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Politique

Bamba Ndiaye ( Nouveau ministre chargé des Affaires religieuses) : « Je crois que j’ai le profil»

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Bamba Ndiaye ( Nouveau ministre chargé des Affaires religieuses) : « Je crois que j’ai le profil»
En nommant un ministre chargé des Affaires religieuses, l’on pensait que Wade allait éviter les questions spirituelles. Que nenni ! Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Mamadou Bamba Ndiaye, le nouveau promu au poste, a affirmé que lui ne va s’occuper que des affaires ponctuelles et pratiques. Les rapports avec les religions et les chefs des confréries restant l’affaire du président de la République.

Wal Fadjri : Etes-vous la personne indiquée pour occuper le poste de ministre-conseiller chargé des affaires religieuses et de la presse ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Cette question devrait plutôt s’adresser au président de la République qui a désigné la personne qui va s’occuper de cette mission. Mais, compte tenu du profil que l’on dégage généralement pour ce poste, je pense que oui. Les missions qui me sont confiées, si vous faites attention, tournent autour de la communication - j’allais dire des relations publiques avec des groupes particuliers comme les religieux et avec des corporations comme les gens de la presse. Cela, effectivement, c’est mon travail. Je voudrais rappeler qu’en dehors de mon métier de journaliste, j’étais d’abord enseignant : j’ai fait une formation pédagogique pendant 4 ans. Donc, j’ai étudié la psychologie de l’enfant et de l’adulte. C’est pour dire que je connais bien les individus. Sur le plan universitaire, j’ai eu un certificat de maîtrise de civilisation islamique. Ensuite, j’ai fait dix ans d’humanitaire en tant que directeur régional d’une Ong internationale saoudienne, puis directeur général d’une autre Ong islamique dont le siège est à Londres. Pour dire simplement que j’ai eu la pratique des hommes. Cela a toujours été mon métier. Donc, je pense que, effectivement, j’ai le profil. (…)

Wal Fadjri :Vous êtes mouride et farouche défenseur de Wade. Pourriez-vous être objectif dans votre mission ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Bien sûr que oui ! C’est parce que je suis mouride et farouche défenseur de Wade que je dois être objectif. Le mouride, c’est quelqu’un qui aspire à Dieu et je crois qu’un aspirant à la vérité doit être un homme objectif. Je ne rejette pas ce qualificatif. J’accompagne le président Wade, pour ceux qui ne le savent pas, depuis 1974, avant qu’il n’accède au pouvoir. Il a passé la nuit à Kounkané, dans le département de Vélingara, où j’étais jeune enseignant en 1976 et c’était grâce à moi. J’ai été le premier militant Pds dans cette localité. Pour dire que ce compagnonnage avec le président Wade date de très longtemps. Mais, en dehors de tout cela, Me Wade a des qualités qui doivent pousser tout Sénégalais à être son farouche défenseur. Il est, d’abord, un panafricaniste reconnu et un nationaliste de premier plan. Ses neuf années d’exercice du pouvoir ont permis de mesurer son amour pour le pays et son engagement pour le Sénégal. A son âge, un homme comme lui, c’est une chance. C’est pourquoi nous devons, étant plus jeunes que lui, rester ses farouches défenseurs.

Wal Fadjri :Mais vu votre appartenance à la communauté mouride, est-ce que vous ne craignez pas une réaction hostile de la part de certains autres groupes religieux ?

Mamadou Bamba NDIAYE : (S’adressant à votre serviteur). Je vous prends à témoin. Vous étiez tout à l’heure avec moi dans la voiture et vous avez vu des gens venir de nulle part pour me témoigner leur sympathie. Parmi eux, il y en a qui m’ont connu à travers les médias. Ils disaient des bonnes choses sur moi et renouvelaient l’espoir qu’ils fondaient sur cette nomination. Le dernier que nous avons entendu ensemble disait qu’il venait du garage Pompiers. Manga II (ancien lutteur, Ndlr), m’a appelé. Tous disent qu’ils aiment Wade et s’il y a des problèmes, cela vient d’ailleurs. Ma mission, c’est d’essayer de rétablir la vérité dans la mentalité des Sénégalais qui ont certes des problèmes, mais cela n’a rien à voir avec l’image du président Wade.

