Au moment où les relations sont au plus bas entre l’entourage de Serigne Saliou Mbacké et le président de la République, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les conséquences de la «brouille». Qui s’est amplifiée avec l’affaire du ranch de Doli et l’agression du correspondant du groupe Futurs Médias à Mbacké. Mais selon des sources proches du khalife général des mourides, les racines de la brouille sont à chercher auprès de Serigne Moustapha Saliou. Depuis l’alternance, la place du fils du khalife de Bamba n’a cessé de hanter le sommeil du nouveau pouvoir. Jamais depuis l’avènement de l’alternance, le pouvoir de Wade n’a été aussi malmené dans ses rapports avec Touba. Un constat qui peut paraître paradoxal, vu l’attitude du président de la République qui a toujours ostensiblement affiché son appartenance à la confrérie de Bamba. Ainsi, le «coup de grisou» constaté actuellement entre l’entourage du khalife général des mourides et le palais, découlerait-il de facteurs beaucoup plus complexes. La décision prise par Wade d’écarter tous les intermédiaires (dont Serigne Moustapha Saliou), entre lui et le khalife, a toujours été ressenti par des proches de ce dernier comme une très grande injustice. Selon des sources basées à Touba, la mise à l’écart du fils de Serigne Saliou a été à l’origine d’un certain nombre de «dysfonctionnements» constatés dans sa maison. Arguments à l’appui, nos interlocuteurs affirment que le «vide» laissé par ce dernier a eu comme conséquences logiques, la crise avec le «dahira hizbut tarqya», l’investiture du khalife comme tête de liste de la Cap 21 lors des élections de 2002, la mort de Khadim Bousso… Sans compter les cafouillages notés dans l’octroi par Wade d’une parcelle de terre de Doli au khalife. La polémique née de la résurgence de cette affaire, à la faveur de la visite controversée de Djibo Kâ à Touba, trahirait-elle l’absence d’un interlocuteur valable pour tenir un langage de fermeté aux autorités ? Toujours est-il que dans l’entourage du khalife, on en impute la faute au pouvoir de Wade qui n’a jamais caché son intention de tenir Serigne Moustapha Saliou à l’écart.
Un souhait difficile à concrétiser en raison de la place qu’occupe le fils du khalife dans le dispositif traditionnel de la ville sainte. Serigne Moustapha Saliou, Cheikh Béthio et les autres A vrai dire, les relations entre le fils du khalife général des mourides et Cheikh Béthio Thioune ont toujours été difficiles. Serigne Moustapha Saliou n’a jamais digéré l’utilisation du nom de son père et de la confrérie de Khadimou Rassoul à des fins qui tranchent avec l’orthodoxie mouride. Mais pour certains talibés de Béthio, c’est la popularité de ce dernier qui suscite la jalousie de beaucoup de jeunes marabouts de Touba. Dans tous les cas de figures, des proches du fils du khalife disent que ce dernier est très en colère depuis l’agression de Pape Cheikh Fall par des personnes supposées proches du marabout.
Et dans l’entourage du khalife, on redoute plus que jamais une autre consécration de Béthio qui, après avoir conquis le cœur de Serigne Saliou, flirte avec le pouvoir de Me Wade. Serigne Makhtar Diakahté président de la communauté rurale de Touba craindrait même pour son poste qui peut atterrir entre les mains de Cheikh Béthio. Par ailleurs, Serigne Moustapha Saliou, vu par certains disciples mourides comme le gardien du dogme de Bamba, est en brouille avec d’autres catégories socioprofessionnelles du Sénégal. Le consortium d’entreprise (Cde), la Rts et d’autres citoyens ont souvent eu maille à partir avec lui.
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