alors que ce ne sont que des revendications d’ordre salariales. Le gouvernement a fait des efforts de 6 à 7 milliards pour prendre en charge ce qu’on appelle l’Indemnité de recherche documentaire (Ird). Le gouvernement n’est pas d’accord avec les enseignants sur la qualification de cette indemnité. Quand j’étais enseignant, on nous payait une indemnité d’enseignement qui fait 20 % du salaire brut. Pourquoi, en sus, demander une indemnité de recherche ? A l’époque, c’était pour aider l’enseignant à la documentation, à acheter des livres, à préparer ses cours et à faire de la recherche. Aujourd’hui, si on revient sous une nouvelle formule pour réclamer l’Ird, en tant qu’enseignant, j’ai des problèmes. Je pense que le gouvernement doit aller plus loin pour la qualité de notre enseignement. Rémunérer correctement les enseignants, mais ceux qui enseignent. Ceux qui ont la craie, préparent leurs cours et qui prennent en charge l’éducation des enfants. Et ce n’est pas le cas pour tout le monde. Toutes les personnes qui émargent au ministère de l’Education nationale, qui sont pas dans le secteur administratif et tous les enseignants qui ne sont pas dans les classes bénéficient des indemnités dues aux enseignants. Je suis d’accord pour qu’on rémunère correctement les enseignants, mais ceux qui sont dans les classes. Qu’on leur impose un moyen d’évaluation à la fin de l’année pour voir s’ils ont atteint leurs objectifs ou non. Cela participerait à clarifier le débat pour que les ressources publiques aillent aux populations pour lesquelles on a collecté les impôts. Je suis d’accord pour que l’enseignant soit bien payé, mais il faut aussi à la fin de l’année que les résultats suivent. Si nous sommes dans ce type de partenariat entre les syndicats et le gouvernement, je pense qu’on fera moins attention au surplus de ministres ou aux litres d’essence achetés pour faire fonctionner une administration. Les points les plus lourds dans le budget de l’Etat, ne sont pas dans le gouvernement, mais ailleurs.

Kaffrine vient de bénéficier d’un nouveau statut avec la régionalisation. En tant que leader politique de la zone, croyez-vous avoir les moyens et les potentialités pour son émergence ?

Kaffrine émerge déjà. Il ne faut pas oublier que Kaffrine était le cœur du Bassin arachidier. Peut-être que l’arachide n’a pas permis au Sénégal de décoller. Avec la Goana, nous pensons reprendre notre leadership naturel dans ce domaine. Cette nouvelle forme de restructuration de notre localité va créer des opportunités de développement. Il y aura un rapprochement entre les administrations et les administrés et d’autre part, un redimensionnement des collectivités locales pour que les populations s’organisent et se prennent en charge elles-mêmes. Notre rôle en tant que leaders politiques, c’est de faire en sorte que ces opportunités soient transformées en réalités économiques. Kaffrine en tant que région est née avec ses trente-deux dents. En 2007 déjà, on était simple commune et le président de la République avait autorisé un programme spécial de 10 milliards de Fcfa. Cette année, on avait retenu de démarrer la première phase à hauteur de 5 milliards. Tous les projets ont été identifiés. Assainissement, infrastructures routières, électricité, espace jeunes et verts. Malheureusement, je profite de cet entretien pour l’annoncer, on voulait démarrer en 2008, nous sommes au regret de ne pouvoir le faire qu’en 2009 pour les contraintes que vous connaissez. Avec le forum pour le développement de la région de Kaffrine avec ses 4 départements (Kaffrine, Koungheul, Birkilane, Malem Hoddar), nous allons essayer d’accompagner le gouvernement et les collectivités locales pour l’émergence de notre région. Nous en faisons un sacerdoce et avec tous les cadres de la région, nous pensons que Kaffrine ne connaîtra pas le même processus d’émergence que les autres régions qui avaient été créées. On a bénéficié d’un encadrement privilégié et d’un soutien unique dans son genre

Par rapport à Kaffrine et aux élections locales à venir, on constate que la Présidente du Conseil régional de Kaolack, Mata Sy Diallo, est en train de faire un retour en zone. N’avez-vous pas peur de cette concurrence ?