‘Me Wade, c’est quelqu’un qui sait écouter. Mais pas n’importe quoi. Il ne peut pas rester à écouter des balivernes pendant des heures’

Wal Fadjri :Quelle est votre feuille de route ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Pour vous dire vrai je n’ai pas encore reçu ma feuille de route en tant que telle (l’entretien a eu lieu le lendemain de sa nomination, Ndlr) mais j’ai déjà eu un entretien avec le président Wade que je remercie, au passage, pour cette confiance qu’il a placée en moi. Cet entretien avec lui m’a permis de comprendre ce qu’il attendait de moi : la communication, les relations avec la presse, les affaires religieuses et la fonction de porte-parole parce que c’est comme ça que cela a été libellé dans le décret de ma nomination. Je comprends tout de suite ce que l’on peut attendre de moi. Pour ce qui concerne la communication, on a déploré une mauvaise communication. Wade travaille bien. Il a réalisé beaucoup de choses, énormément de choses et les gens l’aiment et continuent à l’aimer. Malgré tout, il y a des gens qui brouillent l’espace politique et qui utilisent tous les moyens pour créer la zizanie. Ce qui a fait qu’on est arrivé à voir par-ci et par-là des réactions ou des expressions de sentiments de frustration. Il faut rétablir la vérité. Donc, la communication que nous devons faire me paraît très simple. Il s’agira tout simplement de rétablir la vérité et de permettre aux gens d’avoir des instruments pour distinguer le vrai du faux. Si on arrive à le faire, les Sénégalais continueront à aimer le président comme ils l’ont toujours aimé.

Pour les rapports entre Wade et la presse, ils doivent être empreints de cordialité et de partenariat pour la bonne et simple raison que lui-même appartient à cette famille. Déjà, dans l’opposition, il avait créé des journaux. Il est le premier à avoir initié la presse privée au Sénégal. Il s’est battu pour cela. Au cours de ses deux mandats, nous avons vu comment il a élargi l’espace médiatique. En 2000, il n’y avait pas plus d’une télévision. Actuellement, il y a plus de quatre chaînes. Les quotidiens et les mensuels, je n’en parle pas. Donc, c’est un homme de presse, c’est un homme de communication. Il n’y a pas de raison que ses relations avec la presse soient mauvaises. Etant issu du milieu, c’est tout un honneur pour moi et pour l’ensemble de la corporation. Mon premier rôle est de travailler avec mes confrères pour que, ensemble, on puisse davantage comprendre les actions du président et nos rapports ne s’en porteront que mieux.

Wal Fadjri :Mais, conseiller Wade n’est pas facile parce que, dit-on, il n’écoute personne ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Ceux qui disent cela ne connaissent pas Wade. Au contraire, s’il a une qualité, c’est de savoir écouter les gens. Je vous ai dit que j’ai eu un entretien très long avec lui. Ce que tout le monde remarque, c’est que c’est quelqu’un qui sait écouter, mais il n’écoute pas n’importe quoi. Il faut que les gens sachent qui est Wade. Il a été enseignant, ensuite professeur titulaire de chaire, il était aussi consultant international et juriste. C’est un homme multidimensionnel qui comprend tellement les choses qu’il ne peut pas rester là pendant des heures à écouter des balivernes. Si vous lui parlez de choses importantes, il sait très bien vous écouter et il suit les conseils. Tout le monde connaît sa souplesse. Pourquoi il est souple ? C’est parce qu’il écoute les gens et la rue. Alors pourquoi certains disent qu’il n’écoute personne ? Il vous écoute si vous lui parlez bien.

‘C’est parce qu’il va continuer à s’occuper des affaires religieuses qu’il m’a nommé à ce poste. Sans cela, le poste n’existerait pas’

Wal Fadjri :Revenons au domaine religieux. En vous nommant à ce poste, cela voudrait-il dire que Me Wade ne va plus s’occuper des affaires religieuses ?

Mamadou Bamba NDIAYE : C’est parce qu’il va continuer à s’occuper des affaires religieuses qu’il m’a nommé à ce poste. Sans cela, le poste n’existerait pas. Je suis à ce poste, en tant que chargé des affaires religieuses au nom du président Wade. Cela veut dire qu’il continuera de s’occuper de ces choses. Moi, je m’occuperai des questions pratiques et ponctuelles dont il n’a pas le temps de s’occuper. Mais, on sait aussi que les grandes relations avec les chefs des confréries et avec l’Eglise, les relations avec les personnalités, c’est sûr que c’est Wade qui continuera à les gérer. Je vais m’intéresser à toutes les questions qui concernent la religion. S’il y a des problèmes et des missions, je me chargerai de les faire avec l’appui et le soutien du président Wade.

