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Barthélémy Dias refuse de suivre son père : « Je ne présenterai mes excuses ni à Wade, ni à Lamine Coulibaly »

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Barthélémy Dias refuse de suivre son père : « Je ne présenterai mes excuses ni à Wade, ni à Lamine Coulibaly »

C’est seulement au bout du son neuvième jour de détention préventive à la prison du camp pénal que le fils de Jean Paul Dias, Barthélémy Dias, saura avec quelle sauce la justice va le manger. Le Tribunal des flagrants délits qui le jugeait hier, jeudi 17 août pour diffusion de fausses nouvelles et outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions, a décidé de rendre son délibéré le 22 août.

Il conteste les faits

Attrait devant la barre du Tribunal des flagrants délits, Barthélémy Dias, 30 ans, administrateur de société, poursuivi pour outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions et pour diffusion de fausses nouvelles, nie catégoriquement les faits qui lui sont reprochés. « Je n’ai fait que dénoncer la situation économique et sociale du pays, lors de la conférence de presse que j’avais organisée. Je n’ai jamais insulté le président de la République et le Procureur, Lamine Coulibaly », soutient-il avant de revenir brièvement sur les thèmes développés, à la conférence de presse, du lundi 7 août dernier. Interrogé sur les propos qu’il a tenus et concernant le chef de l’Etat, le mis en cause affirme avoir seulement « parlé de pédophilie. J’ai demandé au Président de prendre toutes ses précautions, pour ne pas être entouré de pédophilie, lui qui va à la guerre contre les pédophiles. Je n’ai jamais offensé ou attaqué ces deux personnes ».

Après lecture du procès-verbal, où le prévenu aurait traité de tous les noms d’oiseaux le chef de l’Etat et le Procureur de la République, Lamine Coulibaly, par le Président du Tribunal, Massamba Sène, le détenu conteste à nouveau les faits.

Le Cd de la controverse

La Cour bien préparée dans ce dossier, avait à sa disposition un magnétophone à côté. Elle propose alors au leader de Convergence socialiste, d’écouter attentivement les propos enregistrés dans le Compact disc (Cd). Un Cd contenant un enregistrement sonore, des propos tenus par Bartéhlémy et qui a soulevé les protestations de la défense, qui demande coûte que coûte son rejet du dossier.

Les conseillers de Dias n’ont pas supporté que le parquet n’ait pas mis à leur disposition ce document, pour mieux préparer leur défense. « On a bien demandé s’il y avait un enregistrement sonore, mais on nous avait répondu qu’il n’était pas disponible », dénonce Me. Aïssata Tall Sall qui répliquait au Procureur Karim Diop. Ce dernier leur avait lancé qu’il fallait aller chercher le scellé auprès du greffier en chef.

Le Tribunal qui écoutait les requêtes de la défense a, malgré les protestations de la défense, fait écouter le Cd au prévenu, très confiant.

Barthélémy Dias, reconnaît tout de suite sa voix, dans ce Cd explosif, contenant une version française et une version wolof. Il soutient par contre, qu’il ne les avait jamais tenus dans un lieu public, mais entre quatre murs. « Lorsque je parlais en wolof, vous verrez, aucun journaliste ne m’a posé de questions. Je parlais avec une dame, dans mon garage. Je déversais ma bile parce que j’ai trouvé ma maison défoncée, ma mère tabassée et mon père arrêté. Il y avait de l’émotion dans l’air », se défend-il.

Pour ce qui concerne la version française, le mis en cause déclare ne l’avoir jamais soutenue dans un lieu public aussi, encore moins devant les locaux de la Dic. « Je ne suis jamais allé voir mon père à la Dic. Je pense que l’ambassade de l’Inde n’est pas la Dic », atteste le détenu avant de poursuivre : « on est dans un régime démocratique, il y a des renseignements généraux, un peu partout. Ces propos étaient privés. J’émettais des opinions personnelles. Je suis incapable de dire où et quand, on m’a enregistré ».

Karim Diop, le Procureur lui présente un journal relatant les faits dont il est poursuivi. Après l’avoir tenu quelques secondes entre ses mains, il lance qu’il ne le reconnaît pas : « je n’ai pas mes lunettes sur moi », argumente-t-il.

Vous reconnaissez en tout cas, la paternité de ces propos sur le Cd lui pose le Président. Le prévenu d’esquisser une réponse, pour ensuite dire que c’était privé et qu’il n’y avait rien de méchant.

Dans le Cd, le fils de Jean Paul Dias avait traité le président de la République d’assassin, de voleur et de menteur. Concernant le Procureur, il fait allusion dans la cassette, au scandale des magistrats qui s’est passé dernièrement. Il a déclaré que Lamine Coulibaly, « est un homme véreux, un corrompu, un opportuniste et une honte pour la justice sénégalaise ».

Très en colère, Massamba Sène, Président de la Cour, lui demande pourquoi il mêle le Procureur de la République dans ce scandale, alors que tout le monde reconnaît les concernés. « Est-ce qu’il t’a une fois corrompu ou a-t-il une fois corrompu un de tes proches ? », questionne-t-il à nouveau. Dias fils répond par la négative et s’empresse de dire : « mais il s’acharne contre ma famille dans laquelle, il n’y a aucun vagabond. Je l’ai dénoncé ».

