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CAMPAGNE ELECTORALE - Répartition abusive du temps d’antenne à la télé et à la radio : Wade fait le partage de Bouki*

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CAMPAGNE ELECTORALE - Répartition abusive du temps d’antenne à la télé et à la radio : Wade fait le partage de Bouki*

Après s’être plaint du temps d’antenne qui lui était imparti à la télévision, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, Abdoulaye Wade n’a pas raté l’occasion de rectifier cette donne qu’il a jugée anormale. Lors de ces législatives, une trouvaille lui a permis de se taper plus du triple du temps d’antenne de ses adversaires.

Les partis d’opposition engagés dans la campagne pour les élections législatives devront, forcément, faire avec ce gap fleuve qui les sépare de la Coalition Sopi 2007, en ce qui concerne la répartition des temps d’antenne à la radio et à la télévision nationale. C’est le décret présidentiel n° 2007-572, daté du 3 mai dernier qui vient afficher l’option prise par la majorité présidentielle de prendre sur ses adversaires un large avantage dès le départ. Une interprétation encore très sinueuse du code électoral vient gratifier le Pds (et ses alliés) de 7,5 minutes, en plus des 3 mn réglementaires réservées à chaque formation politique dans les médias publics. Dans cette décision du chef de l’Etat, il apparaît, nettement, que la formation libérale bénéficiera en plus du temps imparti, de 5 secondes par député et par jour. Le nombre de parlementaires recensés pour le compte du Pds étant fixé à 90 élus, il se retrouve avec un peu plus de dix minutes de temps d’antenne par jour.

De quoi apaiser la colère de son secrétaire général national Abdoulaye Wade qui, lors de la campagne pour la présidentielle, n’avait pas hésité à exiger plus de temps au niveau des médias d’Etat, pour mieux faire face aux attaques d’une opposition déchaînée. Dans son décret, le président de la République tranche net : «Conformément à l’article LO 178 du Code électoral, les listes de candidats ayant une représentation parlementaire bénéficient en plus de 5 secondes par député et par jour.» Loin de cautionner une interprétation tortueuse des textes et une nouvelle «entorse à la démocratie», les partis engagés dans la bataille des législatives se tiennent pour dit, mais n’abdiquent pas pour autant. Dr Iyane Sow du Mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds) avertit : «Nous avons posé ce problème au niveau du Cnra (Conseil national de régulation de l’audiovisuel : ndlr), pour dire que si c’est la loi ; elle est alors injuste, et qu’il faut envisager de modifier cet article. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’on puisse faire la part belle à des députés ayant fini leur mandat, dans une compétition où tout le monde doit être mis au même niveau. Nous considérons donc que c’est, extrêmement, injuste. Une fois à l’Assemblée nationale, nous en ferons une priorité dans le cadre de l’amélioration de la démocratie. C’est fallacieux que l’on attribue trois minutes aux gens tout en réservant dix pour soi. Dans une compétition, tout le monde doit y aller sur les mêmes bases. La ligne de départ doit être la même pour tout le monde.»

La loi La loi organique n° 97-16 du 8 septembre 1997 régissant les temps d’antenne mis à la disposition des candidats précise que celui-ci est divisé en deux fractions et que la quotité doit être déterminée par l’organe de régulation des médias. L’Alliance Jëf-Jël n’est pas en reste dans cet concert de diatribes. Ndiaga Sylla, son chargé des élections, ne décolère pas : «Le plus grave est que le minima de 3 minutes est trop court. Nous n’avons pas manqué de relever cela au Cnra. Car, il est inadmissible que le Pds se retrouve comme ça avec plus de dix minutes de temps d’antenne par jour.» Cette «manigance» semble ne pas faire l’unanimité au sein même des libéraux puisque le parlementaire, Babacar Gaye, avançant la loi comme soubassement de cette décision, se démarque quand même de cette utilisation faite du code électoral à des fins politiciennes : «ça ressemble à quelque chose d’anormal du point de vue de la démocratie.»

GOURMANDISE LIBERALE

Dans le décompte de ses parlementaires bénéficiant chacun de 5 secondes supplémentaires par jour à la radio et la télévision nationale, le Pds fort déjà de l’immense gap horaire qui le détache de ses adversaires, n’a pas hésité à ratisser encore plus large. En plus de ceux de ses députés, la formation libérale comptabilise «illégalement» à son compte, le temps d’antenne destiné aux parlementaires des partis comme Rewmi et Aj/Pads qui, désormais, font cavalier seul. Sur cette question, Babacar Gaye du Pds marque son désaccord et prévient : «Si je devais faire la répartition des temps d’antenne, je ne mettrai pas les députés de Aj/Pads pour le compte du Pds. Mais, pour ce qui est de Rewmi, c’est un parti politique qui n’existe pas et dont les parlementaires appartiennent toujours à notre formation puisqu’ils n’ont pas démissionné.» Et pourtant, dans ce sens, il semble qu’au premier éclatement de cette question, le Cnra, saisi par l’opposition, avait donné des garanties : «Le Cnra avait promis que ceux qui sont partis du Pds, c’est-à-dire les députés de Aj/Pads et Rewmi, ne seront pas comptabilisés pour la Coalition Sopi. Cela n’a pas été fait», rappelle Dr Iyane Sow.

D’ailleurs, M. Sylla du Jëf-Jël rappelle que la structure de la présidente Nancy Ndiaye Ngom s’est désengagée sous prétexte que la liste des députés devant bénéficier de ces largesses au profit du Pds n’a pas été son œuvre, puisque c’est le président de l’hémicycle qui la lui a soumise. Cette dernière avait, d’ailleurs, promis de faire les correctifs qu’il faudra en vue de réhabiliter les principes de droit et de démocratie. Charges auxquelles le Cnra n’a pas apporté des éclaircissements puisque jusqu’au moment de mettre sous presse cet article, sa présidente est restée injoignable malgré plusieurs tentatives. Ses collaborateurs, quant à eux, se contentent juste de lancer : «Je ne suis pas en mesure de me prononcer sur ça. Seule la présidente peut vous en dire quelque chose (sic !).»

* Le titre fait allusion à un célèbre conte sénégalais. Il s’agit de l’histoire de Bouki, l’hyène, chargé de partager un butin avec ses amis parmi lesquels Leuk le lièvre. Le préposé au partage, n’en faisant qu’à sa tête, s’est réservé le gros du gibier au détriment de ses compagnons.



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