Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Cinq exigences incontournables pour remettre le pays sur les rails du progrès

Single Post
Cinq exigences incontournables pour remettre le pays sur les rails du progrès
Le Sénégal peut-il souffler après la tenue sur son sol de la 11e session du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) ? L’on peut en douter après les déclarations du chef de l’Etat qui a fait dépenser, sans débat sur les priorités ni sur l’opportunité de la nature et de la répartition des dépenses effectuées, à l’occasion de la tenue de ce Sommet. Lui qui est le premier destinataire des documents de contrôle des dépenses publiques, sans être en mesure d’en brandir un seul, puisqu’aucun bilan ni contrôle n’est encore fait, donne dans les médias un certificat de bonne conduite en matière de dépenses, aux responsables de l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique (Anoci) L’on peut craindre la poursuite des mêmes méthodes autoritaires par lesquelles il s’attribue des prérogatives que la logique pour la crédibilité ne lui donne pas. Il ne peut pas cependant empêcher que la lumière soit exigée sur l’utilisation de l’argent public à l’occasion du sommet islamique.

Plus largement, c’est le moment, maintenant que la fête est terminée, que la vie reprenne son cours, que très courageusement, l’on décide de faire face aux réalités navrantes du pays pour les changer, et que le regard froid et lucide, sur l’envers du décor, permette d’indiquer les voies salutaires d’action pour remettre le pays sur les rails du progrès, en mettant un terme à tout ce qui enfonce le Sénégal, chaque jour davantage, dans la perte de vitesse et le retard dans tous les domaines. Des dépenses concentrées à Dakar et dont il faut absolument faire honnêtement le bilan, ne sauraient empêcher de regarder l’envers du décor de l’ensemble du pays et d’indiquer les voies du redressement national ; car la gestion des affaires publiques depuis bientôt huit ans doit être revue et corrigée, pour qu’un Etat qui fonctionne normalement, c’est-à-dire au profit de la communauté des citoyens, garantisse un ordre salutaire parce que sécuritaire aussi, et que la nation profite de ses ressources humaines au mieux, de ses ressources financières, de toutes ses potentialités économiques, de sa situation en Afrique et dans le monde, de ses ressources spirituelles, etc.

Il y a des exigences incontournables pour remettre le pays sur les rails du progrès. Il faut tirer le Sénégal des marais de l’Etat patrimonial, pour le remettre sur la voie d’un Etat digne de ce nom, qui s’efforce de faire de l’avenir, au-delà des affirmations et promesses dans des médias surexploités, souvent en marge de leur propre gré, et qui ainsi contribuent à créer un décor pour impressionner l’extérieur peu informé de l’envers de ce décor. Des chantiers utiles certes mais inachevés, dans la capitale, doivent-ils empêcher de regarder le Sénégal tel qu’il est aujourd’hui ? Au contraire, le regard sur les réalités d’une gestion calamiteuse du pays doit permettre d’être précis sur les voies de sortie d’une crise cruellement vécue chaque jour par des masses populaires patientes mais surtout manipulées en raison de la pauvreté et des urgences de survie.

La première exigence à satisfaire pour une autre gestion du pays, est la lumière à apporter sur l’utilisation de l’argent public depuis bientôt huit ans. Si le Sénégal n’a pas beaucoup de ressources naturelles, il a des ressources humaines de qualité, capables de faire tirer profit au pays de toutes ses potentialités ; et c’est un pays aidé. Le problème sur ce point est l’utilisation effective de l’aide provenant de l’extérieur. Ce qui revient à poser le problème de l’éthique de gestion pour que les ressources financières profitent réellement au pays.

Il y a eu, depuis bientôt huit ans, beaucoup d’autoritarisme et de jeux mêlés de mensonges sur l’utilisation de l’argent public. Il n’appartient pas au chef de l’Etat d’accuser, ni de blanchir sans preuve des citoyens ayant géré l’argent qui appartient à l’Etat, et non au président de la République en fonction. Son rôle est de faire contrôler et de prendre des mesures de sanction ou de correction pour un meilleur usage des finances publiques, une fois que le pouvoir législatif a voté le budget ou une loi de finances rectificative décidant de l’utilisation de nouveaux crédits acquis après le vote du budget. Mais l’Etat est tellement déstructuré en matière de respect des prérogatives de chacun des trois pouvoirs constitutifs de la République, qu’il est devenu ordinaire d’annoncer, de la part du chef de l’Etat, des dépenses non prévues ni par le budget, ni par une loi de finances rectificative, comme devant être effectuées avec certitude. Mais ceux qui croient ses promesses faites en conjuguant au futur de l’indicatif sont très souvent bien déçus. La pratique d’une campagne électorale permanente, très féconde en promesses pendant les cérémonies qui rythment le calendrier religieux, est particulièrement remarquable. Il vient de se faire remercier pour la promesse de travaux (réfection et construction) concernant deux mosquées ; il parlait dans un des hauts lieux de l’Islam où la vérité, par respect pour le Grand Maodo, Grand Thierno du Livre, et Lieutenant du Prophète par son Oeuvre, devrait être considérée comme sacrée par toute personne qui s’y exprime. Sanctionner positivement la bonne intention ainsi exprimée n’empêche pas de relever que c’est faire preuve de comportement obscurantiste que de présenter la dépense d’Etat envisagée comme une générosité personnelle du chef de l’Etat.