Wal Fadjri :Vous allez, par exemple, déterminer les dates des fêtes religieuses pour éviter les fêtes doubles ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Cela d’abord, en tant que musulman tout court, c’est ma mission et je continuerai à le faire en tant que ministre chargé des affaires religieuses. J’essaierai d’être un facilitateur. Mais n’oubliez pas que le Sénégal est un Etat laïc, cela veut dire que les communautés religieuses vont gérer de manière libre et autonome leur culte, mais nous espérons servir de facilitateur, de médiateur pour que les différentes communautés appartenant à une même nation puissent s’entendre sur des fêtes comme la Korité et la Tabaski. Je suis un islamologue, ne l’oubliez pas. On peut résoudre la question des fêtes de manière pratique.

Wal Fadjri :Mais il existe un organisme à cet effet dont l’autorité n’est pas reconnue par tous…

Mamadou Bamba NDIAYE : Je vous ai dit tout à l’heure que nous allons servir de facilitateur, nous allons d’abord identifier les problèmes s’il y en a ; ensuite trouver avec les principaux concernés des solutions idoines pour toutes ces questions. La phase d’identification est la première à laquelle il faudra s’atteler.

Wal Fadjri :Quel est l’intérêt de créer un ministère des affaires religieuses pour un pays laïc ?

Mamadou Bamba NDIAYE : L’intérêt est grand parce que notre laïcité ne signifie pas un désintérêt par rapport à la religion. Cela veut tout simplement dire que l’Etat va rester neutre, gérer de manière tout à fait neutre toutes les communautés religieuses existantes dans le pays. Cependant, cela ne veut pas dire que l’Etat ne s’intéresse pas à la vie religieuse des citoyens. Ces communautés religieuses ont des problèmes et des difficultés, que ce soit les pèlerinages à Rome ou à la Mecque. Les gens qui y vont sont des Sénégalais qui rencontrent des problèmes et il appartient à l’Etat, en tant que superstructure qui gère leurs problèmes, de leur trouver des solutions. Avec ce poste, Wade vient de régler un problème que ni Senghor ni Abdou Diouf n’ont pu régler avant lui. Personne n’a jamais pensé à cela avant. A mon avis, c’est dès le départ qu’on aurait dû créer un tel ministère parce que tout le monde est croyant. Alors, un pays pareil ne devrait pas manquer, au niveau de l’Etat, d’un organisme chargé de s’occuper des affaires religieuses.

Wal Fadjri :Vous êtes nommé à ce poste suite à la bourde de Wade. N’avez-vous pas le sentiment d’être choisi pour éteindre le feu allumé par le chef de l’Etat ?

Mamadou Bamba NDIAYE : D’abord, Wade n’a pas commis de bourde si vous faites allusion à son intervention au Cices. Il y a eu des gens malintentionnés qui ont interprété de manière tout à fait fausse ses propos. Ce qui a suscité de l’amertume tout à fait compréhensible de la part de nos frères Chrétiens. Je crois qu’il s’agissait de rétablir la vérité et cela a été fait. Rappelons-nous qu’en 2006, le Pape Benoît XVI avait tenu des propos qui étaient également mal interprétés par des gens, mais avec la compréhension, la tolérance et le respect mutuel, les gens ont pu régler le problème et les choses sont vite rentrées dans l’ordre. Je crois que la situation à laquelle vous faites allusion était moins compliquée que cela et heureusement, nous avons à la tête de la communauté catholique une personnalité comme le Cardinal Théodore Adrien Sarr, qui a réglé le problème avec un discours d’apaisement.

Wal Fadjri :Vous êtes également nommé au moment où le Monument de la renaissance essuie les critiques des imams et d’autres responsables musulmans. N’avez-vous pas le sentiment d’être le ministre du Monument de la renaissance ?

