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BANALISATION DES INSTITUTIONS, CRISES DE TOUTE SORTE, CATASTROPHES, NEPOTISME, SUCCESSION ... Serions-nous mieux sous Diouf ?

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BANALISATION DES INSTITUTIONS, CRISES DE TOUTE SORTE, CATASTROPHES, NEPOTISME, SUCCESSION ... Serions-nous mieux sous Diouf ?

L’alternance a neuf ans. Elle avait suscité beaucoup d’espoirs à la mesure des attentes des populations exaspérées par bien des difficultés. Le 19 mars était considéré donc comme « un grand soir » incarné par un homme qui s’est donné pendant 26 ans : Abdoulaye Wade. Certains donnaient même au chantre du « Sopi » cette volonté et cette détermination de « soulever les montagnes ». Aujourd’hui, beaucoup de faits montrent que le changement attendu n’a pas apporté ses fruits. Et la déception est grande. Le désenchantement tellement profond que la comparaison avec l’ancien régime s’impose. Comparaison n’est pas raison ? Serions-nous mieux sous Diouf ? L’interrogation vaut son pesant d’or, si l'on sait que les éléments d’appréciation sont légion.
 
Abdoulaye Wade et Abdou Diouf. Deux hommes aux styles foncièrement opposés. L'ex-président avait la manie de qualifier son plus farouche opposant de "marchand d'illusions". Aurait-il vraiment raison ? Sous Diouf, par exemple, la famille présidentielle était moins visible. Du moins, elle n'occupait pas les premiers rôles à l'image de Karim Wade dont on prête même aujourd'hui des ambitions présidentielles. Sa station actuelle dans l'Etat et le parti au pouvoir conforte ceux qui croient réellement à ce cas de figure. L'intéressé ne s'est pas encore prononcé même s'il pose des actes allant dans ce sens.
Sous Diouf, on n'avait jamais imaginé qu'un de ses fils lui succéderait. Même si les fils de Diouf comme ceux de Wade d'ailleurs, sont des citoyens à part entière, capables de briguer la Magistrature sénégalaise. Mais le tintamarre orchestré et bien pensé pour une succession éventuelle de Wade par Wade-fils, donne une piètre image du pays. Personne n'avait imaginé au soir du 19 mars 2000 que le Sénégal pourrait "franchir" ses grands pas en arrière. Toutefois les nombreux soubresauts au Parti démocratique sénégalais, les "affaires" tantôt comiques, tantôt tragiques qui ont émaillé cette formation depuis les premières heures de l'alternance, sont quasi inédites.
Sous Diouf, il y avait des querelles violentes politiciennes mais jamais, elles n'avaient pris cette tournure "familiale". Jamais elles n'ont été aussi médiatisées au point de nécessiter l'intervention de confréries religieuses. C'est Abdou Aziz Sy Al Ibn qui avait réconcilié Wade avec Idy après une brouille qui a valu au deuxième un séjour de plus de 6 mois à Rebeuss. Réconciliation qui est vite tombée à l'eau à cause d'intérêts divergents des deux parties. Divergences qui ont échappé au "réconciliateur" qui agissait apparemment de bonne foi. C'est Serigne Bara Mbacké, fraîchement désigné khalife général des Mourides, qui avait rapproché Macky Sall et Wade. Les deux hommes ont eu à observer une longue période de "guerre froide" à la suite de la convocation de Karim Wade devant l'Assemblée nationale, pour "y voir plus clair" sur les comptes de l'Anoci qu'il dirige. Après l'intervention du khalife, Wade a accepté les excuses de Macky. On connaît la suite.
C'est dire que sous Wade, on a connu une célébration et une utilisation à outrance de la religion, et par ricochet des confréries. Sous Diouf, le phénomène existait, mais jamais la "République n'a osé se mettre à genoux" devant une autorité confrérique. Le pouvoir de commandement s'est déplacé vers les familles religieuses particulièrement à Touba. Pour des intérêts souvent purement politiciens. Tout est devenu politique. Le privé et le public s'entre-choquent au détriment des intérêts communs à tous. Sous Diouf, c'était le même phénomène par endroits. Sous Wade, ça s'est empiré. Plan d'urgence contre dépassements

