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Politique

CD D’IDY - Point de vue d’un psychologue : Comment les va-t-en-guerre s’amusent à se faire peur

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CD D’IDY - Point de vue d’un psychologue : Comment les va-t-en-guerre s’amusent à se faire peur

Paranoïa. Psychose. Délire. Agitation maniaque. Le champ lexical suffit déjà pour renseigner sur l’impact psychologique du Cd n°2. Existence avérée ou simple arme psychologique, dans tous les cas, le résultat est que l’annonce de la sortie de ce Cd de Idrissa Seck aura semé la panique au palais et chez les faucons. Tout comme il renseigne de la nature de la déliquescence des relations entre le Président Wade, son entourage, et son désormais ex-«fils d’emprunt» Idrissa Seck. Le Pr Mamadou Mbodji, psychologue à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dissèque avec pertinence comment, à travers l’affaire de ce Cd, les va-t-en-guerre s’amusent à se faire peur.

Dans leur ensemble, quand bien même ils auraient eu des teneurs d’intensité et d’importance différentes, les Cd d’Idrissa Seck auront eu, au niveau du pouvoir en place, un impact qu’aucun discours de leur auteur n’aura eu depuis son départ de sa toute puissante station de la primature. Un impact traumatisant qui a eu pour effet de provoquer à la fois, chez certains va-t-en-guerre du Pds, une agitation de type maniaque, chez d’autres, une sorte de bouffée délirante qui res-semblerait au diafur si connu chez nous, et chez d’autres enfin, une véritable psychose délirante. C’est dans ce contexte de crise dans la crise qu’est venue se greffer la rumeur du «Cd spécial» dernier cri d’Idy, Cd auquel, on prêterait un contenu plus explosif encore à la dimension des bombes de destruction massive et qui serait destiné à son adversaire/ennemi.

Manifestement, pour Idy, les autres qui gravitent autour de celui-là sont des individus sans envergure pour qui il n’a aucune considération.

Au-delà de la bataille politique qui les oppose, c’est à une véritable guerre sans merci que nous assistons. Une lutte à mort où le plus jeune des deux, convaincu que le plus vieux utilise à satiété les moyens considérablement violents et terrifiants de l’Etat pour l’exécuter définitivement, se voit donc obligé (Ku bugga dé wéxu) d’user de stratégies fines ou grossières, machiavéliques ou de bonne guerre -c’est selon- et tout aussi violentes et destructrices pour, à défaut d’attaquer, au moins se défendre efficacement.

Il s’agit-là pour Idy -si toutefois l’existence de ce Cd est avérée- de parer à toute attaque sérieuse de son adversaire, tout en laissant pressentir, voire entrevoir à ce dernier- comme un dank fananal, cette arme spéciale (ou, qui sait, deux), de destruction massive, gardée en réserve et qu’il pourrait sans état d’âme utiliser si le combat ne se limitait pas à une simple adversité politique, citoyenne, civilisée.

Mais le plus vieux, dérogeant aux règles régissant le mode de fonctionnement habituel des personnes de son âge et aussi et surtout de son rang, perd de plus en plus son calme, sa réserve et le niveau d’élévation au-dessus de la mêlée que son statut lui impose. Il semble se laisser entraîner, par les agités et va-t-en-guerre les plus zélés de son entourage, dans le piège tendu par l’autre.

Car, penser un seul instant, comme l’ont fait les ouailles de celui-ci, qu’Idrissa Seck -malgré tout ce qu’on lui reproche-, manque de jugeote au point de divulguer le contenu, la teneur présumée d’un tel Cd -si toutefois ce Cd existe-, c’est manquer aussi de bon sens. C’est à croire que le fait d’être au pouvoir ou dans l’entourage du roi rétrécit son propre champ de vision, s’il ne rend paranoïaque, susceptible et réactif.

Lorsque l’on accède aux affaires ou que l’on occupe un strapontin à proximité du souverain, non pas par ses compétences, son expérience des responsabilités, son mérite et une honnêteté avérée, mais plutôt par la roublardise, les flatteries, les trahisons, les combines, manigances et coups tordus, en vendant son âme au diable, on ne peut être serein ni tranquille ni en paix nulle part. De tels individus ne peuvent connaître de répit, convaincus qu’ils sont que le pouvoir, les allées et les stations du pouvoir, c’est comme dans la jungle où le danger peut survenir à tout instant, la menace étant partout présente ; il faut tout le temps ruser et rester vigilant même dans son sommeil.