Il n’existe pas d’hommes politiques qui n’aient des craintes à l’approche d’élections. Je considère que c’est tout à fait normal qu’on prête attention à nos adversaires. Ceux qui sont à l’intérieur de notre parti, je les considère comme des amis. On parviendra à gommer les aspérités liées à des questions de personnes. Mais je ne pense pas qu’il y ait des divergences profondes sur l’orientation politique. Il y a des ambitions naturelles des uns et des autres. Ensemble, nous pouvons construire notre région, bâtir un Pds très fort. Nous n’avons pas encore atteint cette majorité absolue dans la région de Kaffrine. C’est un combat qui incombe à tout le monde. Aussi bien qu’à moi, mais aussi à tous les militants du Pds. Qu’ils comprennent que le Pds a besoin de sérénité et d’unité pour faire face à l’opposition qui est très présente dans cette région. Vous avez parlé de ma sœur Mata Sy Diallo. Si elle pense aujourd’hui faire un repli stratégique, c’est tout à fait normal. Elle n’est pas de Kaolack. Mata est de Kaffrine. Ce qui est extraordinaire et paradoxal, c’est que Mata continue à administrer la région de Kaolack. Elle n’a pas été élue par la région de Kaolack mais par le département de Kaffrine. Ce qui serait normal aujourd’hui, c’est qu’elle renonce au Conseil régional de Kaolack et réponde à l’appel de sa nouvelle région. C’est cela, de mon point de vue, qui exprimerait plus sa fierté de Halpular que je connais très bien. Je lui souhaite un très bon retour, étant entendu que, comme la dernière fois, je vais continuer à la battre.

Votre fonction de directeur de Cabinet politique est quelque chose d’assez nouveau. C’est quoi votre mission ?

C’est une mission inédite. J’ai été le premier directeur de Cabinet politique d’un président de la République. J’ai fait un an. Il y a une expérience que j’ai partagée avec le président de la République, son Cabinet, avec le gouvernement, avec mon collègue, le ministre d’Etat, directeur de Cabinet. Je vais rappeler ce que disait Me Wade dans un ouvrage où on l’a cité. « Un directeur de Cabinet est une partie de vous-même. Ne pouvant pas me mêler des actions quotidiennes, il me supplée dans ce domaine. Il fait ce que je pense, sait comment je fonctionne et anticipe toujours. Il agit selon mon directives, toujours en mon entière satisfaction ». Cette phrase est à retenir. Les charges pour lesquelles le président de la République m’a nommé ministre directeur de Cabinet politique sont en train d’être faites à sa convenance. Certainement je le crois, sinon, il n’allait pas me garder. Je fais tout de mon mieux pour me mouler dans cette définition qu’il a de son directeur de Cabinet, en y mettant évidement la touche personnelle. En essayant aussi de construire un profil pour le futur directeur de Cabinet politique, parce qu’il y en aura. Je réfléchis sur ce que j’appelle le bilan de cette année, mais aussi des éléments qui vont aider à mieux façonner le Cabinet, mieux faire de ce Cabinet ce que le Secrétaire général national et président de la République a besoin. Je pense qu’il y a un dédoublement de sa fonction en tant qu’homme politique et président de la République. Je suis en train de profiler ce qu’on pourrait appeler la mission du directeur du Cabinet politique. C’est inédit, innovant, c’est à moi d’y mettre un contenu. Tout ce que les gens ont pu voir, entendre faire, comprenez que c’est cela la mission du directeur de Cabinet politique, même si dès fois on en ajoute un peu.

Propos recueillis par OUMAR NDIAYE, BABACAR DIONE ET ABDOULAYE DIALLO (Avec la rédaction)



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