Coalition populaire pour l'alternative :Tanor Dieng boycotte Moustapha Niasse

En dépit d'avoir élaboré un programme alléchant pour les Sénégalais, la Coalition populaire pour l'alternative a démontré samedi dernier son impossibilité de se trouver un unique leader. Le germe de la division est désormais dans le ver. Car, le bras de fer semble désormais engagé entre Moustapha Niasse de l'Afp et Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste, qui a boycotté le séminaire des cadres progressistes.

Samedi dernier, au centre aéré de la Bceao , tous les chefs de file des partis de l'opposition étaient présents aux conclaves organisés par les cadres de l'Alliance des forces de progrès (Afp), exception faite de Ousmane Tanor Dieng, le Premier secrétaire du Parti socialiste (Ps). Le "voyageur" Moustapha Niasse, comme il se définit, par ailleurs leader des progressistes constatant le fait, n'a pas voulu verser dans une "comptabilité" quelconque des présences. Ce serait, a-t-il avancé verser dans la "suspicion". Mais en dépit de tout, aujourd'hui les manœuvres pour le management de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) semblent engagées entre les deux mastodontes de l'opposition ; à savoir Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse. Et le vent semble tourner pour ce dernier. Car, le séminaire organisé par les cadres de son parti a été la tribune idéale pour Madior Diouf, Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho, de lui jeter des fleurs très expressives. En effet, à l'occasion, on avait l'impression de déclarations d'amour entre Moustapha Niasse et ses invités. Ministre des Affaires étrangères, en son temps, Moustapha Niasse, dira Amath Dansokho, n'hésitait pas à partager avec lui une chambre à l'Étranger ou à faire demi-tour pour le saluer dans une ruelle de la capitale sénégalaise. Une "vieille amitié" lierait les deux hommes, et elle pourrait peser contre Ousmane Tanor Dieng, qui n'a pas encore reçu un tel témoignage. "Nous sommes dans la bonne direction. Moustapha est un homme pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. C'est un grand professeur, qui travaille sérieusement. Je l'ai écouté et suivi", témoignera Amath Dansokho. "Dieu lui a donné une richesse: un très grand cœur", rebondira encore le chef du Parti de l'indépendance et du travail (Pit). Pour Madior Diouf du Rassemblement national et démocratique (Rnd), les travaux du séminaire des cadres de l'Afp, qui planchait sur l'aménagement du territoire, la réforme des institutions et la libération de l'espace médiatique, "vont aider tout le monde, au-delà de l'Afp, dans le cadre de la Cpa. La rencontre est d'intérêt national". Les initiatives à multiplier. Abdoulaye Bathily, qui appelait M. Niasse par son petit nom, le "régime de la vache folle" de Me Abdoulaye Wade a placé les responsables de l'opposition "devant le carrefour". "J'ai mes amis et je les garde", déclarera M. Niasse, qui a révélé que son "amitié" avec Dansokho remonte à 1966. De Ousmane Tanor Dieng, il ne pipera mot. Des partisans de ce dernier, nul n'a également assisté au séminaire. Des proches de M. Niasse, interprétant la "grande absence", ne cachent pas qu'entre M. Niasse et le Premier secrétaire du Ps, "ce n'est pas tellement le grand amour ; Tanor ruminant encore mal la défaite du régime socialiste, facilitée par Moustapha Niasse". L'on ne cache pas aussi que " Moustapha sait que la prochaine élection présidentielle sera sa dernière cartouche pour diriger le Sénégal. Par conséquent, son ambition demeure d'être à la tête du plus grand bloc de l'opposition pour vaincre Me Wade". S'y ajoute qu'il "sait que son parti est le plus majoritaire de l'opposition à l'Assemblée nationale". Comme quoi, le leadership de l'opposition se jouera désormais ouvertement entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, "handicapé par l'ambition de Robert Sagna de se présenter à la prochaine élection présidentielle". Les leaders de l'opposition présents à la rencontre, ont naturellement profité de ces assises pour décrier le bétonnage, le bitumage et le goudronnage" du régime de Me Wade. L'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, en a également pris pour son grade. Les milliards qu'il a engloutis dans la capitale du rail seraient un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en matière d'aménagement du territoire. L'on devrait commencer par redorer Kolda, Matam, Tamabacounda et Ziguinchor ; Saint-Louis, Diourbel, Louga, Fatick et Kaolack dans un deuxième temps, pour s'attaquer ensuite à Thiès, et enfin à Dakar, a indiqué M. Niasse. Les Sénégalais donneront-ils en février prochain l'occasion au dirigeant de l'Afp de démontrer son savoir-faire ?