HANTISE

Alors les va-t-en-guerre, toujours anxieux et soucieux de garder leurs privilèges, s’installent dans le zèle, s’activent, s’agitent, élaborent des stratagèmes, ourdissent des plans de liquidation de cet autrui imaginaire, un autrui porteur de menace imaginaire, un autrui qui hante leur sommeil et les empêche de dormir.

Ces irréductibles créent cet Autrui, fruit de leur angoisse -générée par leur situation de parvenus peu sûrs d’eux et du souci de leur maintien durable à leur station ou strapontin- et de leur imaginaire profondément formaté et fragilisé par les coups bas donnés ou trahisons et malversations commises. Et dans ce cas, quiconque n’est pas avec eux est susceptible -pour peu qu’il se montre imaginatif, entreprenant et véhément- de devenir cet ennemi imaginaire à abattre.

Il s’agit généralement d’individus chez qui, la barrière entre la réalité et leur monde imaginaire s’estompe et c’est la toute-puissance de cet imaginaire qui sert, dans leur antagonisme avec Idrissa Seck, de caisse de résonance à toutes les rumeurs le concernant, avant d’alimenter leurs fantasmes. A leurs yeux, le mal est incarné par Idrissa Seck qu’ils finissent par voir partout, derrière tout dysfonctionnement, toute contestation ou révélation susceptible de compromettre le pouvoir en place, de ternir son image, sa crédibilité ou de fragiliser davantage son équilibre.

Actuellement, on a comme l’impression que Wade et Idy, en protagonistes aux méthodes parfois équivalentes, parce que sortant des normes républicaines et démocratiques censées régir le combat politique, parviennent tant bien que mal à se neutraliser mutuellement. Pour l’un, il s’agit des moyens considérables de l’Etat, mis à sa disposition, tandis que l’autre, lui, fait mine d’avoir chargé et orienté des missiles terribles, en attendant l’assaut final.

L’un est à un âge très avancé quand bien même il le porterait avec beaucoup de vigueur, de jeunesse et d’élégance. Il y a la fatigue accumulée après tant d’années de combat dans l’Opposition et six ans de règne solitaire –quoi que l’on en pense- sans partage ni délégation de pouvoir. Et il y a enfin la proximité de la fin de son règne. Mais il veut terminer ses chantiers au préalable !

Et s’il reste très combatif et déterminé, il n’en est pas moins lucide sur le fait intangible qu’à cet âge avancé, les caprices comme les lois rigoureuses et implacables de la nature humaine ne lui permettront pas de disposer -comme certains de ses pairs africains-, de tout le temps, de toute l’énergie et de la vitalité nécessaires pour donner corps à des rêves, visions et projets souvent pharaoniques. Alors qu’il veut que l’on garde de lui «l’image de grand bâtisseur» !

On le sent profondément seul malgré les nombreuses personnes qui l’entourent. C’est un patriarche dans toute sa splendeur, mais avec ce qui fait la particularité des patriarches, ils sont généralement très entourés mais très seuls. Affreusement seuls !

Et la sarabande des béni-oui-oui, des va-t-en-guerre et jusqu’au-boutistes autour de lui, au sommet de l’Etat est devenue lassante et dangereuse. Car ces individus ont tendance à réveiller et à exciter en ce chef, chaque jour, les ressorts intérieurs les plus archaïques, les plus profondément tapis dans l’inconscient de celui-ci -comme dans tout inconscient- et dont l’activation permanente, sans limite, ni mesure, ni garde-fou, risque de mener le pays dans l’impasse. Tandis que l’autre, l’ancien jardinier de ses rêves», lui n’a pas froid aux yeux et ne s’en laisse pas conter. Et nous avons toujours pensé que s’il y a un «fils» que Paabi ne parviendra pas à «manger» cette fois-ci, sans en être gravement «empoisonné», c’est bien Ngorsi.

Mais les ambitions démesurées d’Idy, ses fortes tendances à la mégalomanie, son ostracisme légendaire, les raccourcis qu’il essaie d’emprunter pour demander qu’on lui confie les rênes du pouvoir suprême -avant même d’avoir fait ses preuves-, ses récents aveux qui laissent perplexe sur l’origine de son immense fortune subite, son goût immodéré du luxe et ses méthodes déroutantes et condamnables d’espionnage qui consistent à enregistrer son interlocuteur à son insu et paradoxalement, ses déclarations et apparitions publiques auxquelles il s’obstine à vouloir donner un cachet messianique, font craindre, à une bonne partie de l’opinion, d’avoir affaire à un illuminé, à une personnalité d’une rigidité qui pourrait se révéler dangereuse demain.

