On ne reconnaît ses «frères» libéraux que dans la défaite. Dans sa retraite provisoire à Fann Résidence, cette vérité a dû faire des tours dans la tête de Abdoulaye Wade. Les «crimes» dans la famille libérale ressemblent à ce que le journaliste de Libération, David Revault d’Allonnes a appelé «petits meurtres entre camarades» socialistes français. Au Sénégal et au Pds, on est dans un cas de «petits meurtres» entre Libéraux. La fronde annoncée, alimentée et devant être officialisée aujourd’hui par une fratrie de trois aînés est une nouvelle page de l’histoire du Parti démocratique sénégalais.
En réalité, au Pds, les couteaux ont toujours été aiguisés pour poignarder les «jaloux» et les armes bien affûtées pour tirer sur les têtus. Le premier à en user a été le «père». Il a éliminé un à un ses potentiels successeurs ou présumés. Dans l’opposition avec les numéros 2 qu’il a écartés quand sa couronne était menacée. Au pouvoir aussi quand le partage était en jeu. Lorsqu’il a voulu «exécuter» celui qu’il avait présenté comme étant «le futur Président», Idrissa Seck en l’occurrence, il a sollicité le témoignage de Pape Diop. C’était plutôt pour le parachuter à l’Assemblée nationale et, éventuellement, lui passer la guillotine de la mise en accusation dans l’affaire des chantiers de Thiès. Quand Abdoulaye Wade commet un meurtre politique, il ne le fait jamais seul et ne l’assume jamais seul. C’est ainsi qu’il avait publiquement déclaré, pour convaincre Idrissa Seck de son «regret» de l’avoir envoyé en prison, que c’est Pape Samba Mboup et les autres faucons du Palais qui l’avaient induit en erreur. Plus tard, on s’est aperçu que le «meurtre» était bien prémédité. Wade l’assommera- ou Idy se suicidera- après les fausses retrouvailles de Thiès. Puis, les citoyens, outrés par le jeu de dupes des deux hommes, ont enterré le «maître» le 25 mars dernier. Le «fils» avec.
REVANCHE DES SURSITAIRES
Pape Diop, aujourd’hui à la tête d’une «armée de frustrés», était longtemps dans le viseur. La perte de Karim Wade -alors qu’il n’avait «jamais perdu de sa vie»-, de son va-tout politique aux Locales de mars 2009 à la mairie de Dakar était un sursis. Les lendemains étaient d’ailleurs cauchemardesques pour lui. Acte1 : Il a été fouillé au Palais alors qu’il devait rencontrer le chef de l’Etat, dans sa veste de président du Sénat. Comme le fut l’actuel président de la République, Macky Sall, quelques heures seulement après avoir quitté la Primature pour l’Assemblée nationale. Acte 2 : un rapport d’audit de la gestion de la mairie de Dakar en 2008 lui est balancé à la figure. La presse multiplie le vocabulaire et les expressions macabres : «descente aux enfers», «jours comptés», «mort programmée», etc. C’est parti pour un plan de liquidation bien mûri. Pape Diop refuse de mourir et fait valoir ses parts -tout comme «l’actionnaire majoritaire» du Pds -en mobilisant mouvements de jeunes et de femmes. Il doit sa survie au départ de Idy et de Macky. Wade avait encore besoin de lui à ses côtés pour sauver la face et ne pas tourner le dos aux Lébous. Mais il comptera tout de même sur un autre rebelle qui avait claqué la porte: Souleymane Ndéné Ndiaye. «Un Premier ministre sursitaire», avait titré La Gazette au lendemain de sa nomination inattendue à ce poste. Lui, préférait mourir plutôt que d’être «derrière le gosse», Karim, candidat à la succession qui a été à l’origine du sevrage des enfants Seck et Sall. La preuve que Ndéné était un sursitaire s’est confirmé durant la campagne électorale. Que n’a-t-il pas subi comme désaveu et humiliation de la part de son candidat ! Directeur de campagne sans directoire et «assisté» -comme un vice-Premier ministre un temps soulevé par Wade- d’une délégation générale. Puis suppression de fait du même directoire et promotion d’individus hors Pds. Des confidences pré-électorales certifiaient que Wade préparait des coups mortels, s’il gagnait le 26 février ou le 25 mars, contre deux individus, potentiels gênants dans son projet de dévolution monarchique : Pape Diop et Souleymane Ndéné Ndiaye. Echec et mat. Mais la dévolution, tout sauf démocratique, devait finalement s’opérer au sein du Pds même. C’est celle qui est en train de se dérouler depuis quelques semaines. Il n’y a pas encore de dégâts, mais le seul «corps» qui restera dans ce combat à mort, c’est le parti.