L'économique a été chancelant sous Diouf. Les temps étaient durs. On a connu en 1993 un plan d'urgence pour redresser la banqueroute et faire face à la misère qui allait crescendo. Sous Wade, les Sénégalais ont connu des termes aussi savants que les dépassements budgétaires ou les dépenses hors budget. Il paraît que c'est dû à la gestion peu cathodique des ministères et des nombreuses agences. En tout cas, l'on souffre le martyr. Et de nombreux Sénégalais font beaucoup de peines pour subvenir à des besoins élémentaires. Au village, la pluie est abondante, les récoltes aussi mais la commercialisation fait défaut. La Grande offensive agricole pour l'abondance et la nourriture (Goana), une des trouvailles du Président, semble ne pas intégrer cette donne cruciale.
C'est vrai que sous Diouf, les idées n'étaient pas aussi florissantes. Wade réfléchit. Plan Reva, Tgv, Omega, projet "Yakalma" entre autres sont ses inventions. Seul hic, la réalisation suit rarement. Sous Diouf, on avait connu des problèmes graves d'électricité. L'on se rappelle la grève retentissante du Syndicat unique des travailleurs de l'électricité dirigé par Mademba Sock en 1997. Diouf avait mal réagi en emprisonnant les grévistes sans pour autant prendre le mal par les racines. La situation peu reluisante a perduré. Wade est venu en 2000 et a voulu apparemment avec beaucoup de volontarisme, régler le problème. Hélas, la reprise de la Senelec des mains de Elio-Hydro Québec, n'a pas pour autant empêché les coupures intempestives. Aujourd'hui, neuf ans après, c'est la case-départ. Malgré les sommes faramineuses déboursées pour cette "nationalisation". Pire, un fait inédit : c'est sous Wade, que des Imams se sont levés et ont marché pour contester une double facturation. Allant même jusqu'à prôner la désobéissance civile. Il y a aussi les autres pénuries de toute sorte. Comme le gaz et le carburant. C'est lié à la conjoncture internationale diraient certains.

Pires catastrophes

Malchance ou négligence, c'est sous Wade que les pires catastrophes se sont produites au Sénégal. Le ferry "Le Joola", a fait un naufrage un jour noir de septembre 2002. Selon le décompte officiel, 1863 personnes y ont laissé leurs vies. Jusqu'à présent, l'affaire est classée sans suite. Personne n'est responsable. Même les agissements d'un "petit juge" d'Evry en France n'ont pas secoué les autorités. "Le Joola" était en marche sous Diouf. Il y avait à l'époque beaucoup de népotisme et de laisser-aller dans sa gestion quotidienne. Mais sous Wade, point de rupture jusqu'au drame inoubliable. Un autre bateau assure la liaison Dakar-Ziguinchor. Cette fois-ci, il y a plus de sérieux et de discipline. Médecins après plus d'un millier de morts. Le conflit qui avait poussé les voyageurs à emprunter les voies maritimes perdure. Il y a quelques avancées et un calme relatif. Wade avait promis de le régler en 100 jours.
Décidément, les eaux ont connu des périodes fastes sous Wade. L'émigration clandestine, avec des pirogues de fortunes, a été fatale pour de nombreux jeunes à la recherche d'un mieux-être dans "l'Eldorado européen". On n'a jamais fait le décompte macabre. Mais le nombre est colossal. Ce n'est pas du fait de Wade si ces jeunes risquent leurs vies en haute mer. Toutefois, l'espoir qu'ils avaient porté sur le Pape du Sopi s'est vite estompé. L'avenir pour eux est l'ailleurs même si c'est incertain. Les pluies hors saison ont eu aussi raison du bétail des régions nord en 2001.
Autre domaine, celui de l'éducation. Sous Diouf, on a connu beaucoup de moments difficiles. Il y a eu l'année blanche de 1988. Celle invalide pour le supérieur de 1993. Wade n'a pas encore connu d'année blanche mais les problèmes ne sont pas réglés ou ils le sont de manière parcellaire. Sinon, comment comprendre la décision d'accorder à certains enseignants une indemnité de recherche documentaire (Ird), en laissant en rade d'autres ou en leur faisant des promesses jamais tenues. Les étudiants se font toujours entendre à tout bout de champs. Résultats : le système éducatif marche sur la tête. Certes, il y a des Centres universitaires régionaux (Cur), mais cette noble initiative règle-t-elle pour autant toute la crise ? Comme le note d'ailleurs le Syndicat autonome des Enseignants du Supérieur (Saes). La valse de ministres dans ce secteur ne facilite pas l'appréhension à leur juste valeur des réalités.
Sous Wade, on a vu des ministres prêter serment. S'engageant ainsi de "garder les secrets" du conseil des ministres et de servir loyalement la nation. La scénarisation était impeccable, mais ont-il respecté leur serment avec les dépassements bugétaires avoués ? Les remaniements ont été nombreux. Même Pacotille est ministre, titrait "Le Quotidien" à la suite de certaines nominations inattendues.