Mamadou Bamba NDIAYE : C’est vrai, c’est un monument. Donc, c’est tout à fait normal qu’il suscite autant d’intérêt auprès des Sénégalais. Je pense qu’on ne s’attendait pas à moins que cela. Maintenant, nous sommes dans un pays démocratique où la politique est en effervescence. Mais, il y a des gens pour et d’autres contre, soit sur le plan artistique, religieux ou culturel. Mais, tout ceci est normal dans un pays démocratique. Le rôle de l’Etat, c’est d’agir et une première étape vient d’être franchie. Il fallait ce monument parce que c’est un besoin. Maintenant, il reste un travail de longue haleine au niveau des masses et nous allons nous atteler à cela. Mais je pense qu’il n’y a aucun problème réel car tous les monuments à travers le monde ont connu le même processus. La tour Eiffel et la statue de la liberté aux Etats-Unis ont suscité plus de passion que ce monument. Nous sommes dans un pays laïc qui n’appartient pas seulement aux musulmans et je n’ai pas entendu les autres communautés soulever un problème religieux. Le fait religieux ne suffit pas pour condamner ce monument parce qu’il appartient à l’Afrique. Et dans le continent, comme au Sénégal, il n’y a pas que de musulmans. Il y a certes des musulmans, mais il y a d’autres. Il ne faudrait pas donner l’étiquette d’une seule catégorie à ce qui appartient à tout le monde. Ceci doit être clair dans l’esprit de tous. Mais, nous allons continuer le dialogue, nous allons continuer à parler du monument. Nous donnerons à tous l’occasion de s’exprimer sur le monument. Au finish, nous nous retrouverons autour du monument pour l’inaugurer pour l’Afrique et avec les Africains.

‘Les textes islamiques ne sont pas bien compris par tout le monde y compris par certains que l’on pourrait appeler les oustaz, ou ils en ont une compréhension autre’

Wal Fadjri :Donc, votre mission première en tant qu’islamologue est de convaincre les imams réfractaires au projet ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Non. Les imams sont déjà convaincus. Au moment où je parlais, je n’avais aucune charge officielle. J’exprimais, en tant que Sénégalais, mon point de vue islamique sur le monument. Peut-être, c’est une question nouvelle au Sénégal mais pas dans le monde. L’Isesco (équivalent de l’Unesco dans le monde musulman, Ndlr) a déjà produit un document sur les monuments historiques et les statuts. Ce document qui a un caractère islamique ne condamne jamais les monuments qui sont des objets culturels et non cultuels. Si c’était un objet cultuel, ce serait condamnable et je serais le premier à le condamner, mais c’est un objet culturel, historique politique et artistique. Il n’a rien à voir avec les statues et les idoles dont on parle. Les textes islamiques ne sont pas bien compris par tout le monde y compris par certains que l’on pourrait appeler les oustaz, ou ils en ont une compréhension autre. La diversité d’opinion est quelque chose d’accepté par l’Islam. Pour vous donner un autre exemple, lorsque les Talibans sont entrés en Afganisthan et ont commencé à détruire les statues géantes de Bamiam, l’Isesco a tenu un colloque à Doha pour régler le problème des statues et pour dire aux Talibans : ‘Arrêtez. Ce que vous êtes en train de démolir n’a rien à voir avec les idoles qui existaient dans le temps et qui sont citées dans le Coran’.

Wal Fadjri :Vous êtes un arabisant et certains diplômés des écoles arabes se sont réjouis de votre nomination. Qu’est-ce qu’ils sont en droit d’attendre de vous ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Dans les affaires religieuses, il y a aussi la prise en charge des arabisants. C’est vrai que c’est une communauté d’intellectuels et il y a beaucoup de chômeurs parmi eux. Ceux qui ont étudié la Charia et la langue arabe ne trouvent pas de travail. Il n’y a plus de tribunaux islamiques. D’autres se sont reconvertis dans l’enseignement. Heureusement que Wade a introduit l’enseignement de la religion islamique dans les écoles, mais vous pouvez comprendre qu’ils ne sont pas tous absorbés. Mais, ces diplômés sont une caste très frustrée et Wade m’a chargé effectivement d’identifier les véritables problèmes avec les principaux concernés. Ainsi, j’adopterai une méthode participative et ensemble, nous allons identifier les problèmes et ensemble, nous allons les résoudre.

Wal Fadjri :Donc, ils doivent être fiers de votre nomination ?

Mamadou Bamba NDIAYE : Oui, ils doivent être fiers de ma nomination. Comme les journalistes doivent aussi l’être.



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