Il y a beaucoup de jeu de dupe, de détournements de deniers publics, de décisions autoritaires consistant à blanchir les accusés de tels forfaits, sans que le contrôle technique, respecté dans ses prérogatives, soit le service public qui détermine, sur la base de preuves irréfutables, l’accusation et la sanction, l’étape du jugement paraissant une formalité à observance malaisée. Le pouvoir judiciaire, déjà ignoré quand il dit le droit en matière de campagne électorale, n’est pas alors moins maltraité que l’est le pouvoir législatif dans ses prérogatives en matière de dépenses publiques. Dans un Etat réduit à une seule personne en matière de décision d’Etat, ce genre de pratique devient ordinaire. Mais le fait de l’obscurantisme demeure, d’autant plus condamnable qu’il constitue une pratique constante, dans une campagne électorale permanente, option d’un pouvoir qui veut séduire les cibles de la propagande politique par la perspective de dépenses en milliards de francs Cfa.

Les dépenses en milliards deviennent un grand préjudice délibérément imposé au pays en se livrant à un jeu de cache-cache. Il est indispensable à tout redressement véritable de la gestion du pays que la lumière soit faite sur cette manière d’utiliser l’argent public. Et il s’agit d’écarter les fausses solutions à ce sujet. Il ne suffit pas qu’il ait été démontré que la vérité sur la réfection de l’avion de commandement du chef de l’Etat, La Pointe de Sangomar, soit différente de la fable selon laquelle des ‘amis’ du chef de l’Etat auraient financé le travail. La dépense, comme l’a, en effet, montré l’enquête d’un grand journaliste de chez nous, a été tirée du fonds routier du ministère des transports.

Ce n’est pas déjouer ce genre de mauvaise comédie qui est le plus important. Il faut attaquer le mal à sa racine et d’abord faire la lumière sur tous les dossiers pour lesquels le chef de l’Etat, usant du pouvoir d’Etat et de sa respectabilité, veut être celui qui accuse et celui qui blanchit, à sa guise, celui qui affirme des utilisations régulières des crédits obtenus de l’extérieur, comme cette séance d’affectation, à des ministères, soi-disant, de sept (O7) milliards offerts au Sénégal par Taiwan. Si les ministères affectataires les ont reçus quel usage contrôlable en ont-ils fait ? La même lumière est exigible aussi sur les milliards qui ont servi au financement des ‘chantiers de Thiès’. Quand donc saura-t-on, concernant cette dépense d’Etat, entre 10 et 40 milliards de francs Cfa, quel est le bon chiffre ? La lumière est exigible de même sur beaucoup d’autres dossiers dont les 8 milliards de location du bateau Msc Musica, à l’occasion du 11e Sommet de l’Oci tenu à Dakar, etc. Que de milliards dépensés dans le brouillard ! Au-delà de dissiper le brouillard, attaquer le mal à sa racine, c’est surtout agir pour que cesse la pratique de l’obscurantisme politicien qui tend à faire croire que le président de la République a tous les droits, peut tout faire, en particulier décider de dépenses publiques en réduisant à une formalité le rôle du pouvoir législatif. Le fait est certes commode pour la campagne électorale permanente qui caractérise les propos publics d’Abdoulaye Wade président de la République. Mais c’est le signe que les deux autres pouvoirs de la République sont absorbés par l’Exécutif.

La Constitution de janvier 2001 a structurellement créé ce genre de dérapage dans le fonctionnement des institutions. L’article 38, en légalisant le double statut de chef de l’Etat chef de parti a créé les conditions d’une concentration monarchique des pouvoirs constitutifs de la République entre les mêmes mains. Depuis bientôt huit ans, il y a un seul exemple de résistance honorable d’un député issu du parti du président de la République, élu président de l’Assemblée nationale, aux caprices politiciens de son chef de parti. Les conséquences de ce fait de résistance à la monarchisation du pouvoir, beaucoup de bruit suivi dune réconciliation spectaculaire, permettent de voir qu’il y a un problème d’équilibre des pouvoirs, leur concentration actuelle entre les mêmes mains étant la source de tous les abus, notamment l’autoritarisme de décisions unilatérales, sur les dépenses publiques comme sur le processus électoral, par exemple.. Pour faire respecter les autres pouvoirs par l’Exécutif et par là même faire gérer les finances publiques, non dans le brouillard, mais sur la base du respect des règles indispensables à une bonne utilisation du Trésor public, il faut revoir les lois et règlements en matière d’équilibre des pouvoirs. Une éthique de gestion se construit structurellement aussi. Il ne suffit pas de l’éthique individuelle à l’homme de pouvoir pour échapper à coup sûr à la folie du pouvoir.

C’est dans un tel contexte d’action, pour le redressement de la gestion du pays, que l’on peut combattre efficacement le mal que constituent les dépenses de milliards de l’argent public dans le brouillard et sans le profit normal pour le pays. (A suivre)

Dakar, le 24 mars 2008. Madior DIOUF Secrétaire général du Rassemblement national démocratique



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email