Excuses au peuple sénégalais, mais pas à Wade et Lamine Coulibaly

Le président de la Cour lui fait un petit sermon, en lui disant : « je m’attendais à ce que vous vous repentiez après avoir écouté le Cd. Mais, c’est comme si vous ne regrettiez rien. Vous ne voulez pas présenter des excuses ? lui lance-t-il ensuite. « Je présente mes excuses au peuple sénégalais que j’ai offensé. Mais je n’ai aucune excuse à présenter au président de la République, au Procureur Lamine Coulibaly et à la justice », riposte le mis en cause.

Le Procureur requiert 4 ans ferme et 2.500.000F d’amende

« Contrairement à son père, il n’a pas voulu reconnaître, assumer et endosser la responsabilisation des propos lui sont reprochés. Il n’est pas courageux. Il a voulu nous dériver dans un champ politique. Il ne veut pas s’amender encore moins se repentir », dénonce le représentant du ministère public dans son réquisitoire. Il déclare aussi que le prévenu est « trop petit pour jeter le discrédit sur les institutions et que le chef de l’Etat est son grand-père, qu’il le veut ou non ». Le maître des poursuites de requérir la peine, d’un an ferme pour le délit de diffusion de fausses nouvelles et celle de 3 ans d’emprisonnement, pour le délit d’outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions. Il sollicite aussi l’ordonnance à la Cour de faire payer au prévenu le montant de 2.500.000 francs comme amende ».

La défense plaide non coupable

Six avocats constitués pour assurer la défense de Barthélemy Dias ont plaidé non coupable. Me Moustapha Mbaye, le premier à prendre la parole, a abondé dans le même sens que son client. « Ces propos n’ont pas été tenus dans un lieu public. Depuis quand prend-t-on, pour argent comptant, les écrits ou les déclarations des journalistes », défend l’avocat qui s’empresse de rappeler que son client était dans une forte émotion. Le conseiller demande alors au Tribunal, d’écarter les moyens de preuves (support audio et journaux), empruntés par le ministère public, avant de solliciter la relaxe à titre principal ou de larges circonstances atténuantes pour son client, s’il devait entrer en voie de condamnation.

Me Demba Ciré Bathily rappelle pour sa part certains principes et règles de Droit. Il estime que la façon dont la police a procédé aux arrestations des Dias et le manque de transmission du Cd dans ce dossier ne sont pas des règles de Droit, dans un régime de démocratie comme le nôtre.

Pour Me Papa Ndiaye, ni la cassette ni le journal lu devant la barre ne sauraient fonder une intime conviction. Il estime de son côté, que son client est victime du Btk (Bakhagne, takhagne, khasso).

« Le procès de l’impossible », selon Me Aïssata Tall Sall

« Quel que soit son statut, il faut des sanctions exemplaires ». Ce bout de phrase, lu par Me Aïssata Tall Sall, lors de son intervention, n’est pas un extrait des réquisitions du Procureur de la République, mais est tiré des conclusions du rapport du commissaire de la Division des investigations criminelles (Dic), Assane Ndoye. « Dans quel pays sommes-nous pour que la Police, après avoir enquêté, poursuive et se permette de juger ? », s’interroge-t-elle.

Ses confrères Moustapha Mbaye, Demba Ciré Bathily et Papa Ndiaye ayant déjà démontré que le délit de diffusion de fausses nouvelles ne tient pas, Me Tall attaque le second chef d’inculpation : l’outrage à magistrat. Selon la doctrine, plaide-t-elle, il faut d’abord tenir compte de la qualité de la personne qui s’estime outragée, qu’elle soit magistrat, policier, juré, officier ministériel. En second lieu, il doit y avoir un lien entre les propos proférés et l’exercice des fonctions. Et enfin en troisième et quatrième volet, les éléments matériel et intentionnel doivent transparaître dans le délit. C’est justement sur ce dernier point que Me Tall dit avoir des problèmes. « En 20 ans de barre, c’est la première fois que je vois un magnétophone et une cassette extirpés de la poche de la toge du Procureur ». Pire, poursuit le conseil les propos incriminés ont été tenus en privé, dans le garage du mis en cause, qui a été enregistré à son insu. Ministre sous Abdou Diouf, Me Tall est bien placé pour savoir que la République a de longues oreilles : « si on arrive à faire asseoir une décision de justice par ce moyen, tout le monde est en sursis dans ce pays. C’est le procès de l’impossible, il faut ramener ce dossier à sa dimension humaine ».

Toujours à propos de la cassette produite à la barre, Me Jacques Baudin va plus loin : « si les formes de scellé ne sont pas régulières, la procédure est nulle ». Et puis, souligne Me Baudin, il faut que les représentants du Parquet accordent leurs violons. « Hier, on disait à Jean Paul Dias que cela ne sert à rien qu’il présente ses excuses parce que le délit est constitué. Aujourd’hui, on s’étonne que Barthélémy Dias ne se soit pas repenti. Barthélémy qui séjourne au camp pénal devra y rester encore en détention préventive avant d’être fixé sur son sort le 22 août prochain.



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