L’armée nationale est entrée en action hier, mercredi 16 août. « Bienveillamment neutre » jusqu’ici, elle a franchi finalement le rubicond en prenant hier, part aux combats qui opposent les frères ennemis d’Atika. Tôt le matin, les militaires se sont déployé dans le secteur de la communauté rurale de Djibidione, précisément dans la zone de Tambaf où ils se sont accrochés comme on pouvait s’y attendre avec des hommes de Salif Sadio.
Tout le monde le craignait tout en s’attendant cependant à sa survenue au regard du (re)déploiement jugé excessif par le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) des soldats dans la région de Ziguinchor ces derniers temps. Le « ratissage » par l’armée nationale en Casamance, comme on le subodorait, a commencé dans la communauté rurale de Djibidione, près de la frontière gambienne, tôt le matin hier, mercredi 16 août. De sources proches du Mfdc, on apprenait hier, depuis Dakar, que l’armée nationale avait décidé de participer au jeu de « massacres » qui se déroulait dans tout le département de Bignona depuis que Salif Sadio, le général autoproclamé d’Atika est revenu au bercail au mois mai dernier dans un repli tactique, éprouvant à l’époque quelques difficultés au Sud et en territoire Bissau guinéen. Un habitant du village de Bala Bassène, situé dans la zone des opérations, à quelques encablures de la frontière gambienne a déclaré avoir entendu des détonations qui ont semé la peur dans toute la contrée qui regroupe 56 villages. De source militaire, on précise que ce ratissage entre dans le cadre de manœuvres périodiques que l’armée sénégalaise mène dans les régions de l’intérieur du pays.
Selon certains officiers qui ont requis l’anonymat, ces opérations visent aussi la restauration de la souveraineté nationale dans cette partie du pays avant de préciser que « le ratissage sera deux à trois jours et pourrait se prolonger en cas de résistance des rebelles ». Des sources proches du Mfdc et du camp de Salif Sadio pensent plutôt, qu’il viserait à « neutraliser le chef rebelle tout en appuyant Magne Diémé et César Atoute Badiate » qui se sont montrés plus accommodant avec les autorités sénégalaises et qui, hier en s’alliant aux hommes du général Tagma Na Wai de la Guinée Bissau s’en étaient pris à Salif Sadio, veulent en finir avec l’homme aujourd’hui avec l’aide de l’armée nationale.
Les mêmes sources militaires confirment ainsi l’entrée dans la danse des soldats de l’armée nationale. Ils indiquent au passage qu’il y a eu un accrochage dans le secteur de Tambaf dans le Djibione sans en préciser le bilan, se contentant de souligner qu’ils n’avaient pas encore de rapport détaillé.
Sortant de leur neutralité observée jusqu’ici, les forces de sécurité, notamment les éléments de la zone n°5 de Ziguinchor, semblent prendre fait et cause, selon des sources proches du camp de Salfi Sadio, pour les hommes de Magne Diémé et de César Atoute Badiate de Kassolole. L'armée qui s’était retirée de la plupart de ses positions dans cette partie de la Casamance, suite aux accords de paix signés entre le gouvernement et le Mfdc le 30 décembre 2004 à Ziguinchor, revient en force dans le secteur de Djibidione et de toute la zone située vers la frontière gambienne, en vérité dans toute la région.
L’option militaire que ces développements semblent induire, au-delà de l’aspect souveraineté nationale que ne discute que le Mfdc, n’en pose pas moins problème au regard du choix « politique » d’un règlement pacifique de la crise du pouvoir dit de l’alternance. Il s’y ajoute que tout débordement sur la Gambie voisine est gros d’un embrasement préjudiciable de la sous-région. L’armée sénégalaise étant cependant réputée l’une des plus professionnelles d’Afrique, on peut valablement s’attendre certainement à ce qu’elle circonscrit ses opérations dans son « territoire d’action » de sorte à ne pas susciter un déluge chez l’autre avec les conséquences que l’on peut imaginer aisément. N’empêche, le processus de paix en cours en accusera forcément le coup.
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