Pour décrocher un troisième mandat en 2012, aucun effort n’est de trop pour Wade. A un peu plus d’un an de l’échéance, le camp présidentiel a commencé ses manœuvres dont la plus importante est de bénéficier du soutien de grands guides religieux.
A peine a-t-il annoncé sa candidature pour la Présidentielle 2012, que le chef de l’Etat, Me Wade, développe déjà ses stratégies pour décrocher un troisième mandat. Des premiers actes posés par le Secrétaire général du Pds, l’on note la chasse aux porteurs de voix dont les plus représentatifs sont les chefs et autres guides religieux. D’après de proches collaborateurs du Président, un plan visant l’enrôlement des guides religieux les plus influents est en cours d’exécution. Les plus en vue dans cette opération de charme sont le guide moral des Moustarchidine wal Moustarchidati, Moustapha Sy ; celui des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, et le guide du Mouvement mondial pour l’unicité de Dieu, Serigne Modou Mbacké. Les calculs de Wade et de ses hommes s’appuient sur des estimations faites sur le capital-talibé de ces trois guides, lequel est estimé à plus d’un million d’électeurs potentiels. Ce qui est suffisant pour passer au premier tour, quelle que soit la taille de l’adversaire.
Pour le cas de Serigne Modou Kara, les fruits du lobbying alors mené pour le ferrer commencent déjà à tomber. Car des interlocuteurs lient la dernière sortie de Kara à son adhésion à la cause de Wade. Serigne Modou Kara a, en effet, fait une déclaration dans la presse pour soutenir une vieille théorie de Kadhafi, qui plaidait pour faire de Wade un Président à vie. Cette position extrême affichée par Kara est assimilée à «une réussite des manœuvres du Palais». Il en est de même pour Cheikh Béthio Thioune qui a été le plus grand souteneur de Wade en 2007. D’ailleurs, ce sont les commentaires faits sur son apport sur la réélection de Wade qui ont été à l’origine de la brouille entre les deux hommes. En effet, le Président avait très mal pris le fait que Béthio dise en public l’avoir réélu. La séance d’explication entre les deux hommes avait tourné au vinaigre et douché leurs relations. Après une rupture de plus d’un an, le fil du dialogue est renoué, grâce à la médiation de Serigne Cheikh Saliou Mbacké, fils aîné du défunt Khalife général des Mourides. «La volonté de Wade de se réconcilier avec le guide qui se déclare disposer de 10 millions de talibés n’est pas fortuite, car elle procède d’une volonté de bénéficier de son soutien», fait-on remarquer. Surtout que sa démarcation du pouvoir lors des élections locales de mars dernier a eu des incidences négatives, selon des sources, sur les résultats obtenus par le Pds et ses alliés.
L’autre chef religieux dont le nom peut renvoyer à la politique est Moustapha Sy. Grand souteneur de Wade alors dans l’opposition, leurs relations s’étaient détériorées du fait d’un chapelet de malentendus. Ainsi, du côté du pouvoir, l’on tente de recoller les morceaux avec les Moustarchidines. D’ailleurs, des pas sont faits du côté du Palais pour rapprocher Serigne Moustapha de Wade. La dernière intention faite du côté de Wade remonte à la dernière édition de l’Université du Ramadan où l’actuel Directeur de Cabinet du président, Habib Sy, annonçait une audience entre les deux ex-alliés. Cette déclaration est perçue comme une partie du plan mis en place pour accrocher les Moustarchidines.
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