3 PRESIDENTS CONTRE WADE
Dans la guerre fratricide, c’est Wade qui risque d’y laisser des plumes. Il n’a plus rien à prouver, mais a tout à perdre dans son idéal de pérenniser sa formation. Il fait face à des hommes au pouvoir. Pape Diop est le président du Sénat, Mamadou Seck (encore) président de l’Assemblée nationale et Ousmane Masseck Ndiaye président du Conseil économique et social. Donc, trois institutions face à une ex-institution.
La rébellion de Pape Diop et Cie obéit plutôt à une logique de survie politique, puisque le «père» a choisi son héritier. Il a quand même été à la porte du Palais. Deux fois dauphins constitutionnels : en tant que président de l’Assemblée nationale et en tant que président du Sénat. Il ne lui reste que le fauteuil présidentiel dont il a toujours rêvé sans y arriver. Handicapé sûrement par un diplôme controversé qui l’a empêché d’occuper la Primature et peut-être des postes ministériels. La candidature- malheureusement rejetée- de Youssou Ndour, qui a eu le toupet de penser se mesurer à des ténors et dinosaures politiques comme Wade, Niasse, Tanor, Idy… est une «jurisprudence» qui légitime les nouvelles ambitions du probable chef de l’autre Pds.
Le Président Wade a placé Pape Diop et sa nouvelle clique à ces stations après avoir commis les «infanticides» contre ses ex-fils : Idrissa Seck et Macky Sall. Le maire de Thiès a accepté le «sacrifice» au point de se prendre pour Ismaïla et de hisser le «père» à l’incomparable d’Abraham. Pour lui, «obéir à son père peut aller jusqu’à accepter de se coucher et de se laisser égorger». L’ex-maire de Fatick, lui, devenu président de la République, a défié Wade. L’un a joué et perdu ; l’autre a joué et gagné. Même si les deux enfants excommuniés ont réussi à prendre leur revanche sur leur ex-mentor. Ça chauffe l’enfer plutôt que le Paradis pour les Libéraux de l’opposition.
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19 Commentaires
Gorgui
En Avril, 2012 (20:07 PM)Tia
En Avril, 2012 (20:10 PM)Doxandem
En Avril, 2012 (20:13 PM)Pds
En Avril, 2012 (20:16 PM)Doyna
En Avril, 2012 (20:24 PM)Rek
En Avril, 2012 (20:56 PM)Diankalaar
En Avril, 2012 (21:04 PM)Mor
En Avril, 2012 (21:18 PM)Balou Bandits
En Avril, 2012 (21:26 PM)BOURBADJOLLOF
Kou Kham
En Avril, 2012 (22:15 PM)Deug Rek
En Avril, 2012 (23:20 PM)Set
En Avril, 2012 (23:27 PM)Sentinelle de l'Ethique et de la Transparence (SET)
Tonerre
En Avril, 2012 (01:00 AM)Le Mentaliste !
En Avril, 2012 (01:11 AM)TRISTE FIN POUR UN HOMME QUI ETAIT A UN DOIGT DE RECOLTER L"ADMIRATION ET LE RESPECT DU MONDE ENTIER .
Cheikhou Oumar Gaye
En Avril, 2012 (01:50 AM)C'est remplacer du noir avec du noir. Jamais on ne vous suivra si nous ne sommes pas contactés, expliqués, intéressés, et surtout respectés. Vous venez de recevoir votre part et voulez nous emporter dans leur combat. Nous qui avions jamais rien eu depuis l'alternance en tant que vrais acteurs. Après la conviction, les intérêts. C'est révolu le temps ou on suit un leader les yeux fermés. A tous les militants,faites une fronde contre cette fronde, car ce qu'on a fait pour Wade et qu'on refuse maintenant, nous ne le feront pas pour une autre personne sans concertation et intéressement.C'est trop facile.
Erreurs
En Avril, 2012 (07:22 AM)Fall
En Avril, 2012 (08:11 AM)Conde
En Avril, 2012 (08:42 AM)Ingrat
En Avril, 2012 (10:56 AM)Participer à la Discussion