Sous prétexte qu’il dispose d’un mandat, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy défonce la porte d’un bureau de vote pour exiger la poursuite du scrutin. Me Abattalib Gueye fortement rudoyé par des gardes du corps promet de se venger sur Ousmane Masseck Ndiaye qui lui promet la riposte. Un véritable échange de “civilités”.
Le comportement du ministre de la Justice, hier à Saint-Louis, a fait ressurgir dans les esprits celui de Macky Sall lors des dernières élections législatives à Fatick. Si l’actuel Premier ministre du Sénégal s’était acquitté de son devoir de citoyen sans pièce d’identité, hier c’est le Garde des Sceaux qui se l’est joué à la «Jacky Chan» en fracassant la porte d’entrée d’un bureau de vote pour exiger que le vote se poursuive. Pourtant, au niveau de ce bureau, le processus de dépouillement et de décompte avait déjà été déclenché. En effet, la loi exige que les bureaux de vote ferment à 18 heures le jour du scrutin. Mais devant le retard important noté dans le démarrage de certains bureaux de vote -démarrage prévu à 8 heures- le ministre de l’Intérieur a sorti un communiqué pour la prolongation du vote jusqu’à 22 heures, si nécessaire. Un communiqué diffusé au moment où certains avaient déjà baissé rideau pour le dépouillement, à l’image des quatre bureaux de vote du centre Ndatté Yalla.
Mais fort de ce communiqué, le ministre de la Justice débarque sur les lieux et fonce droit vers le bureau N°1 pour exiger sa réouverture. C’est un niet catégorique qui lui est opposé par le représentant du Pds qui lui fait remarquer par la même occasion qu’ils en sont au dépouillement. Mais le Garde des Sceaux n’en a cure et fracasse la porte du bureau de vote, avant de brandir un mandat pour demander de faire poursuivre le vote. Moment choisi par Ousmane Masseck Ndiaye, responsable départemental libéral pour se pointer aussi sur les lieux. Me Alioune Abatalibe Guèye, mandataire départemental de la coalition And Liguey Sénégal de débarquer, informé, vient s’enquérir de la situation.
Dépassé par la tournure des événements, Me Guèye lance au ministre d’Etat : «Cela est indigne d’un ministre de la Justice.» La phrase de trop car aussitôt les gardes du corps des ministres vont s’en prendre à lui de manière sauvage. S’en suivit un tohu-bohu indescriptible car les différents partis de l’opposition débarquent sur les lieux pour exiger d’accéder dans le centre, mais ils se heurtent au refus des éléments du Gmi, appelés en renfort. Arrivés sur les lieux, les autorités administratives, le gouverneur et le préfet ont ramené les différents protagonistes à la raison, avant de demander aux quatre bureaux de vote de poursuivre le scrutin jusqu’à 22h, conformément au communiqué du ministre de l’Intérieur.
A sa sortie du centre Me Abatalibe Guèye, très atteint, explique que «le mandat dont dispose le ministre de la Justice est en complicité avec le préfet, avant de rappeler que la présence de Cheikh Tidiane Sy ne se justifie pas». Quant à sa présence, Me Abatalib Guèye l’explique par le fait qu’il est «le mandataire départemental de la Coalition And Liggey Sénégal» ; poursuivant son propos, Me Guèye promet de se «venger sur la personne de Ousmane Masseck Ndiaye, qui aurait selon lui, ordonné à ses gardes corps de m’agresser. En tant que responsable, je ferai appel à tous les moyens juridiques, je vais me venger, je vais me préparer en conséquence, lorsque Ousmane Masseck Ndiaye rentrera dans cette ville, il aura affaire à moi».
Quant à Ousmane Masseck Ndiaye, il réfute toutes ces accusations et s’explique : «Quand j’ai su qu’il y avait des problèmes à Ndatté Yallah, j’y suis allé pour voir de quoi il s’agissait. Sur les lieux, j’ai trouvé Cheikh Tidiane Sy et Me Guèye, ce dernier très agité, tenait des propos déplacés. C’est à ce moment que Cheikh Tidiane Sy a voulu réagir, je l’ai retenu pour lui demander de ne pas réagir aux propos de Me Guèye. Et comme il venait vers nous, les gardes du corps se sont interposés. Nous n’avons aucun intérêt à nous attaquer à lui car étant sûr de notre victoire. Maintenant j’ai entendu que Me Abatalib Guèye a promis de se venger sur moi. Je l’attends de pied ferme. Je ne m’attaquerai à personne. Mais si on essaie de m’agresser la riposte ne se fera pas attendre.» Avant de retourner sur ses pas, accompagné du ministre de la Justice. Ce dernier s’est par la suite adressé à la télévision pour battre en brèche toutes les accusations de Me Guèye.
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