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Politique

CHOIX - Me Wade réélu sous une tonne de handicaps : Le peuple est souverain, malgré les désastres

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CHOIX - Me Wade réélu sous une tonne de handicaps : Le peuple est souverain, malgré les désastres

La victoire écrasante du président de la République contre ses adversaires de la présidentielle postule une évidence : le respect d’une volonté populaire sous surveillance démocratique. En attendant que la douche froide laisse place à la lucidité.

Jusqu’au bout, les organisations de la société civile, les partis politiques et la presse auront exigé qu’une transparence absolue gouvernât l’élection présidentielle du 25 février. Il n’a jamais été évident, en effet, que le scrutin se passât de la meilleure des manières eu égard aux manquements incroyables, notés suite à la décision du président de la République de légaliser la refonte du fichier électoral afin de «mettre tout le monde sur un pied d’égalité». Les péripéties de cette «révolution numérique» qui a quand même laissé des centaines de milliers d’électeurs sénégalais sur le carreau, sans documents de vote, ont bien eu une incidence sur les résultats surprenants engrangés par le candidat Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, quarante huit heures après le scrutin, il est symptomatique qu’aucune voix autorisée de l’opposition ou même de la société civile ne se soit élevée pour fustiger des «fraudes». C’est qu’en fait de fraudes, s’il y en a eues, elles l’ont été de manière intelligente, dans la conduite même du processus électoral. Le temps des bourrages d’urnes est révolu pour laisser place à une maîtrise maximale des étapes du détournement de la volonté populaire. Il y a eu, dit-on, 5% «seulement» de cartes d’électeurs non retirées. Mais, le débat est ailleurs : si l’on doit exclure des citoyens du processus de vote après avoir investi une masse financière d’environ vingt milliards de francs dans la numérisation du fichier électoral, il semble plus réaliste de revenir aux principes de base d’un fichier classique qui permette l’identification absolue de chaque électeur.

Aujourd’hui, les dés sont pipés. Les tendances quasi lourdes de l’expression citoyenne du 25 février valent sinon un plébiscite, du moins une véritable déposition de la souveraineté populaire entre les mains d’Abdoulaye Wade. Le choix des Sénégalais est plus que paradoxal au regard de ce que le pouvoir de Me Wade a accumulé en termes de scandales financiers et économiques de toutes sortes, d’atteintes aux droits de l’Homme, de violation et de manipulation des principes constitutionnels au service d’une volonté de puissance jamais démentie. Le septennat du président sortant reconduit par une majorité écrasante de citoyens électeurs n’a pas été que négatif, cela n’a pas de sens. Mais, il s’est produit assez de situations chaotiques et catastrophiques pour que Me Wade soit proprement éconduit du pouvoir. C’est que cet homme a été élu en 2000 afin justement que le négatif disparaisse de leur quotidien miséreux. Les appréciations sur son action socio-économique peuvent être divergentes en fonction de postures différentes, mais il est sensé aujourd’hui de croire que le vécu social de nos compatriotes n’a pas fait de bond significatif vers le mieux-être espéré. Le cauchemar a assez duré : gestion désastreuse des inondations ayant conduit à la nébuleuse du Plan Jaxaay, l’eau de boudin qu’ont été les chantiers de Thiès, privatisation scabreuse de la Sonacos, divulgation des termes du Protocole de Rebeuss, vote de la loi Ezzan, pilotage empirique du dossier énergétique et hausse vertigineuse des produits pétroliers, déstructuration de la filière vitale de l’arachide, fardeau de l’émigration clandestine et ses centaines de morts, tragédie du bateau Le Joola, banalisation des actes de violence, désordre conceptuel dans l’appréhension des grands travaux…

Malgré tous ces scandales, les Sénégalais ont choisi de maintenir Me Wade au pouvoir pendant cinq ans encore. Nous n’irons pas jusqu’à dire : «P…, cinq ans encore», mais il y a une difficulté pratique à inscrire le vote des Sénégalais ce 25 février dans une logique compréhensible. Il faut simplement reconnaître qu’il existe un décalage substantiel entre le discours de «ceux d’en haut» et la perception que ceux supposés appartenir au «pays réel» ont de la marche des affaires du pays. Tous ces grands désastres cités plus haut, le «peuple» n’en a que faire, apparemment, s’ils doivent fonder une sanction populaire contre cet homme au charisme indéniable et à l’habileté diabolique que nous avons «naturellement» élu en mars 2000. Sa reconduction triomphale au poste de président de la République au premier tour d’un scrutin qu’on lui promettait d’enfer, remet en cause la pertinence des ressorts et grilles d’analyse classiques des éléments personnalistes liés aux comportements d’une frange de citoyens. L’électeur sénégalais est plus que jamais souverain et maître de son destin.

C’est pourquoi, et pour la première fois sans doute depuis sept ans, Abdoulaye Wade dispose d’une légitimité absolue qui lui donne une sorte de droit de vie et de mort sur nous tous. La défaite qui lui était promise par une partie non négligeable de l’opinion le postule maintenant dans un système de domination intégrale sur la vie politique, en attendant les élections législatives. On pourra toujours considérer le choix des Sénégalais sur Gorgui comme «objectivement désastreux», mais en démocratie, le peuple est souverain qui assume les détails de ses orientations. Wade avait raison : il n’a pas d’adversaire à sa hauteur. Le 25 février 2007 l’a démontré, jusqu’à preuve du contraire. C’était trop flagrant. Et les perdants sont tous groggy. Mais il va falloir qu’ils se réveillent vite.



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