CASAMANCE - Redéploiement des militaires : Diamacoune exige des explications au Président Wade

C’est au moment où l’assassinat du président du Conseil régional de Ziguinchor est survenu que les responsables du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) dénoncent le redéploiement des militaires sénégalais en Casamance. Dans une adresse au chef de l’Etat, l’abbé Diamacoune exige des explications quant à cette décision, même si les autorités militaires minimisent ce constat.

Coïncidence avec l’assassinat du président du Conseil régional de Ziguinchor, Oumar Lamine Badji ? Le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) a, en tout cas, adressé, le même jour, une lettre au président de la République, Me Abdoulaye Wade pour déplorer le «redéploiement des forces militaires sénégalaises en Casamance». Par la voie de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, son chef, le mouvement indépendantiste exprime son «étonnement» de constater ce redéploiement sur la Casamance.

D’ailleurs, indique l’Agence française de presse (Afp) qui a authentifié ce courrier, dimanche, le prélat demande à Me Wade des «éclaircissements sur la situation de la paix». Pourtant poursuit Diamacoune, les militaires sénégalais s’étaient retirés, il y a environ un an. Aujourd’hui, argue-t-il, les combattants de même que la population ont des inquiétudes par rapport à l’avenir de cette paix. Le gouvernement sénégalais et la direction du Mfdc avaient signé, le 30 décembre 2004, un «accord général de paix» devant mettre fin à une rébellion indépendantiste armée qui a fait des centaines de morts depuis son déclenchement, en 1982. Cependant, des négociations de paix prévues par cet accord ont été reportées à deux reprises, fin 2005 et début 2006.

Les autorités sénégalaises, par le truchement de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) ont rassuré, dimanche dernier, que «ces mouvements de troupes sont habituels». Selon le colonel Antoine Wardini, «le redéploiement est une chose courante ; il s’effectue en fonction de la situation sur le terrain». Il précise, en outre, que le nombre de militaires déployés dans la région restent «le même». Dans le même sillage, le Conseil des Ong d’appui au développement de la Casamance (Congad) fait part également de ses préoccupations car, estime-t-il dans un communiqué, «l’intensification et l’implantation des bases du Mfdc dans le nord de la Casamance, ainsi qu’un renforcement du dispositif de l’armée nationale dans la même zone, peuvent être un facteur de risque réel d’affrontements». Pour parer à une telle éventualité, le Congad appelle les deux parties à «reconsidérer» leurs options afin «d’éviter aux populations» les conséquences d’une guerre dont elles seraient «les premières à subir les conséquences». Pour cette structure, la solution à la paix, dans cette région, reste l’adoption d’une démarche «inclusive et transparente» des deux protagonistes.