Dans la nouvelle région de Kaffrine, les installations des bureaux de certaines communautés rurales ont été émaillées de violents incidents. Vendredi dernier déjà, la devanture de la maison communautaire de Darou Miname Saloum a été le théâtre d’empoignades d’une rare violence ayant opposé deux tendances rivales du Pds qui se sont affrontées à coups de pierres, de barres de fer, mais aussi d’armes à feu. Bilan des échauffourées : des blessés graves dont certains ont été acheminés à l’hôpital. Dans la communauté rurale de Ida Mouride également remportée par la coalition Sopi, le feu couve. En effet, certains libéraux et l’opposition s’insurgent contre l’attitude du sous-préfet qu’ils accusent d’être à la solde d’un sénateur et d’avoir installé le Pcr en violation de l’article 234 du code électoral. La Cour d’Appel de Dakar a été saisie d’une requête en annulation de l’élection du Pcr.
Compte tenu des nombreux privilèges (une voiture 4X4, un salaire consistant sans compter les autres avantages), le poste de président de communauté rurale est devenu, en zone rurale, un fromage qui fait énormément saliver. A telle enseigne que même les fonctionnaires ne se privent plus de se positionner. A Darou Minam Saloum, nom du même chef lieu de communauté rurale placée sous délégation spéciale depuis 2002, l’ancien Pcr, Serigne Mame Thierno Mbacké dit Kosso, affiche ses ambitions pour le poste de président de communauté rurale. Bénéficiant de l’appui de Babacar Gaye, ministre directeur de Cabinet politique du président de la République, il n’a trouvé rien de mieux que de dépêcher ses talibés à la maison communautaire où devait se tenir le vote. Les talibés ayant bloqué l’entrée des lieux, le sous-préfet a été obligé d’accéder à la salle par la porte de derrière. Aux environs de 15 heures, à l’arrivée de Moussa Ka, responsable de l’Urd par ailleurs tête de liste proportionnelle de la coalition Sopi, qui a le soutien des conseillers de Bennoo Siggil Senegaal, les talibés de Kosso Mbacké se sont jetés sur le rénovateur et ses accompagnants pour leur faire la fête. Il s’en est suivi une bataille rangée au cours de laquelle des armes à feu ont été dégainées en plus des gourdins, pierres et autres pilons utilisés. Bilan : plusieurs blessés ont été enregistrés chez les partisans de Moussa Ka. Il s’agit du conseiller Massamba Diouf, de Amadou Dia touché à l’œil, de Ousmane Ka qui a perdu deux dents. Tous ces blessés ont été évacués à l’hôpital El Hadji Ibrahima Niass. Complètement sous le choc, Moussa Ka n’a pas mis de gants pour dénoncer le « vandalisme » du marabout. Se vantant d’avoir dans sa besace les 28 conseillers sur les 33 que compte le conseil rural, le rénovateur martèle : « cette violence ne vise qu’à empêcher le vote car Kosso qui a totalement détruit la communauté rurale sait qu’il va tout droit au mur ». Notre interlocuteur qui déclare bénéficier du soutien des conseillers de Bennoo Siggil Senegaal évente la tentative de corruption orchestrée par le marabout mbacké-mbacké par le biais du directeur de cabinet politique du président de la République. « Babacar Gaye est venu chez moi pour me demander de surseoir à ma candidature. Pour cela, il m’a proposé plus de 10 millions en plus des dépenses que j’ai effectuées durant la campagne, j’ai refusé, il a dit que l’installation n’allait pas avoir lieu », fulmine M.Ka. Cependant, joint au téléphone, Mame Thierno Mbacké alias Kosso balaie d’un revers de main les accusations portées sur sa personne. « C’est faux je n’ai envoyé aucun talibé à la maison communautaire. J’ai entendu des coups de pistolets, lorsque je m’apprêtais à sortir. Sachant que ce n’est pas sûr, j’ai renoncé pour rester chez moi », sérine le marabout.
A Ida Mouride : la justice saisie, l’attitude du sous préfet dénoncée
Si au niveau de Darou Minam Saloum où la tension reste encore perceptible, on se limite uniquement à dénoncer l’attitude du représentant de l’Etat, à Ida Mouride, en revanche, le sous-préfet du nom de Talla Ndiaye est accusé d’avoir foulé aux pieds l’article 234 du code électoral. L’accusation émane de Abdou Aziz Mbaye. Soutenu par d’autres conseillers, cet habitant de Sine Makhtar qui s’est attaché les services de l’huissier de justice, Me Moussa Ba, à la date du 8 avril, pour un constat, dénonce la manière dont l’élection de Makahry Mbaye, son propre jeune frère, comme président de communauté rurale a été effectué. Aziz Mbaye se demande pourquoi le sous-préfet, sachant que son jeune frère est exclu du conseil municipal dans la mesure où lui, le grand-frère, est conseiller, tient coûte que coûte à l’imposer à la tête de la communauté rurale. Aussi, a-t-il déposé introduit un recours au niveau du tribunal régional de Fatick ainsi qu’au niveau de la Cour d’Appel de Dakar. Flairant une corruption du sous-préfet par un sénateur, il a interpellé les autorités gouvernementales de ce qui s’est passé vendredi dernier à Ida Mouride. Toutefois, le camp de Makhary Mbaye, qui soutient que des cas similaires ont été constatés à Saly Escale et Fass Thékene et résolus par le même sous préfet, se demande pourquoi on veut l’entraîner dans « l’illégalité ». Ce qui laisse de marbre les contestataires qui entendent user de tous les moyens pour empêcher Makhary Mbaye de siéger. Du coup, la localité fait face à une crise qui peut avoir des conséquences incalculables.
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