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Ce que Idrissa Seck n’a pas dit !

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Ce que Idrissa Seck n’a pas dit !

Sérénité et ouverture. L’adresse faite à la nation par le président de la République, Me Abdoulaye Wade, réunit ces deux qualités. Un discours de vérité. Diagnostic sans complaisance de quelques éléments du vécu des Sénégalais (l’électricité par exemple), mais aussi condensé de motifs d’espoir (les médicaments gratuits aux personnes âgées de 60 ans et plus). Un message d’apaisement aussi en direction de la classe politique dans le respect des prérogatives du pouvoir à gérer les affaires publiques et dans la sauvegarde de celles de l’opposition à formuler et proposer une vraie alternative. Il n’y avait pas de place pour la démagogie et les entourloupettes politiciennes. Contrairement à un autre message délivré par l’ancien Premier ministre. L’allégorie de la vieille personne élue de tous les Saints est destinée à conforter l’image du messie dans le subconscient des Sénégalais. Idrissa Seck, en adoptant le ton des grands orateurs distillant la parole spirituelle à une fournée de “ disciples charmés ” pour reprendre le poète-président Léopold Sédar Senghor, se place sur son piédestal de démiurge appelé à mettre fin aux “ souillures ” et “ reniements ” d’une Alternance. Le message du “ mage ” offre, en décodé, un locuteur dans la peau du guide. Il ne l’est pas encore, esquissant ses pas plus vite que la musique républicaine qui élit par la force. Mais qu’importe, le “ conférencier ” du 4 avril y va de son solo, sans pause, et avec la forte conviction qu’il est le “ numéro 1 ”. Pas celui du numéro 1 (Wade) à compter de ce jour, mais le seul apte à remettre ce pays dans le sens de la marche vers le développement. “ C’est à un peuple uni que j’entends proposer un but précis vers lequel je l’invite à marcher avec foi, foi en son destin, foi en notre avenir ”, dit-il. Point de salut en dehors de cette voie !

Même l’opposition, qui a mis des années à se frotter aux rigueurs de la recherche d’une alternative à la politique du président Wade, est sommée de rejoindre la sainte mouvance. Sans rechigner. " J’adresse aussi, à l’opposition patriotique, un appel au rassemblement ". Il parle de cette " opposition " comme si, désormais, il n’était pas lui-même un élément de l’opposition. Idrissa Seck, dans son discours, se met dans la peau du leader face à Wade. La seule alternative face au président de la République. Niasse, Tanor, Agne, Dansokho, Bathily ne sont, dans la démarche seckienne, que des hommes politiques devant répondre à l’appel du sauveur, incarnation pure du changement. En somme, indignes de formuler une alternative à Wade !

Toute perspective d’accéder au pouvoir passe nécessairement par la voie incontournable : l’ancien Premier ministre du Sénégal. Une perspective qui fait table rase de tous les efforts réalisés dans des entités comme le Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc) ou la toute nouvelle Coalition pour l’Alternative (Cpa). En plus, l’opposition n’est qu’une plaque venant s’ajouter à ce qu’il appelle sa " famille ".

Le locuteur du 4 avril, fête de l’indépendance, ne se libère pas de sa passion pour le " moi-je ". L’intelligence dont il se prévaut, la prête-t-il à ses interlocuteurs des formations politiques ou, tout simplement, de la rue ? Le procédé sent la ruse, convoquant une opposition cachée interne au Parti démocratique sénégalais (Pds). " La force politique sur laquelle je compte m’appuyer pour cela est d’abord le Pds, ma famille naturelle au sens des hommes et des femmes qui y partagent ma vision et mes valeurs et qui sont majoritaires, qu’ils soient manifestés ou cachés ", soutient-il. Une affirmation qui accrédite un noyautage de la formation politique au pouvoir par des cagoulards favorables à Seck et dans des proportions qui le porteraient au pouvoir au détriment de l’homme (Wade) qui l’a lui-même façonné. Cela frise le mépris pour ces Libéraux. Spécialiste de la diversion, il prête au président de la République l’intention de mettre en veilleuse le Msis. Rien n’est moins vrai. Seulement, en République, ou on est parti légalement constitué ou on ne l’est pas ! La légalité n’est pas hideuse parce que simplement elle est appliquée à Idrissa Seck et belle parce qu’elle tombe sur un autre. Mais, quelqu’un qui est enfermé dans la recherche de symboles, même au prix d’un pied de nez aux institutions de la République, peut-il faire la part des choses ?

Il s’agrippe au wagon du " 4e jour " du " 4e mois " à la veille de choisir " le 4e président de la République " pour délivrer le message de sa candidature. Erreur. Ce jour de festivités de l’indépendance est une séquence solennelle dans le calendrier républicain. Il n’est pas un temps pour déclamer les solos partisans. Il est un instant de forte communion dans le respect des institutions de la République. Et l’armée fait partie de ces attributs de pouvoir que tous les Sénégalais se doivent de respecter !