Cependant, à la détermination du pouvoir actuel d’organiser, dans un rituel maladroitement ordonnancé, sa mise à mort, Idrissa Seck répond par des rebuffades méthodiquement désarmantes et bien orientées. Et l’on a l’impression, qu’à chaque fois, il fait mouche !

GUERRE PSYCHOLOGIQUE

Cette histoire de Cd -fantasme ou réalité- est à situer dans un tel contexte et elle dessine ou raffermit les contours d’une guerre des nerfs, une guerre psychologique où la stratégie d’un côté comme de l’autre, consiste d’abord à neutraliser l’autre, l’adversaire, ensuite à gagner l’opinion publique à qui on laissera enfin le soin, lors des futures élections, de «l’achever ». Cette histoire de Cd n’en aura pas moins eu le mérite de montrer, dans un camp comme dans l’autre, la vacuité du débat politique, la fragilité et les maladresses de nos hommes politiques, l’absence du sens de l’Etat et de celui du Secret d’Etat et l’absence notoire de respect des règles élémentaires du jeu démocratique, le souci constant des hommes et femmes politiques d’instrumentaliser l’opinion et les populations, dans un pays qui pourtant il y a six ans était présenté comme un modèle de démocratie. La classe politique dans son ensemble, est enfermée dans une bulle où la vertu n’est pas un trait dominant, un univers de dialogue de sourds, de sables mouvants, morts-vivants, de marchés de dupes, fait de combinaisons, d’engagements, de reniements, de crocs-en-jambe, de désistements, d’alliances contre-nature, de «dés-alliances», de trahisons, de manipulations, de manigances, de négociations et de commerces politico-politiciens où les vrais Baol-Baol du marché Sandaga et de celui de Brooklyn y perdraient leur savoir-faire.

Tournant ainsi le dos aux populations chloroformées et livrées à un quotidien de plus en plus pénible et déroutant (pénuries diverses, délestages, coût de plus en plus élevé de la vie, ordures ménagères qui envahissent et défigurent les villes, etc.), la classe politique qui a pris en otage tout le pays, nous joue des scénari et des shows mal ficelés et de très mauvais goût avec en prime, des scandales politico-financiers et des pratiques peu vertueuses. En six ans d’Alternance politique, Abdoulaye Wade, anticonformiste et imprévisible, dans sa gestion des hommes, en demi dieu, sera parvenu, à son corps défendant, à faire surgir, au grand jour, des profondeurs de la plupart des hommes et femmes politiques de ce pays (comme pour nous dire, ne vous faites plus d’illusion sur les hommes, regardez ce qu’ils sont capables de faire pour le pouvoir et l’argent), toutes les ignominies, toutes les contre-valeurs et tout ce qu’une société, une communauté humaine, soucieuse de sauvegarder son équilibre et sa dignité, s’évertue en permanence à garder refoulé au plus profond de l’être humain et des hommes.

Et tout cela, grâce à -ou à cause de- la manière déroutante de Paabi de régner sur les hommes et sur les Institutions, sa propension à bouleverser à tout instant les règles du jeu social et politique et l’équilibre (ou le socle) des interrelations humaines, sa façon d’ accueillir à bras ouverts ses pires ennemis et pourfendeurs d’hier et à s’en entourer au moment où l’on s’y attend le moins et à vouer aux gémonies d’une heure à l’autre, ses amis, ses alliés et ses plus proches collaborateurs sans que rien ne le laisse pressentir, le temps étant au beau fixe.

REPAIRES BROUILLES

Aujourd’hui, tous les repaires, à tous les niveaux, sont brouillés ! Les populations anesthésiées et silencieuses !

Alors, Cd d’Idy ou pas, avec tout ce à quoi nous assistons depuis six ans, aussi bien au sein du pouvoir en place que dans les rangs de l’Opposition, nous estimons qu’il faudra désormais inventer, établir, ériger collectivement –et vite- un nouveau guide ou tableau de nouveaux idéaux, valeurs et codes de conduite à inoculer rapidement dans les veines de tous les Sénégalais sans exception, car notre société ne pourra plus continuer de faire l’économie d’un tel réarmement moral des cœurs, des esprits et des actes, sans hypothéquer durablement son avenir.

En attendant, bonnes fêtes de l’Aïd-El-Kébir et de fin d’année à tous. Et que l’année 2007 nous apporte la force et l’énergie de faire en sorte que ce pays -qui est pourtant magnifique malgré toutes ses tares- aille de l’avant !

Les intertitres sont de la rédaction

Par Mamadou MBODJI - Psychologue-Ucad



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