Des Ministres et des ministres

Les ministres de Diouf n'étaient pas exempts de reproches. Avec l'alternance, on a vu un ministre accusé d'avoir commandité des saccages de locaux de journaux. Heureusement, le Président a pris la juste mesure de la faute en le limogeant même si l'Assemblée nationale hésite jusqu'ici à voter l'acte d'accusation. Sous Diouf, la presse avait des relations heurtées avec les gouvernants. Sous Wade, des forces de l'ordre ont tabassé violemment des journalistes. L'un d'eux est resté à l'hôpital des semaines durant. Le chef suprême des armées est monté au créneau pour blanchir les policiers et accuser les journalistes d'avoir agressé. Sous Wade, il y a eu des avancées réelles depuis 2000. Comme les bourses des étudiants qui ont connu une hausse considérable. Il y a eu des recrutements à la fonction publique qui se sont multipliés même si ces dernières années, l'on ne l'a pas beaucoup senti. Sous Wade, il y a surtout les salaires et autres indemnités des administrateurs et autres Magistrats qui ont connu des hausses considérables. Mais là aussi, il y a eu deux poids deux mesures. Les problèmes actuels au niveau de la justice en sont des illustrations éloquentes. Le Syndicat des travailleurs de la justice est en mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail. D'autres "privilégiés de l'Etat" trinquent avec bien des faveurs.
Ironie du sort, c'est sous Wade, que la Magistrature a montré aux Sénégalais sa face la plus hideuse. Avec l'affaire de la corruption dans la justice largement relayée dans la presse. Il y a eu une certaine volonté de clarté de la part de l'Etat. Et des sanctions ont été prononcées. Sous Wade, il y a eu l'audace de sortir des sentiers battus. Surtout en ce qui concerne la diplomatie, l'audace a été de mise. Les chemins classiques empruntés sous Diouf, ont été déviés. L'axe Dakar/Paris est toujours d'actualité mais d'autres pays comme les Arabes ont eu une bonne part dans les investissements qui surgissent. Les infrastructures surtout routières sont visibles partout dans la capitale. A l'intérieur du pays, ce n'est malheureusement pas le cas.
Les chantiers de Thiès qui devaient être le début d'une modernisation des villes de l'intérieur, ont englouti beaucoup d'argent. Sans suite remarquable. La Chine est revenue avec force. Wade a au moins le courage de répéter la fameuse phrase de De Gaulle : "Les Etats n'ont pas d'amis, ils ont des intérêts...". Sous Diouf, sous Wade...



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