La démocratie souffre bien qu’un de ses animateurs décline " un projet de redressement national porté par une équipe représentative des compétences et des vertus de notre peuple ". " Vertus " ? Nous retrouvons le vocable qui concentre en lui-même la tentative de distribuer les satisfecit sur les comportements. Sur quels critères un candidat à la présidentielle s’érige-t-il en un unique centre de validation de l’action républicaine ? Le champ lexical investi par Idrissa Seck parle de " valeurs ", de " morale ", de " souillures ", de " raison ", de " justice ", de " vérité ", de " principe ", etc. Il passe sous silence la seule vérité qui vaille en ce moment : sa responsabilité sur la question des milliards du contribuable sénégalais. Bénéficiant quand même de la présomption d’innocence, il présente l’affaire comme close : " Après sept mois de détention, j’ai recouvré ma liberté sur la base de deux ordonnances rendues respectivement par la Doyenne des juges et la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice ". Trop simpliste ! Sans transition, il passe à l’autre étape sans dire qu’il n’est pas tout à fait blanchi. Dans ces affaires pendantes, il n’est point question d’épée de Damoclès, mais bien de devoir de rendre compte au peuple sénégalais. C’est le moins qu’un candidat à la présidentielle doive au peuple sénégalais invité à suivre un président non encore élu. C’est le silence sur l’argent des Sénégalais qui pourra " souiller durablement l’image de notre pays, de sa démocratie et de sa justice ".

La diversion s’accroche aussi au wagon de la rumeur, pour justifier une prise de parole. Il parle de " rumeurs persistantes " ayant " tenté de trouver à cette libération un fondement autre que la raison pourtant bien simple que les juges en charge des procédures n’ont rien à (lui) reprocher ". L’acte de rétablir la vérité s’adresse à qui en fait ? Au président de la République ? Maldonne ! Au Parti démocratique sénégalais (Pds) ? Aucune voix officielle ne s’est élevée pour accréditer cette thèse. À la rue publique ? Voilà tout ce qu’il reste à un candidat qui se veut très sérieux ! Il existe, dans cette entreprise de légitimation d’une innocence " agressée ", une sorte de délire de persécution. " Au regard de mes valeurs, un tel accord serait au demeurant une double abomination aux plans moral et politique : il transformerait une affaire judiciaire en une prise d’otage avec demande de rançon.

Il accréditerait la thèse selon laquelle notre justice agit sous la dictée de l’Exécutif.

Aucune des agressions que je subis depuis deux ans et demi n’a pu m’infléchir à accepter une quelconque compromission par rapport à mes principes. Aucune autre ne le pourra ", avance M. Seck. Il poursuit : " Je ne peux pas croire qu’une si longue liste d’agressions sur une si longue période ait eu pour unique but de me contraindre à négocier un accord politique et financier. Si tel était le dessein du président de la République, il est vain ".

Il avait raison, Althusser, qui parlait de " ce que lire veut dire... " Cela renvoie à l’interprétation des textes de la même manière qu’Aristote parlait d’herméneutique. Cet exercice révèle une tentative d’user de ruse prise pour une intelligence (surfaite en vérité), qui fait miroiter des leurres. En réalité, le problème est tout simple. La déclaration de candidature ne constitue ni plus ni moins qu’un forcing ou une anticipation maîtrisée sur une décision de justice dont beaucoup d’éléments concourent à ne pas écarter l’hypothèse d’un ré-emprisonnement imminent. Sur la base de données n’ayant absolument rien à voir avec la politique, mais qui ont plutôt trait à des soustractions frauduleuses d’argent avec des complices insoupçonnés.

Et là, s’il y a quelque intelligence qu’on pourrait prêter à Idrissa Seck, ce sera celle-là qui consiste, le moment venu, à faire croire qu’on a embastillé un candidat à la présidentielle - donc un détenu politique - et non un justiciable de droit commun. Non ! On ne peut même pas concéder qu’il s’agisse là d’une once d’intelligence. C’est en réalité de la supercherie. En tout état de cause, le peuple sénégalais, contrairement à ce que beaucoup d’égarés pensent, est assez mâture pour ne pas se laisser distraire par un " événement " qui ne l’est en vérité que dans la tête de celui qui le pense comme tel. Naturellement, beaucoup de compatriotes ont eu, hier, très mal, parce que le moment a été très mal choisi qui consacrait une communion d’un chef d’État avec son peuple, son armée et sa jeunesse, en même temps qu’il attestait d’une consécration de notre politique diplomatique avec la présence de cinq autres chefs d’État. Pour le reste, Idrissa Seck est un citoyen qui a le droit d’avoir des ambitions, de les décliner comme il veut, de servir tout propos à ceux-là qui voudraient bien en être poreux. Mais, également, il a le devoir de ne pas chahuter les institutions de la République. C’est dans ce cadre que la magnanimité légendaire du président de la République est très mal comprise par Seck et bien d’autres Sénégalais. Cette qualité reste vivace, dans un perpétuel élan de compréhension de l’autre. Cependant, en aucune façon, Me Wade n’acceptera, conformément au sens de son mandat et ses convictions propres, que cette magnanimité concourre à saper les fondements de la République.

 



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